Grande fan du Québec, une région absolument fabuleuse où j’ai eu l’occasion de faire plusieurs voyages, je porte un amour tout particulier à sa culture : que ce soit pour ses humoristes, ses séries ou sa musique, le Québec n’a rien à envier à personne. Je ne sais pas si c’est l’accent ou l’humour qui me fait le plus craquer, mais trois de mes films préférés s’avèrent être québécois. Une coïncidence ? Je ne crois pas.
Starbuck, de Ken Scott
Avant d’être adapté au cinéma en France (Fonzy) et aux États-Unis (Delivery Man), Starbuck est un film québécois sorti en 2011 au Québec, réalisé et scénarisé par Ken Scott. Ce film retrace la vie de David Wosniak, un trentenaire un peu paumé entre son boulot pas très passionnant, sa famille un poil envahissante et sa copine avec qui il n’arrive pas à trouver un terrain d’entente.
Jusque là, rien de bien fou, excepté ses dettes qui lui valent de se faire mettre la tête dans sa baignoire par ses créanciers à intervalles réguliers.
Jusqu’au jour où il apprend qu’il est un papa en devenir puisque sa petite amie est enceinte, mais aussi le géniteur de 533 enfants, par le biais de ses dons de sperme réalisés TRES régulièrement durant ses jeunes années. Parmi les enfants nés du don de sa personne, 142 veulent connaître son identité et font un recours en justice.
David en vient donc à se poser une question existentielle : sera-t-il le père de ses enfants ou choisira-t-il de garder son anonymat, comme son meilleur ami avocat le lui conseille ? Évidemment, la tentation est trop grande et David décide d’apprendre à connaître certains de ses enfants et à les aider dans leurs combats — contre la maladie, la drogue, une crise d’identité ou pour obtenir le job de leur rêve.
Ce film est exceptionnel de drôlerie, tant les personnages sont tous complètement perdus dans leurs vies et attachants au possible. Un big up tout particulier aux acteurs incarnant les enfants, dont on apprend à connaître une dizaine durant le film, du maître nageur au chanteur dans le métro (incarné par David Giguère, qui s’avère être un chanteur talentueux dans la vraie vie aussi).
Les rencontres entre les enfants et David donnent lieu à des scènes hilarantes et hyper touchantes : Starbuck est le feel good movie par excellence.
C.R.A.Z.Y., de Jean-Marc Vallée
Christian, Raymond, Antoine, Zachary et Yvan composent la fratrie Beaulieu et leures initiales forment le titre d’une chanson de Pasty Cline, dont leur père est fan. Cette famille reflète le Québec des années 1960-1970, la classe moyenne entre tradition et modernité
, une mère protectrice et aimante et un père pour qui la virilité est une qualité essentielle.
Zachary, né un 25 décembre, n’est pas toujours un cadeau (de Noël, haha) : il est différent de ses frères, depuis toujours, il est plus proche de sa mère, il fait sa crise d’adolescence à la période du punk et traverse une crise d’identité et d’orientation sexuelle qui n’est pas du goût de tout le monde.
Ce film sorti en 2005 a révélé Marc-André Grondin, qui a ensuite éclaboussé de son talent l’excellent Le premier jour du reste de ta vie. La famille est jouée par des acteurs qui incarnent à la perfection cette classe moyenne empreinte des clichés de leur époque, que ce soit à propos de la religion (la mère tient absolument à ce que ses fils soient de bons catholiques) ou de la sexualité (l’insulte la plus courante entre les cinq frères est « fif », la version québécoise de « pédé »).
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Ce film est aussi merveilleux par son esthétique, fortement inspirée par la musique des années 1960 à nos jours. Le look de Zachary suit les différentes modes et contre-cultures, de David Bowie au punk. La musique est omniprésente et fait aussi partie de l’évolution du personnage : les parents sont obsédés par Charles Aznavour et même si Zachary ferait tout pour plaire à son père, il est plutôt branché rock, comme l’indiquent les posters qui recouvrent sa chambre.
Une des plus belles scènes est d’ailleurs liée aux Rolling Stones, puisque Sympathy For The Devil résonne durant la messe de minuit : si seulement ça n’arrivait pas que dans les films…
https://youtu.be/tD0Ehqf3Djg
Le Déclin de l’empire américain, de Denys Arcand
Sorti en 1986, Le Déclin de l’empire américain est un des plus grands succès du cinéma québécois, à la fois au Québec et à l’étranger puisqu’il a été vendu dans une vingtaine de pays et nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Dans la même veine que Le Coeur des hommes, Le Déclin de l’empire américain est un portrait hilarant des interactions sociales et surtout des relations de couple dans le monde d’aujourd’hui (à part en ce qui concerne Internet, rien n’a changé depuis ce film).
Le film retrace un week-end dans une maison de vacances, où se retrouvent d’anciens potes de fac. Certains sont mariés, divorcés, amants ou ex-amants mais une constante reste : ça parle de cul ! On suit en parallèle les discussions des filles et les considérations des garçons, puis un joli mélange quand tout ce petit monde se réunit.
Les remarques drôles et perspicaces fusent, les allusions sont bien présentes, le résultat est drôle et très bien fait. Les mêmes événements sont racontés par les deux tribus, si bien qu’on ne sait jamais qui dit vraiment la vérité, excepté dans un épilogue formidablement bien réalisé.
Pour ceux et celles qui resteraient sur leur faim, le film fait partie d’un triptyque de Denys Arcand, avec Les Invasions barbares, réalisé en 2003 avec la participation des principaux acteurs du premier volet dix-sept ans plus tard (mais aussi Stéphane Rousseau, entre autres), puis L’âge des ténèbres, sorti en 2007.
NB : J’ai fait exprès d’omettre l’oeuvre de Xavier Dolan, que j’apprécie énormément mais qui est (heureusement) plus connue que les films ci-dessus. Je conseille tout particulièrement J’ai tué ma mère, le premier film du réalisateur prodige, ainsi que College Boy, clip polémique réalisé pour Indochine en 2013.
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