Selon le Larousse, absurde signifie « qui est contraire à la raison, au sens commun, qui est aberrant, insensé ». Selon Wikipédia, « c’est avant tout un degré de comique très élevé ». Les films absurdes jouent du décalage entre les attentes du spectateur et le comportement des personnages ou de l’environnement. Bon, ça c’était la minute définition, maintenant on va pouvoir s’amuser un peu avec quatre films du genre, absurdement réjouissants.
Frankenstein Junior
Frankenstein a eu droit à plusieurs films, mais le plus drôle est sans doute celui de Mel Brooks. Sorti en 1974, il parodie les films de James Whale (Frankenstein et La fiancée de Frankenstein, qui datent des années 30). Tout y est : noir et blanc – en plein essor des films couleur – mêmes décors et accessoires, reprise de certaines scènes cultes…
Frankenstein Junior est, au sens propre, le petit-fils de Frankenstein : c’est un sérieux professeur de médecine, qui a toujours détesté les travaux fantaisistes de son aïeul. A la mort de son grand-père, il se rend néanmoins en Transylvanie pour voir la demeure dont il vient d’hériter. Et il va finalement reprendre les travaux du baron Victor Frankenstein…
Le film est d’autant plus décalé qu’il reprend les codes de l’horreur des années 30, faisant ressortir leur absurdité en même temps qu’il leur rend hommage : musique inquiétante, hennissement de chevaux terrifiés à l’annonce d’un nom (bruit répété à chaque fois), claquettes – ah non, pardon, les claquettes ne font pas partie des codes traditionnels de l’horreur. Notons qu’une comédie musicale a été tirée du film, sur une musique de Mel Brooks.
Sacré Graal
Impossible de passer à côté : Sacré Graal des Monthy Python, avec ses noix de coco pour faire le bruit des chevaux, son lapin tueur et ses chevaliers qui font « ni ». En 1975, Terry Gilliam et Terry Jones ont transformé la légende arthurienne en énorme WTF – où les chevaliers sont une grosse bande de bras cassés dignes de Kaamelott.
Pensé comme une suite de sketchs, Sacré Graal est en fait une succession de scènes cultes, dès les premières minutes et ses responsables du générique qui se font licencier. En fait, si on aime l’absurde (et l’humour anglais) (ce qui est plus ou moins la même chose), il est assez difficile de trouver du temps pour respirer tellement on se marre. Maintenant vous savez pourquoi c’est le classique de la comédie.
Pour profiter pleinement des jeux de mots vaseux, le visionnage en anglais est fortement recommandé. On vous autorise les sous-titres, on est pas des chiens.
H2G2
Restons dans l’absurde, mais passons à la science-fiction avec un film de Gath Jennings : H2G2 raconte l’histoire d’Arthur Dent, un humain « extraordinairement moyen » qui se retrouve bringuebalé à travers l’univers suite à la destruction malencontreuse de la Terre. Heureusement il est accompagné de son ami Ford Prefect, qui se révèle être un astrostoppeur chevronné. En route ils rencontreront le président de la galaxie (qui est le demi-cousin de Ford Prefect), un robot dépressif, des extra-terrestres qui écrivent la pire poésie possible, des tapettes à idées et des souris… euh, pour les souris je vous laisse la surprise.
L’absurdité a une même une explication logique dans l’univers de H2G2 : les personnages se déplacent souvent à bord du Coeur en Or, un vaisseau doté d’un générateur d’improbabilité – un genre de moteur, en quelque sorte. Cela peut justifier les hasards très pratiques qui arrivent dans toutes les fictions (« Oh, nos héros viennent de se faire sauver alors qu’ils étaient perdus en plein milieu de l’espace ! ») mais aussi provoquer des choses un peu plus… loufoques (ami cachalot, nous pensons à toi).
H2G2
(The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy, soit Le Guide du voyageur galactique) est adapté d’un livre de Douglas Adams – qui a d’abord existé sous forme de feuilleton radiophonique. Sachez d’ailleurs qu’en le lisant, vous pourrez savoir pourquoi le pot de pétunias a dit « Oh non, pas encore ».
Fun fact : le sous-titre français de H2G2 est « Le film à côté duquel Armageddon fait documentaire ». C’est un clin d’œil au sous-titre de Sacré Graal : « Le film à côté duquel Ben-Hur fait documentaire ».
La Cité de la peur
C’est le moment « cocorico » de cette sélection : « Le film de Les Nuls ! » (ce sont eux qui le disent). Encore une parodie de film d’horreur – comme quoi entre Frankenstein Junior et La Petite Boutique des horreurs, le genre est fertile. Il y a même une super mise en abîme, puisque l’histoire tourne autour de la projection de Red is Dead, un film fictif où des bourgeois sont poursuivis par un assassin communiste. Malheureusement, tous les projectionnistes sont tués par un mystérieux meurtrier à la faucille et au marteau. Ce qui ne gêne pas tant que ça Odile Deray, l’attachée de presse, qui y voit un bon moyen de faire parler du film.
Là encore nous avons affaire à un film culte, dont beaucoup de gags sont devenus des références – qui n’a jamais dit « Barrez-vous, cons de mimes » ou « Pendant ce temps-là à Vera Cruz » ? Qui n’a jamais dansé la Carioca? (D’accord, je me sens seule.) Du coup le film a peut-être un peu vieilli, et certaines blagues paraissent éculées, mais gardons à l’esprit qu’à l’époque, c’était novateur ! Oui, « à l’époque », en 1994 – ceux qui l’ont vu au ciné lors de sa sortie apprécieront.
Pour plus d’absurde, vous pouvez vous tourner vers les autres films de Mel Brooks (Sacré Robin des Bois, Le Shérif est en prison…) ou ceux des Monty Python (Le Sens de la vie, La Vie de Brian). Et vous, vous conseilleriez quoi aux autres madmoiZelles ?
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Les Commentaires
"Seuls Two" (et pourtant je ne suis pas spécialement fan d'Eric et Ramzy)
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"Intervention divine" d'Elia Suleiman (attention chef d'oeuvre"
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"Le festin nu" de Cronenberg. Pas drôle mais incomparable.
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