— Article initialement publié le 15 mars 2016
Les gens qui vous disent qu’ils savent décrypter leur fiche de paie sont des menteurs. Ou des aliens. Personne n’y comprend rien. Et personne ne s’en étonne !
Le mystère de la fiche de paie enfin révélé dans cet article !
Une fiche de paie, comme bien d’autres documents administratifs d’ailleurs, c’est bigrement compliqué à déchiffrer. Je me suis penchée sur la question pour vous fournir un petit guide, aussi clair que possible.
Mais…. la mise en forme des fiches de paie n’est pas réglementée, seule ce qu’elle doit contenir l’est. Du coup, il peut y avoir de grandes différences de présentation entre deux bulletins de paie.
Malgré tout, voici les grandes lignes qui s’en dégagent !
De quoi ça cause ?
Généralement situées en haut du document, des informations générales permettent d’identifier :
- l’intitulé (« Bulletin de paie » donc) ainsi que le mois concerné
- l’entreprise : son numéro d’identifiant (SIRET), son nom, son adresse, son siège social, sa convention collective…
- l’employé·e : ton nom, ton adresse, ton numéro de sécurité sociale, mais aussi ton poste ou ta fonction, ainsi que ta date d’ancienneté (ta date d’arrivée dans l’entreprise)
- une autre information se situe souvent à cet endroit (sinon elle est tout en bas de la feuille) : « le cumul annuel » brut et net. Cette information est importante pour faire ta déclaration d’impôts (j’y viendrai, dans un autre article).
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Autre information importante située en haut (ou en bas) de la fiche : les congés payés. Dans cette zone sont indiqués les jours de congés que tu as pris, ceux qu’ils te restent et ceux que tu as acquis pendant le mois.
Le cumul des jours de congé, une allégorie. Pixels sur écran, 1999
En revanche, située en toute fin de document, se trouvera toujours (ou presque) la mention «
pour faire valoir vos droits, conservez ce document sans limitation de durée ». Cette ligne est un peu comme la voix de Yoda : il faut suivre ses instructions. Vraiment.
Il est très important de conserver toutes tes fiches de paie car elles te permettront de justifier de tes années de bons et loyaux services au moment de la retraite.
Si tu en as perdu une ou plusieurs, sache que tu as jusqu’à 5 ans après la date de leur première émission pour les redemander à ton (ex ?) entreprise. Au-delà, il n’existe aucune législation obligeant l’employeur à conserver un duplicata de ces bulletins de paie, et il te sera donc plus difficile de les obtenir.
Le revenu brut, ton « presque-argent »
Bon, la partie problématique n’est évidemment pas de repérer ton nom sur la fiche de paie, mais plutôt de comprendre à quoi correspondent tous ces chiffres et ces abréviations.
Déjà, il y a 3 types de mouvements d’argent inscrit sur ta fiche de paie : le revenu, les cotisations et les taxes.
Sur la première ligne, ton revenu est indiqué en brut
Le revenu, c’est facile, il est inscrit sur la première ligne : il s’agit de ton salaire en forfait heures (ou jours, pour les cadres par exemple) ou de ta prestation si tu es dans un statut de type intermittent du spectacle, intérimaire, pigiste… À ce stade, il est indiqué en brut.
Viennent ensuite les heures supplémentaires, qui correspondent aussi à une rentrée d’argent, et les congés payés qui ne te coûtent rien ni ne te rapportent rien, mais sont décomptés de tes congés restants et dont la valeur est quand même indiquée.
Plus fort que le nombre Pi : les coti !
À partir de là, ça va de mal en pis… Enfin, j’exagère, mais en gros tout le reste va correspondre à de l’argent pris sur ce salaire brut. Il s’agit soit de cotisations, soit de taxes. Pour faire simple, les cotisations, ça correspond à de l’argent pour toi, mais dans le futur (à l’exception de certaines cotisations patronales qui sont aussi pour les autres).
Il s’agit d’investir de l’argent dans un système d’assurance maladie (la sécurité sociale et la mutuelle), maternité, invalidité, voire décès, mais aussi pour le chômage et la retraite, et ce sont donc des sommes destinées à te revenir le cas échéant.
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C’est grâce à ces cotisations que tu continues d’être payé•e pendant un temps quand tu es malade, et que tu peux à un moment de ta vie prendre ta retraite.
Certains de ces systèmes sont publics, donc gérés par l’État, comme la sécurité sociale, le chômage et la retraite, mais les « complémentaires » sont des organismes privés qui permettent d’arrondir un peu cet argent investi et d’en mettre plus de côté.
Donc, tout ce qui est précédé de « Cot », « SS », « Ass », « Mutuelle » sur ta fiche de paie sont des cotisations. Sache que si tu contribues une petite partie de ton salaire tous les mois (pour savoir quelle part, voir paragraphe d’après), ton entreprise contribue également pour toi.
Les taxes, en revanche, ne te sont pas destinées, puisqu’elles vont directement dans les caisses de l’État, qui se charge ensuite de le redistribuer. Elles ont pour but de contribuer à la bonne marche financière de certains organismes.
Par exemple, « la taxe d’apprentissage a pour but de financer le développement des premières formations technologiques et professionnelles » comme l’indique le site officiel des impôts.
Ce que tu gagnes et (surtout) ce que tu ne gagnes pas
Bon, après pas la peine de flipper, tout cet argent ne vient pas que de tes poches. Permets moi donc d’attirer ton attention sur les deux colonnes principales et ses couleurs manifaïques rien que pour toi : à gauche (en rouge sur le doc), c’est ce qui te concerne, à droite (en bleu sur le doc) c’est ce qui concerne l’employeur.
Ces colonnes sont très souvent présentées sous cette forme. C’est à cet endroit que tu vas réellement voir ce que tu cotises personnellement, et ce qui vient de l’entreprise.
Le taux correspond au pourcentage prélevé sur ton salaire brut. Par exemple, la « cotisation SS vieillesse » (retraite, donc) est de 0,35% du salaire brut, pour un•e employé•e payé•e au SMIC en 2016… Donc 5,13€ tous les mois. La vieillesse, ça vaut pas un clou, ou en tout cas c’est pas très rentable !
Quoique ce pourrait être une bonne façon de punir un•e ex machiavélique. Je dis ça, je dis rien.
Le gain et la retenue, parfois représentés par une seule colonne avec respectivement des + et des -, correspondent aux sommes ajoutées et prélevées.
Je ne te cache pas que la plupart du temps, la seule chose du côté des « + », c’est le salaire brut. Ce qui rend le calcul assez simple.
Tout ce qui se trouve dans la colonne « employé » est donc ce qui est ajouté ou déduit de ton salaire brut.
Ton/ta patron·ne aussi participe
En revanche, pour la partie patronale, c’est une autre histoire. Le salaire brut sert uniquement de référence pour calculer le montant à payer au par l’entreprise au compte privé (mutuelle par exemple) ou à l’État.
D’ailleurs, si tu additionnes tout ce que paie ton/ta patron·ne (ton salaire brut + le montant inscrit en bas de sa colonne), tu obtiens le total de ses charges patronales mensuelles : le fameux « salaire super-brut ». C’est-à-dire ce que tu coûtes à ton entreprise.
Oh oh, attends un peu… Qu’est-ce que c’est que cette ligne « net imposable » et ce mystérieux « CSG – CRDS non déductible » (alors que juste au dessus, on a une « CSG déductible »…) ? Tu me prendrais pas pour un jambon ?
C’est pour boucher le trou de la sécu !
Que nenni , la Contribution Sociale Généralisée (CSG) et la Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale (CRDS) servent respectivement à financer la protection sociale, et à rembourser la dette de la sécurité sociale, aussi appelé « trou de la sécu ».
En tout, cette contribution est de 8%, et seule une partie est déductible. C’est à cause d’elles que l’on déclare aux impôts un nombre qui ne correspond ni au salaire brut, ni au salaire net, mais le « net imposable », avec seulement une partie de la CSG.
Mystère résolu ? Envoie-nous ta fiche de paie décryptée ! (Non) (vraiment, ne l’envoie pas) (je tiens à mon job) D’autres questions ? Viens les poser dans les commentaires !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Gardez et lisez vos fiches de paies. Ça évite des pépins, du genre, une prime pas versée, des heures sup pas au bon taux, voir mêmes des prélèvement obligatoire pas prélevé car il y a eu une boulette quelque part dans dans la chaine...
Là, je vais réclamer plus de 7000€ a une personne qui n'a jamais eu de prélèvement retraite en 3 ans. Boulette qui est passée inaperçue et a gentiment continué son chemin. Et la dame pensait "être mieux payée que dans on ancien travail".