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Des filles en école d’ingé – Épisode 6 : une minorité féminine

Découvrez le quotidien de 10 étudiantes en école d’ingénieur-e-s avec cette série, en partenariat avec l’ESME Sudria, l’EPITA et l’IPSA !

Dans ce nouvel épisode, abordons LA question de celles qui pensent « école d’ingénieurs » : comment vit-on le fait de se retrouver en minorité féminine ? Est-ce vraiment difficile ? Est-on bien accueillie ? Existe-t-il, une fois pour toute, une différence de traitement entre les sexes ?

Croyant à une erreur d’accord, mon logiciel de traitement de texte ne cesse de souligner en rouge le terme « ingénieure » que j’écris en moyenne 27 fois par article. C’est bien la preuve que si les mentalités bougent, certain-e-s s’évertuent à penser que l’ingénierie est un domaine d’hommes au même titre que le milieu du vin, du BTP et du porno. Bien heureusement, la société évolue cependant : ça fait un moment que les femmes ne sont plus cantonnées à faire la cuisine, un tablier autour de la taille en chantonnant la programmation musicale de Chérie FM. C’est rassurant : nous aussi sommes en droit de pleurer à l’idée de devoir faire un choix d’études dans le large panel mis à notre disposition.

Cette semaine, j’ai donc décidé de demander à 5 de nos futures ingénieures de nous parler de leur intégration dans une promotion à grande majorité composée de garçons. Serious business.

Un traitement différent selon les sexes ?

Dans le moins clivant des cas, les 5 étudiantes avec lesquelles j’ai parlé du sujet évoluent dans une classe avec 1/4 de filles pour 3/4 de garçons. Faut-il alors croire que le fait de se sentir en supériorité numérique donne aux représentants de la gent masculine l’impression d’être plus forts que les filles ?

Pas à en croire Camille, en 3e année à l’IPSA : « à la limite, ils sont peut-être plus sympa avec nous. Je crois qu’on peut dire qu’ils prennent soin de nous, vu que nous sommes peu nombreuses dans la classe ».

Pour Maïté, tout dépend du tempérament de la personne en face : « certains sont protecteurs, d’autres font des plaisanteries, mais beaucoup s’en fichent et ne font pas de différence entre les sexes ». Pour autant, elle ne nie pas qu’il y a dans sa promotion un petit groupe assez vulgaire dont les réflexions (rares comme un cheveu sur le crâne d’Harry Roselmack) lui donnent parfois envie de réagir. Sauf que souvent, elle n’a même pas à se donner cette peine : « la dernière fois, sur un groupe Facebook relatif à l’école, un étudiant a fait preuve de sexisme à mon égard. Je n’ai pas eu le temps de commenter qu’il s’était déjà fait reprendre par d’autres ».

Sabrine, en toute dernière année à l’EPITA, est celle qui m’a soumis cette idée d’article au détour d’une conversation car il lui tenait à cœur d’exprimer son point de vue. Le recul qu’elle a sur ses année d’études lui a permis de réaliser qu’elle ne s’était jamais sentie discriminée ni stigmatisée : « par rapport aux garçons, on est ni pénalisées, ni surprotégées. Je n’ai jamais eu aucun souci à travailler avec eux. Il n’y a aucune barrière d’aucune sorte ».

Ceci devrait rassurer Fantine, en 1re année à l’ESME Sudria : avant même d’entrer à l’école, elle avait, comme beaucoup d’autres, une petite appréhension. Certaines de ses copines l’avaient mise en garde contre un milieu finalement toujours assez machiste où l’on véhiculait des clichés sur les femmes… Si l’étudiante se sent bien dans ses études, elle concède tout de même que la jeunesse de certains leur confère une légère immaturité : « c’est peut-être aussi parce que quelques uns vivent encore chez leurs parents qu’ils sont un peu « enfant » dans leur tête ». Mais elle admet en revanche que les projets qu’elle a eu à mener avec des groupes de garçons se sont bien passés : « on a pu faire de belles choses et c’était assez facile de travailler avec eux ».

Et pour faire la fête, ça se passe comment ?

Puisque nous en sommes venus à parler de soirées organisées par certains étudiants, j’en profite pour évoquer le fameux week-end d’intégration. Ces quelques heures d’intenses réjouissances ont lieu au début de l’année scolaire et visent à intégrer la nouvelle promotion d’étudiants. Pendant 2 jours, l’amusement est censé être à son comble et ce n’est pas le Pepsi Max qui coule à flots dans les gosiers si vous voyez ce que je veux dire. C’est une tradition, au même titre que les bêtisiers à la télé en période de Noël, la Macarena dans les soirées qui suivent les mariages et le poulet rôti du dimanche. En raison de la présence de spiritueux (à consommer avec parcimonie), l’organisme peut éventuellement être mis à rude épreuve*. Cependant, Camille et Sophie rassurent celles qui ont un peu peur de retrouver leurs organes digestifs sens dessus-dessous à la fin du week-end : «

en tant que filles, si on en a marre, on nous laisse tranquille et personne n’insiste pour qu’on consomme plus ».

Certes, ce n’est pas le fait d’avoir les chromosomes XX ou XY qui va rendre notre foie plus ou moins performant, mais c’est toujours pratique de pouvoir se planquer derrière quand on n’a pas forcément envie de boire.

*(Je dis ça mais en fait, je n’en sais rien : de mon temps, à l’entrée dans l’enseignement supérieur, on tournait aux Carambar et au Volvic Citron. Une autre époque.)

Travailler avec l’autre sexe : simple ou pas ?

Maïté avait quelques craintes à l’idée d’entrer dans une promotion composée majoritairement de garçons. Mais en jetant un œil sur la brochure de l’école, elle s’est sentie soulagée puisque les photographies y montraient des classes assez mixtes. La parité ne s’est pourtant pas révélée tout à fait respectée quand elle a trouvé ses marques à l’EPITA. Cela lui a-t-il posé un quelconque problème ? Pas vraiment. Elle qui est actuellement en 1re année cycle ingénieur dans une promo qui compte une vingtaine de filles pour environ 350 étudiants ne s’en plaint pas. Lorsqu’elle doit travailler sur des projets au sein de groupes mixtes, ou même avec uniquement des garçons, rien n’est vraiment différent : chacun arrive avec ses facilités, sa façon de travailler. « On ne gère pas non plus le stress de la même manière selon les personnes et selon les sexes, c’est donc plutôt une bonne chose ».

Sabrine va dans son sens : « il n’y a aucun problème pour travailler avec eux, j’ai vraiment l’impression d’être respectée professionnellement et en tant que personne ». Car elle précise que contrairement à l’image qu’on pourrait se faire d’une promotion presque exclusivement composée de garçons, il ne faut pas croire que les étudiants de sexe masculin transpirent de désir et sautent sur les quelques filles de leur classe avec de la bave au coin de la bouche : sorti des comédies américaines, ce cliché n’a plus vraiment lieu d’être selon elle. « À la limite, il suffit de dire non une fois et ça suffit pour qu’ils comprennent ».

Un avantage pour la vie active

Encore un peu réticente à l’idée de vous retrouver dans la même classe qu’une majorité de garçons ? Attendez un peu que je dégaine mon dernier argument : en sortant diplômée d’une école d’ingénieurs, il y a peu de chances qu’une fille ne trouve pas très très vite un travail. C’est Sabrine qui nous l’explique : « pour une histoire de quotas, on peut dire qu’on est presque « draguées » professionnellement. Il y a peu de filles sur le marché donc les entreprises sont très enclines à nous embaucher ou à nous offrir un stage ». Sophie confirme également: « les entreprises souhaitent la parité hommes/femmes dans leurs effectifs. À compétences égales, elles se dirigent plus facilement vers les filles ».

À en écouter nos étudiantes, j’ai compris qu’il n’y avait pas de réelles raisons de s’inquiéter quand on est une fille et qu’on arrive dans une école d’ingénieurs. À partir du moment où on comprend qu’on doit se considérer et considérer l’autre comme un être humain avant de se considérer comme membre de la gent féminine ou masculine, tout ne peut que se passer pour le mieux. (Cette phrase de conclusion est beaucoup trop sérieuse. C’était ça ou une blague de Toto.)

Retrouvez tous les épisodes de la série, les portraits mensuels et l’actu des femmes dans le secteur high-tech sur Femme Ingénieure.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

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