Mon Papa à moi, il a un métier qui fait remonter les sourcils des gens au plus haut de leur front. Quand j’étais petite, certains ne voulaient même pas me croire. « Ça existe en France, ça ?« , « Comme dans 7 à la maison ? »
Mon Papa à moi, j’ai toujours dû le partager.
D’abord parce qu’on était 5 enfants à la maison, et que ça prend du temps d’avoir un moment avec chacun. Mais il y arrivait malgré tout. Et le soir j’avais le droit à des histoires qu’il inventait rien que pour moi, à base d’arbres qui parlaient, de petits poissons rebelles ou de scie à bois orgueilleuse. À la fin, il y avait toujours une petite morale qui donnait un exemple à suivre ! (Petite maison dans la prairie
, bonjour !)
Ensuite, il y avait les réunions plusieurs fois par semaine, et tous ces gens qui passaient à la maison, de toutes les origines, de tous lesmilieux, qui avaient besoin d’aide et à qui mon Papa accordait toute son attention, une grande partie de son temps, et même parfois de l’argent, malgré le mal que mes parents pouvaient avoir à joindre les deux bouts. Parce que oui, un pasteur, s’il ne reçoit pas les dons d’autres personnes, il gagne peu. Voire rien.
Au quotidien…
Mon Papa à moi, il m’a causé des moments pas toujours à drôles à l’école. Des railleries de la part des autres enfants, des surnoms ridicules, oui, parce que c’est facile de se moquer de ce qu’on ne connaît pas.
Et puis ces profs, ces gros malins qui se tournaient vers moi à chaque fois qu’une question sur Dieu ou la religion (bien que mon père ne soit pas catholique) était posée. Oh, évidemment, c’est pas la fin du monde, je n’en ai pas souffert atrocement ! Ça m’ a embêtée, j’en ai eu marre… Disons que ça a eu le mérite d’aiguiser mon ironie et mon sarcasme.
Mon Papa à moi a diminué le nombre de dimanches où j’ai fait des grasses mat’ – culte à 10 heures oblige. Quand tous mes autres potes se couchaient tard le samedi soir, moi, je devais me rappeler qu’on partait de la maison à 9h30 le lendemain. Et j’ai dû marmonner « Mais ch’uis encore fatiguéééééééeeeeeeuuuh » une bonne paire de fois durant mon enfance/adolescence.
Le métier de mon Papa m’a souvent contrainte, bien que je désapprouve totalement ça aujourd’hui, à tenir un rôle. C’est « la fille de ». Et en conséquence, il y a une image à tenir… Mon père n’est pas célèbre dans le monde entier, mais j’avais tellement peur de le décevoir que je faisais toujours attention à ma façon de faire, de parler, de dire les choses… Qu’on s’entende bien, je ne cautionne pas du tout cette attitude ni les facteurs qui l’ont entraînée. Mais c’était là il y a encore quelques mois, et ça fait partie de ce que mon père est… et de ce que je suis.
Amour & Valeurs
Mon Papa à moi, il ferait n’importe quoi pour ses enfants. Il est toujours là quand il sait qu’il peut nous aider, quand il y a besoin d’un coup de main ou d’un meuble à retaper, ou simplement pour un conseil ou un avis. C’est un bricoleur hors pair et toute la famille en est fière. Quand j’étais petite, il nous fabriquait des dînettes en bois et nous apprenait à tailler des cannes pour nos balades en forêt. Le cerveau de mon Papa ne s’arrête jamais.
Mon Papa m’a inculqué des valeurs dont je suis fière. Il m’a appris à être reconnaissante, à aimer les gens comme ils sont et à tout leur donner.
Aujourd’hui, notre relation est bancale… Je suis FAN de mon Pôpa. Je l’aime de toutes mes forces, c’est vraiment un père sensationnel ! Pourtant, j’ai jamais su m’ouvrir à lui. Et lorsque j’y suis arrivée, il n’a pas été à la hauteur de ce que j’attendais.
Mais aujourd’hui, pour toutes les madmoiZelles qui n’ont pas l’occasion de le faire, je veux m’y mettre, je ne veux plus perdre de temps et partager des moments avec celui qui a joué un rôle tellement grand dans ce que je suis devenue.
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