Qu’est-ce qui fait qu’on choisit une carrière plutôt qu’une autre ? Et pourquoi préférer intégrer une école d’ingénieurs plutôt qu’une fac ? Est-ce que c’est inné (du genre, comme préférer le beurre à l’huile d’olive ou Pete Doherty à Matt Pokora) ou bien est-ce que c’est imposé ? Est-ce qu’on le fait pour faire comme les parents ou comme les ami-e-s, ou bien n’est-ce que du hasard ? Nous allons tenter de comprendre comment nos futures ingénieures ont fait ce choix d’études.
Pourquoi pas la fac ?
Les mathématiques ont toujours été la matière de prédilection de Camille, dont le rêve est de faire voler les avions – que ce soit en les pilotant ou en participant à leur création. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est dirigée vers une formation qui en contiendrait. « Mais alors pourquoi pas une fac de maths pour ne faire que ça toute la semaine ? », pourraient se demander ceux et celles qui ne sont jamais allé-e-s à la fac. Les raisons sont aussi simples que nombreuses : elle craignait un décalage aussi énorme entre le lycée et la fac qu’entre le QI de, disons, un bulot et Einstein. Elle n’avait pas envie d’évoluer dans un milieu scolaire où les professeurs ne connaissent ni votre visage, ni votre prénom, où vous pourriez arriver avec un bas de contention sur la tête que personne ne s’en inquiéterait. En fait, à l’écouter, j’ai compris que, pour elles, choisir une école plutôt qu’une université, c’est comme aller à l’hôtel ou loger chez l’habitant. L’un est impersonnel, l’autre plus intime. Chacun a ses avantages comme ses inconvénients, il suffit de trouver le système qui nous correspond le mieux.
À l’instar de Camille, Susan n’a pas voulu se diriger vers l’université, mais pour une toute autre raison : elle se doutait bien que les principaux débouchés la conduiraient soit à enseigner, soit à faire de la recherche. De bien beaux métiers qui ne lui conviendraient pas pour autant puisqu’elle ne supporte pas l’idée de travailler clouée derrière un bureau. En revanche, si elle change d’avis, elle sait qu’elle pourra devenir chercheuse puisque les possibilités de carrière sont très larges quand on sort d’une école d’ingénieurs.
Un faux « choix par défaut »
Comme plus ou moins toutes nos futures ingénieures, Sarah a toujours été plus tournée vers les matières scientifiques : elle le sait depuis le collège, où elle a compris qu’elle s’amusait beaucoup plus en physique, en chimie et en informatique qu’ailleurs et que les lettres n’étaient pas sa tasse de thé. Comme je vous l’avais conté dans le premier article, Sarah a fait une année de fac de médecine avant de tenter sa chance à l’ESME Sudria. N’ayant pas réussi, elle a cherché d’autres options pour évoluer dans le domaine de la santé et a appris qu’on pouvait travailler dans l’imagerie médicale en sortant de l’ESME Sudria. Et justement, une de ses amies était déjà étudiante à l’école, ce qui lui a permis d’en apprendre un peu plus sur son fonctionnement. « Ça s’est fait tout naturellement », m’explique-t-elle. « Un pur hasard, qui s’est révélé être très positif ».
De son côté, Susan, qui avoue avoir toujours été plutôt scientifique et passionnée par la physique, a pas mal hésité entre la médecine militaire et l’école d’ingénieurs. Arrivée 40 places trop loin sur la liste d’attente pour la médecine militaire, elle a finalement intégré l’ESME Sudria après une prépa maths-sup maths-spé. Une déception qui n’en était pas une puisque, hésitant entre les deux, elle était tout à fait soulagée de ne pas avoir de choix définitif à faire. Il faut dire que ce qui lui plaisait le plus, dans le principe d’une école d’ingénieurs, c’est que le panel des matières étudiées est très large
: deux ingénieur-e-s peuvent travailler dans le même secteur tout en exerçant des métiers complètement différents. Ça laisse donc la possibilité de changer d’orientation professionnelle quand on le souhaite sans forcément avoir à refaire des études.
Orientation, admission, hésitation
Anne a pas mal hésité avant de passer son bac : elle était tout aussi intéressée par le domaine artistique que par les sciences, plus précisément par l’informatique. Comment, dans ce cas, concilier ces deux secteurs qu’on pourrait croire diamétralement opposés ? En Première, alors qu’elle travaillait sur ses TPE, elle a découvert les joies de la programmation et a réalisé qu’elle pouvait réunir ses deux passions grâce au développement de jeux vidéo. Une façon de trouver un juste milieu entre le visuel, le créatif, et un raisonnement bien plus scientifique. En se renseignant sur des sites de programmation, en se rendant à des salons étudiants, elle a alors réalisé qu’une école d’ingénieurs telle que l’EPITA était peut-être bien la solution idéale pour elle. « En cycle ingénieur, on a la possibilité de prendre une spécialité en multimédia et technologie de l’information ». C’est ainsi qu’elle s’est retrouvé sur les bancs de l’école d’ingénieur en informatique – même si cette expression est on ne peut plus désuète puisque j’imagine qu’on s’y assoit sur des chaises.
De son côté, alors qu’elle vivait encore à la Réunion, Maïté s’est décidée tard sur son choix d’études. Elle n’avait pour certitudes que ce qu’elle ne voulait pas faire (la chimie et la médecine, par exemple). Elle a donc cherché une prépa intégrée pour avoir à la fois un suivi équivalent à celui du lycée sans avoir à repasser des concours comme dans une prépa plus traditionnelle. Ne pouvant pas se déplacer comme bon lui semblait puisqu’elle était bien loin de la métropole, elle a passé le concours de l’IGA, en plus d’envoyer un dossier à l’EPITA. Si elle a été acceptée dans la première école avec une bourse d’excellence (je me suis inclinée tellement fort en signe de soumission quand elle m’a avoué cette réussite que j’en ai marché sur mon nez), elle a préféré choisir l’EPITA, pour assouvir son envie de développer ses savoirs en informatique. En outre, comme elle est moins généraliste que d’autres écoles d’ingénieurs, Maïté sait déjà vers quel large domaine elle va tendre, ce qui la rassure puisqu’elle a découvert qu’elle adorait l’informatique.
Ces 5 parcours différents nous rappellent une chose : dans le monde de l’orientation, même quand on a une passion très forte à la base, il n’est pas rare de se chauffer les méninges quand arrive le moment de faire un choix pour ses études. Un casse-tête certes moins intense que quand on essaie de comprendre un film de David Lynch, mais plus important pour son propre épanouissement.
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