« Les bonnes études/Les bonnes rencontres/La vie est rude/On joue la montre./ Souvent c’est cuit/Mais on espère/Le bon QI, le bon salaire.» (in Les bonnes écoles)
« Oh l’ennemi/Je me redresse/Tu m’appelleras « monsieur »./Oh, ma prairie, comme je m’engraisse./ Maintenant, je vis à deux. » (in Notre jeunesse)
« Elle me suit à la trace, mon dieu j’ai mal au ventre (…) mais parfois rien n’éclate, elle est bien sous ma peau/Si je me jette par la fenêtre/ Ma brûlure me retient/Y a plus personne quand ça déconne. (…) » (in La Chimie)
Si je continuais à te lire des extraits de cet acabit, tu m’arrêterais d’un regard au ciel en râlant : « Nom d’une brosse à chiottes ! Encore un trentenaire dépressif qui va me baver dans l’oreille ».
Sur ce point, tu aurais tout à fait raison : de trentenaire dépressif il s’agit bien ici ; mais de disque dépressif il ne s’agit point. Rio Baril n’est pas l’un de ces albums qui pleurnichent et se traînent à tes pieds et tient plus de la comédie dramatique que du gros mélo.
D’ailleurs, si je n’avais fait gaffe qu’à tous ces cuivres ventrus, ces TOCs de banjo et de ukulélé, ces cordes stressées. Si je m’étais laissée avoir par l’allure de Western de l’intro (Le Belvédère), la liesse pépère de certaines balades, je n’aurais pas fait gaffe au tragique de l’existence qui se racontait sous mes oreilles.
Faut dire que tout ça est amené progressivement. Etroitement lié aux autres, chaque titre plante vers à vers l’histoire d’un homme sur le fil du rasoir. Ce disque-là évolue, gonfle et se tord comme la pâte à pain qui attend dans ma machine en ce moment même*. Son personnage principal prend de l’épaisseur en même temps que se dessine Rio Baril, la charmante bourgade évoquée en début d’album. Pendant qu’il fermente son pétage de plomb, on saisit le côté oppressant du contexte qui le fera trébucher : Rio Baril, sa placidité assommante, « Sa place, ses cafés. Son Crédit Agricole (…) ses toubibs foireux de père en fils (…) ».
*Le bobo est en moi. Bientôt, je tuerai mes propres poissons panés.
Et puis il y a l’humour, la lucidité. Les acrobaties textuelles qui rendent les passages cités plus haut beaucoup moins larmoyants qu’ils n’y paraissent. Ecoute le loufoque Les cachets ou J’ai 35 ans et tu m’en diras des nouvelles…
Tiens ? Que m’arrive-t-il donc-t-il ? On dirait que je suis tombée amoureuse d’un disque français…
Sa page myspace
Le site officiel, pour se faire une idée de l’ambiance.
Le clip de Rio Baril
https://www.youtube.com/watch?v=ve-iy11ubDc
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