— Article initialement publié le 16 juin 2013
Un aveu, pour commencer : je suis fan de cinéma britannique. Les acteurs sont excellents, les scénarios même les plus convenus sont parsemés de ces petites touches décalées qui sortent un peu le nez des clichés, côté effets spéciaux et même technique c’est pas forcément sublime mais ça se laisse regarder… bref, c’est généralement une vraie bouffée d’oxygène.
Et malgré la grisaille des paysages, je sors toujours d’un film anglais avec du soleil dans mon myocarde.
Ce que je préfère, ce sont les costume des films d’époque, mais je peux regarder à peu près tout ce qui est anglais, du plus trash (Neds, Trainspotting…) au plus gnangnan (Love Actually)… Et récemment, en m’enchaînant successivement Quartet et Song for Marion, je me suis rendu compte que le cinéma britannique était bourré de vieux croulants.
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Mais pas de faux vieux dopés au botox et qui se tapent des jeunettes comme dans le cinéma américain, non : de vrais vieux croûtons et de vraies vieilles croûtonnes.
Peut-être parce que les classiques anglais ménagent toujours des rôles truculents pour les seniors (Austen, Dickens et compagnie sont bourrés de commères et de joyeux vieillards), peut-être (certainement) parce que la population de Grande-Bretagne vieillit… Toujours est-il que les vieillards ont une vraie place dans le cinéma britannique.
Évidemment, les rôles de vieux restent minoritaires dans l’industrie mais leur présence est loin de se limiter à ce seul pays : on voit les séniors en compétition à Cannes (Amour en 2012), vendant de la drogue dans des comédies franchouillardes (Paulette, héritière de Tatie Danielle), ou même envahissant le cinéma d’animation (Les Triplettes de Belleville, Là-Haut).
Sans parler des rôles clichés de mentors (Obi-Wan, Dumbledore, Gandalf… tiens, les hommes ont l’apanage de la sagesse) dans lesquels on les enferme.
À lire aussi : Pourquoi les vieux grincheux de cinéma sont souvent adorables
Des vieux ? Des humains, surtout !
Mais dans le cinéma britannique, c’est particulier. Les films à casting de vieux (Les dames de Cornouailles, Indian Palace, Quartet, Song for Marion…) sont en général des comédies dramatiques. On va rire et pleurer avec des vieux, ce qui implique de s’identifier et c’est en ça que je trouve ces films si attachants.
Les vieux ne sont pas « des vieux », ce sont des humains. Alors évidemment on peut y reconnaître son grognon d’aïeul ou son emm***** de retraité du dessous, mais on est vraiment invité à ressentir de l’empathie pour quelqu’un avec lequel, en vrai, y a quand même carrément un gros écart.
Let’s talk about sex avec les octogénaires dans Song for Marion
Mourir bientôt n’empêche pas de vivre !
Être vieux implique aussi une certaine promiscuité avec notre compère la Faucheuse ; elle est sans cesse rappelée mais là où ça pourrait transformer n’importe quel film en machine à déprime, les comédies britanniques de vieux transmettent au contraire une incroyable joie de vivre.
Il n’est jamais trop tard, voilà ce qu’on nous dit et franchement, à une période où on me donne l’impression que choisir la mauvaise licence va gâcher ma vie, c’est plutôt sympa de relativiser un peu.
Dans notre société où la jeunesse est survalorisée, ça fait aussi VRAIMENT du bien de voir que les vieux aussi continuent d’exister même si en minorité, même si cloisonnés dans le genre de la comédie dramatique.
Et puis ça fait toujours plaisir de voir des acteurs d’Harry Potter dans d’autres contextes ! (Maggie Smith et Michael Gambon dans Quartet)
Une fraîcheur toute particulière
D’autant plus que, pour le coup, le traitement des rôles de vieux est assez égalitaire (du moins dans les comédies anglaises) : pas de mamie oversexualisée et le temps de parole est équitablement réparti.
On n’évite pas certains clichés bien sûr (une Inde de carte postale dans Indian Palace, par exemple) mais le simple fait que ce soient des vieux rend l’ensemble beaucoup plus frais (paradoxalement) !
Bill Nighy et Judi Dench dans Indian Palace (The Best Exotic Marigold Hotel en VO)
Les scènes romantiques de petits jeunots sont vues et revues jusqu’à l’écœurement, mais quand ce sont des vieux, ça prend une toute autre ampleur. On devine le vécu, la pudeur, le désir de vivre par-dessus tout…
Les films à casting de séniors apprennent à profiter de la vie et ça, c’est une leçon dont on a besoin de se rappeler tous les jours.
Et vous, quels films (britanniques ou non, ne soyons pas sectaires) vous ont aidé•es à aimer nos amies les personnes âgées ?
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Les Commentaires
Je ne m'en lasse pas, il est génial !
(D'ailleurs maintenant j'ai la petite musique rigolote dans la tête : poudoup-poudoup-poudoup-poup-poup-poup... )