Initialement publié le 13 mai 2014
Ah, souvenez-vous, ce moment béni des courses aux fournitures scolaires à la rentrée !
Votre maman ou votre papa (ou les deux) semblait toujours avoir un problème avec la liste donnée par les profs — de sombres histoires de nombres de pages et de taille de carreaux — qu’il/elle finissait toujours par insulter.
Souvenir des achats de fournitures scolaires
Mais vous, vous étiez au paradis. Anh, trop bien ! Une équerre orange ! Wouah, un cahier de texte Scoubidou ! Mamaan, regarde ce compas, il est OUF, il a plein de petites pièces, comme un robot !
Étrangement, votre géniteur ou génitrice était plus intéressé·e par la promo sur les copies doubles, et accordait autant d’importance à la couleur de votre futur classeur de grammaire qu’à la longueur des poils de dos du pape.
Un peu, en fait, comme si il ou elle se disait que ça n’allait pas servir longtemps, de toutes façons…
Il n’y a pas si longtemps, Amélie déterrait de son grenier sa trousse du collège, et lui dédiait une ode nostalgique dans la foulée. Aujourd’hui, après ce premier regard en arrière sur nos années d’écolier·es qui se focalisaient sur la trousse en tant qu’objet affectif, j’aimerais revenir sur ces autres objets qui ont marqué notre scolarité.
Ceux qui ne nous servent plus jamais à rien une fois nos études terminées.
L’équerre et le rapporteur
Et quoi de mieux pour commencer que les fameux instruments de géométrie qui, dans nos têtes, servaient à tout à part à faire de la géométrie, j’ai nommé : l’équerre, et le rapporteur.
Bon, peut-être qu’on n’était juste pas très doué·es en géométrie, mais tout ce que je me souviens avoir fait en cours avec ces morceaux de plastique, c’est apprendre à les utiliser, mesurer des angles, et dessiner des angles.
Forcément, si aujourd’hui vous êtes docteur, coiffeur·se ou étudiant·e en psycho, les angles, vous vous en foutez.
L’équerre et le rapporteur, je n’ai jamais compris leur intérêt. Pas que je remette en doute l’utilité mathématique de ces instruments, probablement formidables d’un point de vue qui m’est assez obscur, mais en primaire et au collège, ils me paraissaient surévalués.
Déjà, pourquoi se les trimballer systématiquement dans le sac, alors qu’on ne va s’en servir que deux à trois fois par mois ? Au cas où. Au cas où quoi ? Des aliens en forme d’angles droits nous attaquent ? Pas sûr qu’un rapporteur les inquiète, et nous péririons à 90° quoi qu’il en soit.
Remarquez, il y avait certainement moyen de se défendre avec une équerre, vu tout ce que j’ai pu m’égratigner en plongeant la main dans mon sac avec innocence.
La gomme tombait toujours au fond du sac, mais l’équerre, la sale bête, avec son bout pointu dans ta tendre chair, elle était toujours là. Et quand elle était encore pétée en cinq morceaux parce que quand on est môme, on fait n’importe quoi avec son cartable… il fallait en racheter une.
Mais je suis mauvaise langue. L’équerre, c’est très pratique pour se gratter le dos et piquer les bras des gens. Le rapporteur, en revanche, à part faire des entailles dans la gomme et le faire tourner avec un stylo, je ne vois pas.
Le compas
Parce que je ne suis qu’amour et paillettes envers nos ami·es mathématicien·nes qui, même à la quarantaine passée, ont du mal à se défaire de leur compas, j’aimerais commencer par leur concéder une chose : oui, d’accord, on se servait pas mal du compas à l’école. Plus que du rapporteur et de l’équerre, en tout cas.
Ceci dit, une fois l’école terminée, si vous continuez tous les jours à dessiner des ronds pour le plaisir, il faudrait peut-être penser à demander à votre docteur ce qu’il en pense.
En plus, on avait beau s’amuser à le faire danser sur ses deux jambes pendant que le prof parlait avec emphase de la manière de mesurer le périmètre d’un cercle, c’est dangereux, un compas. Que dis-je, c’est une arme. Tout à fait.
Je vais passer sur toutes les fois où, telle une Belle au Bois dormant des temps modernes, je me piquais le doigt en cherchant un truc dans ma trousse, parce qu’à force vous allez croire que je n’étais pas une gamine très douée.
Or certains compas étaient dotés d’une pointe tellement aiguisée que j’avais du mal à croire que tout ce qu’on attendait de nous, c’était qu’on le pique délicatement sur une feuille de papier.
Si ça se trouve, si on s’en sert encore après l’école, c’est pour crever les yeux des gens et tous les mathématiciens sont des psychopathes
. (Je dis ça, je ne dis rien.)
Le cahier de texte
Vous vous souvenez de cette phrase tant redoutée, qui retentissait invariablement à la fin de chaque cours ? La sentence était sans appel : « Prenez vos cahiers de texte ! », et le petit cahier à spirales était sur toutes les tables.
L’avantage du cahier de texte, c’est qu’une fois passé le primaire, seul·es celles et ceux qui s’étaient attaché·es au principe (ou qui avaient du mal avec le changement) continuaient à l’utiliser.
Oui, parce qu’une fois la case « primaire » validée, apparemment, on était assez mûr·es dans nos têtes pour passer à l’agenda, système ô combien complexe pour nos petits cervelets encore en développement !
Oui, je crache sur le principe du cahier de texte, je fais pipi sur ses jours de la semaine colorés. Et d’abord, qui a décidé que le mardi était orange, et le vendredi bleu ? Je ne suis pas d’accord. En plus, ce système est complètement bancal, surtout pour les angoissé·es dans mon genre.
Imaginez, le prof prend l’habitude de vous faire écrire le sujet de cinquante lignes de votre rédaction du lundi : très vite, on va arriver à court de pages pour lundi ! Mais il restera plein de pages pour les autres jours de la semaine, alors on ne peut pas acheter un nouveau cahier de texte ! Alors que faire ?
Écrire les devoirs pour lundi à la fin du vendredi ? Mais oui, allez, anarchie ! Pourquoi ne pas écrire nos devoirs pour mardi au jeudi et nos devoirs pour vendredi au mercredi, tant qu’à faire ! Hein ? Ce sera comme une sorte de code, et plus personne, même pas nous, ne comprendra ce foutu cahier de texte de mes…
Pardonnez-moi. Je m’emporte, mais c’est que le traumatisme est encore vivace.
Comprenez : toute mon enfance, on m’a fait croire que le cahier de texte était le seul véritable moyen d’écrire ses devoirs de façon claire et précise, et que le principe de l’agenda et ses jours de l’année qui défilent était d’une complexité que nous n’aurions à affronter qu’aux heures les plus sombres de notre inévitable âge adulte.
Je veux bannir à tout jamais de ma vie ce mensonge et le cahier de texte qui l’accompagne.
L’effaceur
Je veux bien qu’il y ait des gens qui utilisent encore les stylos-plume, mais… est-ce qu’ils utilisent encore les effaceurs et récupèrent les petites billes dans les cartouches d’encre pour les collectionner ? Si oui, pourquoi ? Qui sont ces gens ? Savent-ils que dans la vraie vie ce n’est pas grave de barrer et ont-ils remarqué que l’effaceur, ça pue ?
D’autant que, bon, si c’est par souci d’esthétisme que l’on souhaite utiliser cet engin du démon, il faut bien reconnaître qu’il n’y a rien de plus moche que de réécrire un mot en bleu moche baveux à l’effaceur.
Alors, oui, oooh, c’est magique, on peut effacer ce qu’on écrit, c’est totalement fifou et tout, et tout. J’admets, ça permet de faire de bonnes vannes, du genre passer un coup d’effaceur sur la feuille d’un individu qui écrit au stylo-plume et le regarder galérer.
Mais à l’ère du stylo-bille dont l’encre s’accroche au papier de toutes ses forces, et du numérique, peu d’occasions se présentent.
Et puis vient un âge où on comprend que se laver les mains au savon plutôt que d’utiliser l’effaceur quand on a de l’encre sur les doigts, c’est tout aussi efficace, et ça refoule moins.
Le buvard, le papier millimétré : trop de papier tue le papier
Parmi toutes ces fournitures scolaires qui ont allègrement peuplé notre âge d’insouciance, il y en a qui se faisaient plus rares sur les listes de courses. Le papier buvard, par exemple.
Je ne sais pas si tout le monde ici a déjà dû se procurer du papier buvard pour l’école, mais en ce qui me concerne, seul mon professeur de CM2 a jamais entretenu cette lubie venue du passé.
En soi, ce n’est pas bête, comme principe : vu comme on s’entêtait à souiller nos jolies copies d’une écriture malhabile et baveuse au stylo-plume, appuyer un petit coup de buvard dessus pour enlever le surplus et éviter de faire des gros cacas sur nos devoirs soignés pouvait s’avérer pratique.
Mais bon, ça ne convenait pas à tout le monde, puisque d’une, il fallait savoir faire preuve d’une certaine délicatesse pour éviter l’effet inverse… Et de deux, si on avait l’habitude de gribouiller dessus, il fallait penser à attendre que le dessin aussi sèche. Sinon c’est un peu con, tu vois.
À l’inverse, un autre type de papier était demandé chaque année, de la primaire au lycée, dont l’utilité encore aujourd’hui me laisse perplexe : le papier millimétré.
C’est sûr que les vingt cahiers, le carton de feuilles simples et la caisse de copies doubles (elles étaient en promo, souvenez-vous), ça ne remplissait pas encore le quota papier.
Il fallait trouver autre chose, et cet autre chose, ce fut le petit carton de papier millimétré dont vous n’alliez utiliser que la moitié d’une feuille au cours de l’année. Et pour quoi faire, à part créer une génération de myopes en leur faisant se tuer les yeux sur des petits carrés ?
Pour réaliser des figures sans l’aide d’une règle, d’une équerre ou d’un rapporteur.
On se moque de nous.
Et toi, tu penses à quoi quand on parle de fournitures scolaires absurdes ?
À lire aussi : La rentrée des classes, entre histoires de lose et nostalgies d’enfance !
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Les Commentaires
Merci pour ta réponse pour le cahier de texte Et le truc dont je parle, ça a un angle droit aussi, c'est ça: