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Arts & Expos

F(l)ammes, le spectacle qui donne la parole aux filles de parents immigrés à Avignon 2017

Au festival d’Avignon 2017, Lucie est tombée sur le spectacle F(l)ammes, dans lequel des jeunes femmes nées de parents issus de l’immigration racontent leur histoire. Elle est ressortie de la salle bouleversée et vous en parle aujourd’hui avec enthousiasme !

Quelques chaises disposées sur le plateau et des écrans de projection : la scénographie qui accueille les comédiennes de F(l)ammes est simple, à leur image.

Mais cela ne prépare pas à la tempête qui s’apprête à s’abattre dans notre esprit et la bonne petite claque d’humanité que l’on va se prendre en tant que spectacteur•rice.

F(l)ammes donne la paroles aux jeunes femmes filles d’immigrés

Les jeunes femmes qui s’avancent sous le projecteur, une par une, vers le micro central, sont nées de parents immigrés. Elles viennent des quartiers.

Elles s’emparent un instant de la parole et du silence de la salle pour faire le récit de leur vie, souvent coincée entre la culture de leur parent et leur éducation française, au cœur d’un pays qui peine à les reconnaître comme ses filles.

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Elles sont à des étapes de leur vie de femmes différents, tantôt en construction, tantôt bien amorcée. Certaines sont en couple, avec des enfants, d’autres habitent chez leurs parents ; elles ont une fraîche vingtaine ou flirtent avec la trentaine.

À ce kaléidoscope d’existences s’ajoute la richesse de leurs origines respectives, leur relationnel avec leur famille, et la place qu’elles revendiquent dans la société — aux yeux de leurs proches, de l’école, de l’État.

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(c) Madani Compagnie

Le quotidien des unes et des autres ne se ressemble pas forcément, et pourtant, il est animé par leur volonté profonde et unanime de se faire entendre et valoir. Alors une par une, elles se racontent.

Naître en France d’une culture étrangère : entre poids et fierté

Les récits qui se nichent dans nos oreilles sont donc aussi variés que le sont les personnalités des comédiennes.

Elles racontent l’histoire qui les a marquées, construites, et le poids du racisme, du sexisme ou de la culture de leur famille sur leurs épaules.

Ces histoires, cela peut être celle d’un nom au départ difficile à porter puis que l’on apprend à apprivoiser après l’avoir cerné. Celle de la force trouvée pour élever la voix contre un père (pourtant si intimidant) aux discours rétrogrades.

Celle d’avoir accepté les pires traitements pour se faire accepter des autres. Celle de la quête d’un style original, pour cultiver sa différence, et dissimuler celle de ses origines…

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Et puis celle d’un quotidien banal, à prendre son RER et n’avoir d’autres préoccupations que celles de la nuisance extérieure de son lieu de vie.

Les récits alternent entre témoignages touchants, complètement bouleversants, ou plus légers et piquants. Ils sont tous inspirés par la fougue de ces jeunes femmes, bien décidées à en découdre avec leurs détracteurs.

Les monologues sont entrecoupés de saynètes de groupe, de complicité et de débat, où on finit par perdre pied entre réalité et fiction — ce qui est d’autant plus saisissant.

F(l)ammes, un spectacle sur l’émancipation d’une grande humanité

Sur le plateau, les f(l)ammes nous communiquent leur énergie passionnée, leur dynamisme, et leur profond sentiment de solidarité.

Elles nous embarquent dans la tornade de leur quotidien et nous font partager au plus près la force leurs sentiments, leurs peines, leurs espoirs.

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F(l)ammes est une performance qui invite à l’identification et au partage, et il en résulte comme une suspension dans le temps et un oubli complet de soi.

Si les textes sont écrits, on comprend bien que la fiction n’en est pas une.

Immergés dans leurs paroles, dans leur existence, on sent monter la colère, l’injustice, le rire, pour ces jeunes femmes qui ne demandent qu’à ce qu’on leur laisse saisir leur chance de réussir et d’être heureuses, ce comme n’importe qui.

Mais dans tous ce défilés intérieurs, c’est finalement l’admiration qui triomphe.

Ce spectacle n’est surtout pas un moment d’apitoiement. Il parle d’émancipation, de rêve, d’envie de voir changer les choses. Et par leurs rires, leurs danses, leurs chants aussi, on y croit avec elles !

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(c) Madani Compagnie

Ce moment passé en leur compagnie est une vraie claque. On était nombreux•ses à en sortir un peu sonné•es, fébriles, ému•es surtout.

C’est sans doute le signal qu’il se passe quelque chose de fort là-bas, quelque chose qui va nous enrichir nous-mêmes, de l’autre côté de la lumière.

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