Aux abords d’un étang, se tenait un flamant. Rose, de surcroît, sur une jambe, tendue bien droit. Un blaireau, errant dans les parages, vint le mettre en garde contre son image : « L’ami, tu es rose, c’est franchement ridicule ! Et avec cette pose, honnêtement, tu cumules. – Monsieur, vous me tutoyez il me semble. Cela me gêne, sans mentir. Avons-nous gardé les têtards ensemble ? Veuillez, je vous prie, rectifier le tir. » Le blaireau s’entête : « Tu es rose ! Montre-moi ta femelle, si tu l’oses ! – Je n’en ai point, répond l’oiseau. Le flamant que tu vois aller et venir, au loin, grand fier et beau, est l’unique objet de tous mes désirs. Le blaireau s’étouffe à moitié. Il s’écrie : « Sale engeance ! Tu es donc de ces tarés, indignes de confiance ! – Confiance ?, s’étonne le rose animal, Qui ai-je trahi ? Qu’ai-je fait de mal ? – Tu souilles de tes idées répugnantes, l’esprit de corps des mâles, et notre belle entente. La camaraderie n’est pour toi qu’un moyen, par la fourberie, d’arriver à tes fins ! – J’aimerais bien savoir, questionne l’oiseau curieux, par quelles sortes de tours, ô combien pernicieux, pourrais-je, et cela sous couvert d’amitié, pénétrer en des lieux où je ne suis pas convié ? – Simulant l’accident ! Telle est votre technique !, répond-il, virulent. Attends, je m’explique : Si d’aventure, un de tes voisins, mettons qu’il gesticule, te heurte de son arrière-train. Que fais tu ? – Je recule ! J’ai, Monsieur, un minimum de correction, qui m’oblige à ne pas m’engager plus avant, sans en avoir reçu l’aimable permission… – Mais tout mâle est pour toi un potentiel amant ! Je ne jouerai, l’ami, jamais dans ton équipe, de peur d’avoir à subir tes assauts. – Vous n’êtes, je vous rassure, pas du tout mon type ! Selon moi vous êtes un véritable blaireau. À ces mots, l’animal trapu sourit et se rengorge. Il sent ses attributs monter jusqu’à sa gorge. « Un blaireau, vrai de vrai !, il s’exclame, et pour sûr ! Tu peux demander à ma femme : Moi j’assure ! Dieu guide mon missile, et l’acte est prolifique. Ta jouissance est stérile, en plus d’être tragique… Attirances malsaines, et quasi-meurtrières, qui menacent et salissent la nature toute entière. – La nature toute entière ! Excusez-moi du peu, s’insurge le flamant, mais chacun en son lit fait bien ce qu’il veut. Si, à la fin, ma foi, chacun est satisfait, qu’importe où je mets quoi, et à qui je le mets ? – Il m’importe à moi, car ce n’est pas normal ! Réplique, avec ardeur, le stupide animal. Mais dans le ciel, déjà, l’oiseau s’est envolé. Le blaireau, sans voix, se prend à l’admirer. Ses plumes colorées, son vol gracieux, son port de tête altier… Il en a mal aux yeux…
— Merci à Cy. pour dessin ! Retrouvez-la sur madmoiZelle, sur son blog et sur sa page Facebook !
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