Dans cet épisode, nous allons nous demander si les étudiantes en question travaillent beaucoup (trop ?) et, indirectement, si elles ont encore des amis, si elles sortent parfois de chez elles autrement que pour aller à l’école, si elles ont le temps de prendre au moins une douche par jour et si, parfois, il leur arrive de se détendre devant la télé. C’est ce que j’ai demandé aux étudiantes que nous suivons cette année.
Présentement, voilà comment je vous imagine : le regard enthousiasmé par les programmes des écoles d’ingénieurs, les sourcils sereins, rassurées de voir qu’il n’est pas forcément difficile d’être une fille parmi beaucoup de garçons, vous vous laissez tenter par l’idée de vous inscrire dans un de ces établissements*. Pourtant, je peux saisir dans vos yeux une pointe d’angoisse. D’ailleurs, si je me concentre bien, je peux même voir une goutte de sueur rouler le long de votre visage. La raison est probablement la suivante : c’est bien beau tout ça, mais est-ce qu’on a encore une vie en dehors de l’école d’ingénieurs ? Peut-être. Si ça se trouve.
*Si vous ne ressemblez pas à ça, soyez sympa, faites semblant pour me faire plaisir.
Des semaines de cours variables
À toutes les filles que j’ai** interrogées cette semaine, j’ai demandé combien d’heures de cours elles pouvaient bien avoir par semaine. Toutes – à part Fantine (en 1re année à l’ESME Sudria) qui a un emploi du temps plutôt fixe – m’ont assuré qu’elles étaient bien incapables de donner une réponse. Y aurait-il des non-dits autour du temps de travail des étudiant-e-s ingénieurs ? Une sorte de tabou ? Pire, seraient-ils en réalité enchaînés pendant toute la durée de leurs études les uns aux autres, libérés de leurs chaînes uniquement pour pouvoir coder librement ? Que nenni : si les étudiantes n’ont pas pu répondre avec précision, c’est tout simplement qu’elles ont des emplois du temps extrêmement variables.
Pour Jeanne, en 3e année à l’IPSA, si elle a souvent cours de 8 h 30 à 18 ou 19 h avec une pause d’1 h 30 le midi, tout dépend de s’il y a des DS (devoirs surveillés) programmés pour le samedi matin.
Pour Sabrine, en dernière année à l’EPITA, c’est encore plus variable : elle peut tout autant avoir cours pendant une semaine tous les jours de 8 h à 22 h et n’aura pendant la suivante aucun cours auquel assister mais pendant laquelle elle devra travailler sur des projets.
Melissa (en 1re année à l’IPSA) tente une approximation : « j’ai en moyenne entre 25 et 35 h de cours. Il y a des jours où j’ai 8 h de cours et d’autres où j’en ai 2 fois moins
». Tout dépend donc de la disponibilité des enseignant-e-s, des devoirs sur table programmés et de l’organisation des cours.
Point rassurant : le jeudi après-midi est bien souvent libre pour que les étudiants intéressés puissent participer aux associations (ou finir en catastrophe les devoirs qu’ils ont à rendre pour le lendemain, c’est selon).
**Viendrais-je, par hasard, de vous mettre du Didier Barbelivien en tête ?
Une question d’organisation
Faire des études d’ingénieurs n’est pas franchement le truc le plus reposant en soi. Disons que sur une échelle de la détente, c’est plus tranquille que d’être ministre de l’économie en période de krach boursier, mais moins relaxant que de se rôtir la cuisse dans un sauna. Comment être sûr, donc, d’avoir le temps de faire ses devoirs et de pouvoir rendre ses projets à temps pour arriver à se dégager du temps libre ?
Pour Maïté (en 4e année à l’EPITA), tout est une question d’organisation : dès qu’on lui donne un projet ou un devoir à faire, elle s’arrange pour s’y mettre le plus tôt possible. Le secret serait donc d’éviter à tout prix de procrastiner en reportant au lendemain ce qu’on pouvait faire il y a 3 semaines.
Sabrine a plus ou moins la même méthode : « je travaille sur mes projets dès que j’ai du temps libre. Plus vite je les ai terminés, plus vite je trouverai un moment pour me détendre ». Avec cette rigueur, elle a toujours réussi à se trouver un peu de temps pour elle dans la semaine, pouvant aller jusqu’à s’accorder une soirée par mois (en comptant l’éventuelle convalescence du lendemain).
Le vivent-elles bien ?
Mais est-ce que les étudiantes estiment en faire trop ? Pensent-elles avoir trop d’heures de cours, trop de travaux à rendre à côté ?… Oui et non.
Sabrine explique : « comme on ne fait que des choses intéressantes, ça passe tout seul ». Maïté avance : « Souvent je trouve que c’est trop… Mais je ne me vois pas faire moins. Avec tout ce que l’on doit apprendre, on ne peut pas faire moins de toute façon. C’est du travail c’est sûr, mais c’est pour notre avenir ». Du coup, quand elle a beaucoup de devoirs, elle se force parfois à relâcher un peu la pression quand elle se sent stressée : « de toute façon, à partir du moment où on commence à angoisser, on est contre-productif. On entre dans un cercle vicieux alors autant se poser ».
De son côté, Jeanne vit bien ce rythme assez chargé, même s’il lui arrive d’être un peu fatiguée (en même temps, si elle m’avait dit qu’elle était toujours en forme, je l’aurais surnommée Lance Armstrong). D’autant plus qu’elle a énormément de trajet en transports en commun pour aller de l’école à chez elle.
Melissa est peut-être un peu plus stressée, mais il faut préciser qu’elle a un job en parallèle de ses études ; avant, elle n’y travaillait que pendant les vacances, de temps en temps. Maintenant, elle est passée à un contrat plus important qui fait qu’elle trime aussi le soir et le weekend. Du coup, elle manque de temps libre et n’a pas autant de moments pour réviser qu’elle le voudrait. Pourtant, parfois, elle se trouve du temps : « avec de l’effort, on le trouve toujours », précise-t-elle.
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Les Commentaires
Je suis en école post-prépa et contrairement à ce que je lis ça fait minimum 2 mois que je n'ai que 3 jours de cours par semaine... Donc oui ce sont des vacances par rapport à ma prépa !