Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects féministes. Dans notre nouvelle rubrique Règlement de comptes, des femmes viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière en couple et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Florence qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Florence
- Âge : 30 ans
- Métier : Assistante administrative au sein d’une association
- Revenu mensuel : 1.472,05€ net par mois
- Famille : Son conjoint, avec qui elle vit depuis quelques mois
- Lieu de vie : Un appartement en location, à Liège en Belgique
Les revenus de Florence
Depuis un peu plus d’un an, Florence bosse pour une « association sans but lucratif » de soins de santé et services à la personne. Elle est assistante administrative et vit à Liège, une ville dynamique à l’est de la Belgique. Elle a commencé à bosser là-bas en CDI à temps plein, mais depuis septembre dernier, elle est passée à 4/5ème, car elle a repris des études et voulait avoir davantage de temps libre pour étudier.
« Faute de moyens financiers, je n’avais pas pu terminer mon bachelier universitaire il y a quelques années [ndlr : l’équivalent d’une licence en France]. J’ai donc décidé de me réinscrire pour obtenir mon bachelier en Communication. Heureusement, je n’avais plus que la moitié de mes cours à valider, donc ça me permet d’avoir une année plus « légère » que si elle était complète. Mon autre chance, c’est la pandémie qui a rendu les cours en distanciel monnaie courante, voire obligatoires. Les profs donnent donc cours en ligne : certains ne s’enregistrent pas, donc je dois me reposer sur les notes des autres étudiants, d’autres laissent la possibilité de télécharger chaque leçon sous forme de podcast ou de vidéo (ouf !). Ça me permet aussi de gérer mes cours en fonction de mon travail et de mes moments de meilleure forme… »
La jeune femme gagne aujourd’hui 1472€ net par mois, après le prélèvement à la source (qu’on appelle « précompte professionnel » en Belgique), et cette baisse de revenus n’est pas neutre dans son budget :
« Le salaire de mon temps plein me manque, j’estimais bien gagner ma vie ! Maintenant que je suis en 4/5ème, je dois faire plus attention, mais je m’en sors quand même et j’arrive même à mettre un peu d’argent de côté. Quand je repasserai en temps plein, je crois que je me sentirai RICHE ! »
L’organisation financière du couple
Florence est en couple avec son compagnon depuis bientôt deux ans. Ils ne sont pas mariés et vivent ensemble depuis quasiment le début de leur histoire.
« Ça a été très vite entre nous : on s’était connus il y a dix ans et on s’était perdus de vue. On a renoué il y a deux ans, il était entretemps retourné dans son pays d’origine, mais comptait justement revenir vivre en Belgique. On s’est vite mis d’accord sur le fait que je pourrais l’aider quand il reviendrait. On s’est revus le jour de son arrivée et quatre jours plus tard, il posait ses bagages chez moi. Comme je vivais dans un appartement que j’avais choisi pour moi seule, on a fini par déménager pour un appartement plus grand, choisi à deux et selon nos moyens. »
Le couple a aussi ouvert un compte commun pour payer le loyer, les factures communes (électricité, internet…) et les courses. Chaque mois, ils versent la même somme sur le compte pour couvrir ces dépenses communes, et c’est ensuite Florence qui garde un œil sur le compte commun et les dépenses. Un fonctionnement qui semble lui convenir :
« Mon compagnon est archi nul en gestion de budget et en maths, donc il a décidé de me laisser faire et il me fait confiance. Au début de notre relation, j’avais un salaire très correct et surtout stable alors que mon compagnon n’a pas pu travailler pendant 2-3 mois, puis il a commencé une activité comme indépendant et ses revenus était aléatoires. Pendant quelques mois, je payais environ 60% des dépenses communes. Depuis qu’on est tous les deux stables, on contribue à 50-50. Personnellement, j’ai toujours fonctionné comme ça et c’est ce qui me semble à la fois le plus pratique et le plus juste aussi. »
Les dépenses communes du couple
La principale dépense de Florence et de son conjoint est, assez classiquement, leur loyer qui s’élève à 1.010€ (charges d’eau et de chauffage incluses) pour un appartement de 95m2 avec un garage, soit 505€ pour chacun. Le jeune couple est locataire et n’a pour l’instant pas du tout les moyens de devenir propriétaire.
« Actuellement, pour acheter en Belgique, il faut posséder un apport représentant environ 22% du prix du bien, ce qui fait beaucoup pour la plupart des trentenaires non-rentiers. »
À ce loyer viennent s’ajouter des factures d’électricité et d’internet de 50€ chacune. Florence estime que leurs dépenses en matière de courses d’alimentation s’élèvent à environ 400€ par mois, soit 200€ chacun.
« En matière de budget commun, je souhaiterais qu’on diminue nos dépenses côté alimentation. Je pense que c’est possible, mais mon compagnon aime bien aller au resto ou commander à manger, et en temps de Covid, c’est un peu le dernier plaisir qu’on s’offre. »
Les dépenses personnelles « maximum » de Florence
En plus de ces dépenses communes, une part importante du budget personnel de Florence est consacrée à sa voiture
, dont elle a besoin pour aller travailler. Elle rembourse chaque mois (et pour encore deux ans) un prêt de 180€ pour l’achat de ce véhicule. Le carburant lui coûte environ 110€ par mois et son assurance auto s’élève à 118€ mensuels.
Ensuite, le reste de ses dépenses récurrentes se répartit entre ses repas de midi au boulot, son abonnement téléphonique, ses frais bancaires et de santé (médecin / psy).
La trentenaire a ensuite une catégorie de dépenses qu’elle qualifie « d’exceptionnelles », avec un montant maximum à ne pas dépenser. 100€ pour les vêtements ou chaussures, 60€ pour les cosmétiques et la coiffure, 40€ pour les sorties (ciné, bar, resto), 25€ à la pharmacie…
« Il est rare que je dépense dans chaque catégorie sur le mois, mais pour chacune, c’est le montant maximum que je m’autorise à dépenser. »
Le couple n’a pas d’enfants, et Florence explique que le manque d’argent est notamment un des arguments pour ne pas en avoir pour le moment :
« Je n’ai pas d’enfants et honnêtement, je ne sais pas comment je m’en sortirais financièrement si j’en avais. »
Le rapport à l’argent de Florence et de son compagnon
Avant d’être en CDI, Florence raconte qu’elle a longtemps galéré à gérer son argent, parce qu’elle avait de faibles revenus ou des rentrées d’argent irrégulières.
« Je connaissais de longues périodes très arides et puis je recevais une grosse somme d’un coup que je devais gérer pendant la longue période aride suivante. C’était très difficile, mais ça m’a appris à faire très attention et à dépenser avant toute chose pour le nécessaire et très peu pour le superflu. Aujourd’hui encore, je fais attention, même si c’est moins nécessaire. Je ne suis presque jamais à découvert. »
Le conjoint de Florence est, d’après elle, « encore plus économe », mais il n’a pas les mêmes charges que la jeune femme à assumer, puisqu’il n’a par exemple pas de véhicule, autant d’argent qu’il peut consacrer à ses loisirs. Le sujet de l’argent a d’ailleurs occasionné quelques frictions dans le couple :
« Au début de notre relation, j’étais très stressée en matière d’argent, notamment à cause de la situation précaire de mon compagnon et de l’anxiété de devoir payer davantage et de ne pas mettre autant d’argent de côté que je l’aurais voulu. Comme il avait des rentrées d’argent très aléatoires, il ne savait pas lui-même comment se passerait le mois à venir, ça a créé quelques haussements de voix, mais on a toujours essayé d’être transparents et honnêtes l’un envers l’autre. Une fois sa situation stabilisée, nous n’avons plus jamais eu de souci. »
L’épargne du couple
Sur le compte commun, le couple parvient à économiser parfois jusqu’à une centaine d’euros qui sont conservés pour des dépenses imprévues.
De son côté, Florence estime mettre entre 100€ et 200€ par mois sur son compte d’épargne, mais elle a parfois de mauvaises surprises…
« Pour une raison que j’ignore, mon compte épargne semble s’amoindrir de mois en mois avec des dépenses imprévues (principalement ma voiture, mais aussi les impôts ou autre). »
« Finalement, la pandémie est presque une « bonne raison » de ne pas partir et de mettre un peu d’argent de côté. »
Merci à Florence d’avoir accepté de répondre à nos questions !
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Les Commentaires
Par contre, pour avoir longtemps loué des apparts dans le centre Liège y compris de même dimension, le leur est particulièrement cher