Quand on parle de Jane Birkin, j’ai du mal à faire preuve de distance critique. C’est un peu mon problème. Je ne sais pas pourquoi, j’aime tellement sa voix et le personnage qu’elle projette que… Oui bon, disons que je suis amoureuse. Par conséquent, je me méfie. Quand j’ai mis Fictions sur la platine je me suis dit « Stellou, prends un peu de distance ». Sauf que c’est pas la peine. Surtout pas sur cet album-là.
Tiens, d’ailleurs dès la première chanson, Home, signée Neil Hannon, j’ai accroché. Peut-être à cause de ce décalage entre une mélodie faussement légère, saupoudrée de xylophone, et un texte un peu doux amer : "Yes I’ve had a good life/ but I can’t help wondering/If I’d gone a different road/What would have become of me/In another universe/Am I still living there/A bored suburban house-wife/Slowly tearing out her hair/who can’t escape her home."
Et puis pas le temps d’en sortir que blam, la reprise d’Alice, de Tom Waits. Quelques minutes un peu plus sombres, un peu plus sexy, qui fichent la chair de poule. Et voui : imagine ce que ça peut donner quand le phrasé de Jane Birkin chatouille les paroles de Tom Waits sur des passages comme : "And I must be insane/To go skating on your name/And by tracing it twice/I fell through the ice/of Alice". Gnihihi.
A partir de là, j’ai supputé que je serais dans le bain dès la première écoute. Et ce fut le cas. Parce que cet album est dans l’ensemble, une réunion de très beaux morceaux. Il y a les reprises, comme le Alice cité plus haut, une reprise de Mother Stands for Comfort, de Kate Bush, mais aussi Harvest Moon de Neil Young. Que dire ? Si Jane Birkin chantait la recette du pot au feu ça me procurerait quand même de l’émotion. Alors quand elle reprend Harvest Moon…
Et puis il y a les originaux, écrits pour Jane Birkin par toute une série de jeunots qui en ont dans le métronome. Cf My Secret, un peu de lenteur noire écrite par Beth Gibbons. Voir aussi à Waterloo Station, chanson de Rufus Wainwright qui sautille du piano que c’en est simple et beau. Ou bien Steal me a Dream, des Magic Numbers, balade qui distribue une mélancolie douillette au compte-goutte, accords par accords de guitare sèche. Sans compter le texte étrange et sec pondu par Dominique A sur Où est la ville, chanson qui paraît un peu différente des autres par ses sonorités et son thème. Tiens écoute. Enfin lis : « Je mange un truc immonde/La viande que je mâche/a le goût de mon corps/Partout tout n’est que files/D’attentes auprès des caisses/Où des filles sans teint/Ecoulent des bouts de ville ».
Bref, c’est beau (pour une fois je fais concis, tu vois ?). Je l’avais bien dit que je serais incapable de distance.
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