Ben oui quoi, ne faites pas les innocentes, vous, il va bien falloir l’admettre : nous sommes des êtres futiles, écervelés, doux et fragiles, que les messieurs doivent protéger de tout danger potentiel (King Kong, Godzilla, les extraterrestres de Skyline, une souris…).
Nous ne méritons même pas d’aller taper le brunch à l’Elysée, mais rassurez-vous : c’est juste par hasard qu’aucune femme n’était présente, juste parce qu’au fond, aucune femme n’est impliquée dans les hautes sphères du numérique. Mais dites, ne serait-ce pas un peu étrange, cette absence de femmes chez les Chefs du numérique ? Passons.
Bien heureusement, nos camarades masculins ont aussi leur lot et doivent forcément être de grosses brutes en devenir, dont les petit cœurs ne battent que pour le foot ou le rugby, et si des larmichettes leur échappent c’est forcément dû à une sexualité douteuse.
Et crois-moi, ce ne sont pas les masculinistes que nous présente Patric Jean qui viendront me contredire.
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xaw04t_masculinisme-bonus-du-film-la-domin_shortfilms[/dailymotion]
L’homme est un être de compétition, un chevalier qui protège les membres de sa famille, le fier inventeur de toutes les prouesses technologiques et les femmes, bon… Contentons-nous du monde relationnel (i.e. souris et ne parle pas trop fort… le syndrome plante verte).
Fun fact : en 1976, Condry & Condry réunissent deux groupes d’adultes, auxquels ils diffusent la vidéo d’un bébé de neuf mois en train de jouer avec une boîte. Au bout de quelques instants, un jack-in-the-box surgit et l’enfant se met à pleurer. La vidéo diffusée aux deux groupes est strictement la même, simplement les chercheurs diront aux uns que le bébé est une fille et aux autres qu’il est un garçon. Eh bien voilà, mazel tov, devinez-quoi… A la question « pourquoi le bébé pleure-t-il ?», les individus persuadés qu’ils observent une fille attribuent les pleurs à de la peur, à de la crainte ; tandis que les individus qui croyaient qu’il s’agissait d’un garçon expliquent les pleurs par de la colère…
Les choses vont plus loin, et les adultes expriment des comportements différents face aux enfants : ils encourageront le garçon et le pousseront à être actif, tandis que leur comportement sera plus impersonnel et « nourricier » face aux filles.
Tu penses bien que pléthore d’études ont été réalisées à ce sujet, et pour celles qui comme moi ont des frangins, la plus agaçante concerne les réactions des parents aux transgressions de leurs enfants : les mères prendraient trois fois plus souvent le parti de leur garçon dans les conflits (Ross et al.) – n’hésitez donc pas à vous pré-venger de cette injustice, et cognez avant que votre reum’ débarque (quoi, vous ne vous êtes jamais battues avec votre frère ?).
[leftquote]Qu’est-ce que cela nous dit ? Qu’à chaque genre est assigné un rôle ?[/leftquote] Qu’est-ce que cela nous dit ? Que l’on inculque aux enfants une notion de genre très rapidement, et qu’à chaque genre est assigné un rôle ? Que l’on nous soumet à ces rôles depuis notre tendre enfance ? Que les rayons jouets des grandes surfaces ne sont qu’un amas de stéréotypes de genre où les petits mecs joueront à la guerre et où les fifilles pourront imiter bobonne ?
Dans cette expérience, la différence attribuée se situe dans le regard de l’adulte, et non dans le comportement de l’enfant, reste à se demander quel pourrait être l’impact sur les perceptions de l’enfant, et le temps que ce dernier met pour intérioriser des caractéristiques qu’on lui impose.
[rightquote]A 4 ans déjà, nos chères têtes blondes ont parfaitement acquis des comportements genrés[/rightquote] Une expérience (Karbon, Fabes, Carlo, & Martin, 1992) s’est penchée sur les réactions de 40 filles et 40 garçons entre 4 et 5 ans face aux expressions faciales d’une fille (Susie) et d’un garçon (Judd), tous deux créés par des techniques de morphing. Sans surprise, pour une même expression, les filles voient chez Susie de la peur et les garçons voient chez Judd du dégoût. Majoritairement, les enfants ont tendance à considérer l’expression des femmes triste et celle des hommes en colère. Autrement dit, à 4 ans déjà, nos chères têtes blondes ont parfaitement acquis des comportements genrés et connaissent les attentes que l’on a envers une fille, et celles que l’on a envers un garçon…
Vous allez me dire, on en a bien conscience de ce rapport inégalitaire-là, mais alors quelle réponse ? Et quand bien même nous en aurions conscience, est-ce que l’on parviendrait à échapper à ces mécanismes, qui sont tellement ancrés en nous ? Réussirions-nous à ne pas étiqueter ?
Nous stigmatisons les enfants selon un sexe, et le « genre » n’est somme toute qu’un construit social, qui aura une influence sur chaque aspect de nos vies, ou presque… Et tu peux aller regarder le manitou de la sociologie, qui l’explique mieux que moi :
http://www.youtube.com/watch?v=d0wYmFZXgBs
Tout ça pour dire : si aujourd’hui je zone sur le web à la recherche du nouveau sac en cuir de poulpe qui fera vibrer mon âme, c’est de la faute à ma socialisation. Pas celle d’un mystérieux instinct panier-percé.
Les Commentaires
On a moins de force physique, mais ça ne veut pas dire qu'on tient moins à la durée, bien au contraire!!!
Et on prouve que notre cerveau équivaut celui d'un homme, il suffit de regarder la proportion montante de filles qui réussissent leurs études! (et sont payé moins cher ...la fragilité sans doute...)
Peut être un jour l'égalité sera une évidence pour tout le monde...