Comment fête-t-on Noël et Nouvel An au Japon ? Quelles sont les coutumes, les plats et les voeux qu’on échange ? Laetitia vous explique tout ça !
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— Article publié le 21 décembre 2012
J’adore les fêtes de fin d’année. J’aime les illuminations dans les villes, les sapins touffus avec des décos foutraques, et j’arrive à tenir presque 10 minutes sur un marché de Noël. J’aime la course aux cadeaux, en offrir, en recevoir, j’aime le foie gras, les robes avec des paillettes et les boucles d’oreilles de saison. Bref, j’étais impatiente de savoir comment tout ça se goupillait au Japon !
À première vue, ça a l’air tout pareil. Les magasins débordent de décorations kitschouilles à peine Halloween passé, les boulangeries proposent des brioches
« bonhomme de neige » et éditent des dépliants pour nous fourguer leurs gâteaux à un prix indécent… Eh bien, c’est l’arbre qui fait croire qu’il y a une forêt derrière, car Noël au Japon, c’est une tradition importée, 100% consumérisme et merchandising.
KFC et gâteau aux fraises
Noël est un jour qui échappe aux habitudes gastronomiques japonaises. Pour le banquet du réveillon de Noël, les Japonais ont remplacé la dinde et la bûche, trop compliqués à se procurer, par un bucket de poulet frit de notre ami du Kentucky et un fraisier. On cuisine peu et on mange du gras avec du sucre : les ingrédients parfaits pour un 24 décembre réussi !
Au Japon, le 25 est un jour normal : les gens travaillent, il y a école, tout est ouvert. Du coup, on fête le réveillon de Noël. Bien loin de nos larges rassemblements familiaux, la soirée se déroule en petit comité. Deux options possibles : en famille avec les enfants, ou en amoureux. En famille, les enfants reçoivent des cadeaux de leurs parents le 25 au matin, sans qu’on leur fasse croire au Père Noël. Le Noël des couples est différent : les amoureux en ont fait une St Valentin bis. C’est la date idéale pour une demande en mariage, si possible dans un resto classe ou un hôtel grand luxe. Certaines villes organisent un grand feu d’artifice, un spectacle dont les Japonais sont très friands.
Finalement, l’arrivée du petit Jésus n’ayant pas énormément de sens dans une société marquée par le bouddhisme et le shintoïsme, Noël n’est qu’une tradition « toute neuve », très mercantile. Les féru-e-s de « l’esprit de Noël » seront déçu-e-s sur le fond… mais peut-être épaté-e-s par les décorations grandiloquentes mises en place dans les parcs.
Le Nouvel An : l’éternel recommencement
Si Noël est complètement détaché de sa signification religieuse, c’est tout le contraire pour le Nouvel An. Le Japon célèbre à la fin de l’année le début d’un nouveau cycle, le renouvellement permanent. Traditions et symboles sont donc de la partie ! L’arrivée de la nouvelle année est fêtée sur plusieurs jours fériés nationaux et d’autres offerts par les entreprises. Un moment paisible, calme, qui se passe en famille. On assiste au dernier coucher et au premier lever de soleil, on se rend au temple pour la première prière de l’année, une première offrande, acheter un oracle…
Côté cuisine, on mange des plats préparés à l’avance : traditionnellement, on ne fait rien les premiers jours de l’année. Une coutume qui me parle bien : arrivée au premier janvier, je repose mon foie et j’essaie de digérer l’équivalent d’un bœuf entier. Pas de rôti pour les insulaires, mais un assortiment de plats marinés, tous symbole de longévité, comme les crevettes, les pommes de terre coupés en hexagone pour imiter les écailles de tortue, ou bien bénéfique pour la santé, comme le gâteau de riz appelé mochi.
Chaque famille envoie des cartes de nouvelle année, qui doivent toutes arriver le matin du premier janvier (le courrier est distribué ce jour-là, bien que ce soit férié). Les cartes de vœux, que l’on achète directement au bureau de poste, comprennent toutes un numéro de loterie au tirage national. On y gagne le plus souvent un timbre… mais un-e chanceu-x-se par an remporte un voyage.
Changement d’année alcoolisé
En France, à l’approche du Nouvel An, on se souhaite du bonheur, de la réussite, du travail, la santé… Les courageu-x-ses et les optimistes prennent de bonnes résolutions, appliqués généralement du 5 janvier au 12 février (c’est déjà beau). Les Japonais-es misent tout sur l’oubli de l’année précédente. Et quoi de mieux qu’une bonne murge pour tout effacer ?
L’ivresse de fin d’année a carrément été institutionnalisée. On appelle ça les bonenkai ; elles sont organisées par les entreprises, les clubs de sport, les associations… chaque groupe y va de sa soirée alcoolisée. Les bonenkai se déroulent généralement dans des izakayas, un genre de bar qui propose des accueils de groupe. On y mange, certes… et on y boit beaucoup ! La formule est simple : un forfait illimité en boisson pour deux heures ou plus, et la nourriture arrivant au fur et à mesure, selon ce que l’établissement propose.
Les salarié-e-s peuvent se lâcher sans crainte : ce qui se passe à l’izakaya reste à l’izakaya. On peut s’endormir devant ses collègues, langue-de-puter sur le boulot, se plaindre de sa femme, ne plus marcher droit : tout est permis. Du team-building particulier mais efficace. Tout le monde devient plus humain avec un petit coup dans le nez ! Et le lendemain, motus et bouche cousue : on reprend son rôle l’air de rien – personne n’évoquera les débordements de la veille.
Alors bonnes fêtes à tous et comme on dit ici : kampaï !
Et toi, as-tu déjà eu l’occasion de vivre les fêtes de fin d’année à l’étranger ?
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Les Commentaires
Pour ma part, l'an dernier j'ai fêté Noël aux États-Unis. Bah c'est comme dans les films : Noël c'est une vraie institution ! Dès le mois de novembre le rouge et le blanc recouvrent les vitrines de magasin, les maisons, le mobilier urbain etc. Même les chiens !
Au Canada, là ou je vivais le reste du temps et où je travaillais, mon boss nous a tous offert des chocolats. Et, comme aux USA, au Canada, chaque entreprise organise son party de Noël où les employés mangent et boivent au frais du patron et avec le patron.
Moi qui vient d'une famille où les gens s'en foutent de Noël (et moi pas) j'étais au Paradis !!