« Pas question de leur verser un sou », a promis Marion Maréchal-Le Pen, à propos des plannings familiaux et des associations de défense des droits des personnes LGBT. Comme ça, c’est clair.
La tête de liste du Front National en région Provence-Alpes-Côte d’Azur a répondu à l’appel de La Manif Pour Tous, le lobby anti-mariage pour tous reconvertis dans la lutte contre l’égalité contre les actions politiques en faveur de l’éducation à l’égalité notamment dans les écoles.
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Voici la vidéo du meeting, trouvée sur Les Nouvelles News, avec une retranscription du passage qui nous intéresse ci-dessous, à partir de 19:27.
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Question de l’animateur :
« J’imagine que vous vous êtes penchée sur les subventions actuelles de la région. Sur quels critères vous donneriez des subventions aux associations ?
Ensuite est-ce que vous vous engageriez là, ce soir, à stopper les subventions aux associations à caractère politique ou idéologique, et on sait desquelles on parle, est-ce que d’ailleurs vous les avez identifiées déjà, celles qui en bénéficient aujourd’hui ? »
« On sait desquelles on parle »… Oui, on sait : on parle des associations de défense des droits des femmes, et des droits des personnes LGBT.
La réponse de Marion Maréchal-Le Pen :
« Oui, il y en a beaucoup, c’est vrai que le budget de la région c’est 150 millions par an ; […] Il y a vraisemblablement beaucoup de ménage à faire de ce point de vue-là, puisqu’il y a énormément d’associations politisées qui sont subventionnées — les copains politiques ! — mais aussi des subventions qui moi personnellement me choquent, en période de crise, particulièrement dans une région qui ont un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, je vous donne un exemple parmi tant d’autres, mais à Marseille : 60 000€ de subvention accordées aux associations d’aide aux travailleurs immigrés.
Et des comme ça vous en avez des dizaines, des quinzaines.
Je pense aussi aux 200 000€, chaque année, qui sont accordés aux plannings familiaux — des choses comme ça dont on sait que ce sont des associations très politisées. »
[La salle interrompt en applaudissant]
« Très politisées, et qui portent, de mon point de vue, une vision, une approche assez banalisée de l’avortement qui me pose une difficulté. Et c’est vrai que là-dessus, nous, on aura des exigences fortes […].
Refuser aussi les subventions aux associations qui font de la préférence étrangère, et puis supprimer les subventions aux associations politisées, dont les plannings familiaux, mais aussi des associations telles que celle de la LGBT, ou des choses comme ça, dont je condamne fermement l’idéologie. Et il n’est pas question de leur verser un sou évidemment demain à la région. »
Juste au cas où ce serait une promesse en l’air, l’hôte de ce meeting lui fait répéter sa réponse, pour plus de clarté et d’assurance qu’elle a bel et bien l’intention de s’y tenir :
— Vous supprimeriez la subvention accordée au planning familial ?
— Oui, absolument. Ce sont des associations politisées, qui véhiculent aujourd’hui une banalisation de l’avortement.
« Je ne suis pas contre le droit à l’avortement »
Notons toutefois une précision importante, Marion Maréchal-Le Pen le souligne à la fin de son intervention :
« Je ne suis pas contre le droit à l’avortement, que les choses soient claires, je suis pour une responsabilisation des femmes, et surtout pour sortir de l’idéologie ».
Elle n’est pas « anti-IVG » mais « anti-choix »
Ok donc Marion Maréchal-Le Pen n’est pas contre le droit à l’avortement, elle est juste contre le fait que les femmes puissent décider librement si elles veulent avorter ou pas. Donc elle est contre la liberté de choix. En fait. Parce que « sortir de l’idéologie », ça veut dire arrêter avec « mon corps mon choix », arrêter de prôner une liberté de choix absolue. Bref, elle rejoint la liste de ces gens qui ne sont pas « anti-IVG », mais « juste » anti-choix.
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Écoutez, ça me fait une belle jambe que vous « ne soyez pas contre » le droit à l’avortement Marion Maréchal Le Pen, si vous manoeuvrez pour en compliquer l’accès ! C’est pas un droit « symbolique » ou cosmétique, c’est un impératif pratique. Ça sert pas à grand-chose d’avoir « le droit à l’avortement » si on n’a pas les moyens d’y accéder.
Et cela, les anti-choix américains l’ont bien compris : puisqu’il n’est pas possible d’interdire l’avortement aux États-Unis, ce droit étant protégé par une décision de la Cour Suprême, les opposants se débrouillent pour le rendre inaccessible en pratique. Par exemple, au Texas, en adoptant une réglementation très contraignante pour les cliniques, conduisant donc à réduire considérablement le nombre de lieux où les femmes peuvent effectivement avorter.
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Qu’est-ce qu’on peut faire ?
À une bonne semaine du premier tour des élections régionales, je ne peux qu’inviter mes lectrices, et tous nos alliés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur inscrit•es sur les listes électorales, à aller voter dès le premier tour, le dimanche 6 décembre 2015.
Et si vous n’y êtes pas, suivez le guide pour voter par procuration.
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Vous savez, je fais partie de ces gens très désillusionnés à l’approche des élections : je n’ai plus beaucoup d’attentes vis-à-vis de ce qu’on peut réussir à obtenir par ce biais. En revanche, je commence à réaliser de plus en plus vivement ce qu’on a à y perdre : des droits qu’on pense acquis.
Bon vote !
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Les Commentaires
... ça continue par ici ! (je suis allée écouter les discours d'autres têtes de liste FN, et on a fait une compil' vidéo).