L’Australie, pays de cocagne où s’exilent les jeunes du monde entier en quête de grands espaces et de filles en short très très courts et moulants. Ayant moi-même tenté l’expérience, je peux me permettre de dire que tout de même, il faut être un peu cinglé-e pour quitter notre bonne vieille Europe en direction de ce pays-continent tout jeune.
La 25ème heure en avion
Tout d’abord, c’est hyper loin. Si loin que c’est juste pas possible d’être plus loin (enfin si, la Nouvelle-Zélande, mais ne pinaillez pas). 25 heures d’avion minimum si tu ne prends pas les vols low-costs, car dans ce cas-là, ça monte facile à 42 heures avec 3 escales à Bala Boluk, Vladivostok et Port Moresby. Je peux te dire qu’à côté de ça, la traversée du désert de Moïse te fait doucement rigoler. Du coup, si la famille et les amis sont restés en Europe, impossible de rentrer les voir un week-end sur un coup de tête : deux jours de voyage et trois semaines de jetlag, ça fait réfléchir. Et même pour les petits coups de fils intempestifs, les possibilités sont réduites. Avec environ 10 heures de décalage horaire, les sessions Skype ont le plus souvent lieu à des heures indues, genre au milieu de la nuit. En 8 mois passés à Melbourne, j’ai parlé à ma mère exactement 4 fois.
Coefficient de folie : 4
Vendre un rein pour guérir d’une grippe
Pour aller s’installer en Australie, mieux vaut avoir une santé de fer. Chaque consultation chez le GP (general practitioner, notre médecin généraliste) coûte 80€. À ce prix-là, tu ne fais pas la chochotte quand tu as un petit mal de gorge : tu pries juste très fort pour que ce ne soit pas grave. Et tu fais des excuses mentales à ta mère pour avoir dit « Une assurance voyage ? Mais pour quoi faire voyons je ne suis jamais malade« … Pour une Française habituée à payer 23€, remboursés par la Sécu, c’est un peu la blague du siècle. Les Australiens ne payent pas ce prix exorbitant à chaque consultation fort heureusement, ils ont accès au Medicare, un système de santé plutôt cool mais qui laisse les immigrés complètement hors-jeu. Cet hiver, après avoir craché mes poumons pendant 3 semaines et commencé à redouter la coqueluche, je me suis décidée à aller chez le GP. 90$ les 4min30 de consult, un sirop à la codéine à 20$ et des antidouleurs à 10$ (plus les pastilles que j’avais achetées moi-même, croyant que ça suffirait à calmer l’infection) = une facture de 130$, soit 110€. La prochaine fois j’achèterai une écharpe.
Coefficient de folie : 6
Le goon, sauveur du compte en banque, ennemi du foie
L’inconvénient principal est le coût de la vie. Beaucoup de mes amis avaient prévu de passer un an ou plus en Australie et ont dû se faire rapatrier en urgence pour cause de banqueroute totale. Pour éviter la catastrophe, les jeunes expatriés ont leurs tips. Pour se nourrir, tout le monde se réfugie sur le fameux combo pâtes-sauce tomate ou la nouille instantanée au micro-ondes. Pour faire la fête, soit on sort boire des pintes de bières à 10$, soit on achète un carton de goon, la boisson la plus infâme de l’histoire de l’alcoolisme, mais dont le rapport ivresse/prix est excellent. En gros c’est un galon de vin en cubi (3,78 litres) qui normalement ne sert que pour cuisiner. L’expatrié désargenté en fait son régal pendant les soirées ; en plus d’être dégueulasse, c’est l’assurance des pires gueules de bois du monde. Sinon, les bars proposent des super cocktails à 18$, mais seuls les vrais Australiens avec un vrai travail peuvent se l’offrir.
Coefficient de folie : 6
Les 35h ? On les laisse au bercail, merci, et au boulot
Pour avoir accès au mode de vie à l’australienne, il faut donc avoir un travail rémunérateur et/ou faire beaucoup d’heures. L’Australie est en effet l’un des seuls pays du monde occidental épargné par la crise : le marché du travail se porte à merveille, et on manque des petites mains pour faire les boulots dont les Australiens ne veulent pas. Car voici le premier revers de la recherche d’emploi, si tu espères devenir DRH de UGG Australia en un mois, fourre-toi le doigt dans l’œil. Dans l’éventail des possibilités qui s’offrent à toi, tu pourras choisir entre serveuse, réceptionniste, peintre en bâtiment, déménageuse, femme de ménage, ou même fermière*. Et j’espère pour toi que tu auras potassé ton petit Harrap’s illustré, car il vaut mieux posséder un anglais correct pour postuler à quoi que ce soit, d’autant que l’accent australien, c’est pas du gâteau.
Ayant opté pour la facilité, j’ai accumulé les petits boulots. Quand je suis arrivée à Melbourne, j’ai été réceptionniste à temps partiel pendant 5 semaines dans un grand cabinet d’architecture. Je gagnais environ 350$ par semaine, pour répondre au téléphone trois fois par heure et passer le reste du temps à jouer à Paf le chien sur Facebook. En même temps, les architectes associés qui doivent toucher un bon 100 000€ par an ne se foulent pas la rate non plus : arrivée pépère à 9h30, pause café, déjeuner d’une heure, et tout le monde dehors à 17h30. Je ne crois pas connaître une seule entreprise à Paris dont les salariés quittent le bureau avant 19h. Bref, je faisais environ 20 heures par semaine, et les soirs et le week-end, j’étais serveuse dans un restau, où je ne suis pas restée longtemps car ils n’utilisaient quasiment que des backpackers pour leur faire faire des soirées d’essai non payés, sans jamais les rappeler, les mufles. Puis j’ai trouvé un job dans un café de 6h30 à 14h30 tous les jours de la semaine, et dans un petit restau français certains soirs. Je faisais environ 55 heures de travail hebdomadaire, payés 15$ nets de l’heure (environ 12€) car c’était du cash in hand.
En Australie, la maxime « Travailler plus pour gagner plus » trouve tout son sens. J’ai été chanceuse, car certains de mes amis ont galéré pendant des semaines pour trouver un job. Il faut dire que les petits Frenchies ne sont pas connus internationalement pour leur talent pour les langues étrangères, et la plupart de mes potes sont arrivés avec pour seul et unique moyen de communication « Hello, my name is Jean-François« . Conclusion : à moins d’avoir un plan boulot en or avant d’arriver, tu vas taffer comme jamais.
Coefficient de folie : 7
La météo, ou l’art de ne pas faire les choses à moitié
L’Australie est grande comme un continent. Quand tu vois les différences météorologiques entre Juan-les-Pins et Tourcoing, tu imagines qu’entre Cairns et Melbourne, il y a un monde. Hémisphère sud oblige, c’est ici dans les régions méridionales qu’il fait froid, et qu’il pleut. Donc si tu comptes visiter l’état de Victoria ou les New South Wales entre mars et décembre, mets ton K-way. Autre chose, quand tu te feras dorer la pilule sur Bondi Beach (LA plage hyper populaire de Sydney), n’oublie pas de te tartiner de crème indice 80. Oui, même si tu es un peu basanée. Car tu vas tout simplement brûler, rapport au méga trou dans la couche d’ozone au-dessus du pays (toute ressemblance avec une histoire personnelle n’est pas fortuite).
Coefficient de folie : 2
Me VS Wild
L’Australie est un pays (relativement) tout neuf, et encore très sauvage. On y découvre la faune et la flore la plus extravagante qui soient, et pas seulement dans le bush. À Sydney, j’avais trouvé un super boulot de distributrice de prospectus. Le job le plus cool du monde, payée à se balader dans des zones résidentielles en écoutant mon iPod, avec vue sur le Sydney Harbour et l’Opera House. Seul inconvénient, je me suis de nombreuses fois retrouvée nez-à-nez avec des lézards gros comme des crocodiles, et des toiles d’araignées que même dans C’est du propre elle n’ont jamais vu ça. Quand je suis partie en expédition dans l’outback**, j’ai dormi à la belle étoile, sachant que les dingoes (sorte de croisement entre chien et loup aux crocs bien acérés) rôdaient dans les parages. Juste à côté d’une toile où se baladait une araignée rouge, la plus dangereuse d’Australie. Puis sinon il y a aussi les charmantes box jelly fish, de petites méduses vicieuses qui peuvent tuer un être humain en 5 minutes. Elles sont présentes tout le long de la côte est, rendant interdite toute baignade sur des kilomètres. Et je vous passe les serpents, les crocodiles et les requins, qui font des dizaines de victimes chaque année.
Coefficient de folie : 4
Si malgré toutes ces mises en garde, votre envie est toujours aussi intense d’aller vous frotter au pays des kangourous, c’est que vous êtes complètement taré-e. Comme moi, en fait.
* Il faut d’ailleurs accomplir 88 jours de travail fermier pour obtenir une seconde année de Working Holiday Visa, ou Visa Travail Vacances.
** C’est l’intérieur des terres, là où tu peux rouler 250km en ligne droite sans croiser âme qui vive.
– Profitez de l’occasion pour relire les Carnets de Voyage d’Alinoë sur l’Australie !
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On a hâte de vous lire !
Les Commentaires
J'ai 24 ans et j'ai un peu honte de dire sa mais je ne suis encore jamais partis de chez moi aussi longtemps sa va être un grand plongeon. En plus je n'ai pas le permis et mon anglais est vraiment celui de la débrouille.....
Je voulais prendre un pack qui comprend le visa et une assistance pour trouver du travail mais presque tous les services sont à Sydney et j'ai entendu dire que c'était de l'arnaque....
L'argent n'ai pas vraiment un soucis tout du moins pour le premier mois mais je n'ai de l’expérience que dans l'animation d'enfants ....
Vous pensez que je doit prendre un pack ? Que mon voyage est possible ? Quelle ville me conseillez vous ? Je voulais Darwin au départ mais on m'a dit que Janvier était la mauvaise période...