« Le OFF » d’Avignon, c’est l’autre festival, celui qui se déroule en marge de l’officiel. C’est une vitrine pour tou•tes les jeunes artistes, les jeunes talents, ainsi que les moins jeunes mais moins connus, médiatisés, moins « installés » dans le métier : en effet, contrairement au festival officiel, il n’y a pas besoin d’être invité•e, sélectionné•e pour y participer. Le OFF, c’est aussi globalement moins cher, et ça, personne ne s’en plaindra !
Cette année, si vous parcourez la programmation du OFF, vous risquez de reconnaître des noms ! Vous vous direz peut-être « cet artiste me dit quelque chose… il n’est pas passé sur madmoiZelle, celui-là ? »
Si. Yacine Belhousse, Baptiste Lecaplain, mais aussi OcéaneRoseMarie ou encore Audrey Vernon… la programmation du festival OFF est bien remplie. Je vous ai sélectionné dix artistes, dont vous avez sans doute déjà entendu parler dans nos colonnes, mais si vous avez la chance de pouvoir passer plusieurs jours à Avignon, vous n’aurez que l’embarras du choix !
Pour jeter un oeil à la programmation complète du OFF, c’est ici !
Le OFF d’Avignon 2015 en musique
Pour beaucoup, le festival d’Avignon rime avec « théâtre », mais c’est tout le spectacle vivant qui est à l’honneur du mois de juillet ! On commence cette sélection avec 4 artistes musicaux.
Ben Mazué, 33 ans
Le spectacle de Ben Mazué, c’est bien plus que de la musique : c’est entre le théâtre, le concert et la poésie. Il vous fait passer du rire aux larmes sans forcer, sans vous y forcer. Je ne suis pas fan des chansons tristes et mélancoliques, mais avec lui, on est très loin des niaiseries. Lorsqu’il nous avait fait l’honneur de passer à la rédac pour enregistrer une double session acoustique, je tenais la perche, accroupie à ses pieds. Je ne le connaissais pas, et j’ai fondu en larmes au son de sa voix, de sa guitare et de ses mots si doux.
Demandez à Léa Bordier ce qu’elle en pense, elle en parle mieux que moi : Ben Mazué, les mots qui touchent. Ou demandez-lui directement comment se passe son festival ! Il nous le raconte semaine après semaine, sur madmoiZelle !
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Oldelaf et Alain Berthier (le projet Michel Montana)
Entre Oldelaf et madmoiZelle, c’est l’amour fou depuis ses débuts dans le grand Nord (enfin, juste le Nord, quoi). Depuis 2011, revient régulièrement enjailler nos sessions acoustiques.
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Du 14 au 26 juillet, ce troubadour des temps modernes enchantera le public avignonnais. Avec son compère Alain Berthier, ils vont redorer le blason de Michel Montana, un mal-aimé de la chanson française, à l’origine de plusieurs chansons cultes, qui n’a jamais remporté le succès mérité.
Résonance, de Superpoze et Camp Claude
C’est pas du OFF, c’est du « officiel » ! Si vous aimez l’électro, ou que vous n’en savez trop rien mais que vous êtes curieux•se, on ne peut que vous recommander d’aller faire un tour du côté du festival officiel, pour aller prêter vos oreilles à Résonance, une soirée de concert où s’enchaîneront Superpoze, et Camp Claude que vous avez peut-être entendu sur madmoiZelle…
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Blond and Blond and Blond, Hømåj à la chonson française
Le trio suédois déjanté sera présent en Avignon, pour rendre hommage à « la chonson » française. Je dois vous avouer que de mémoire de contributrice chez madmoiZelle, on avait rarement reçu un groupe aussi FOU ! L’enregistrement de leur session acoustique a donné lieu à un petit réaménagement du studio, et a été… comment dire ? Tout sauf discret.
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Cette vigueur et cet enthousiasme m’ont résolument donné envie d’aller voir ces personnes complètement frappadingues sur scène ! (Oui c’est une contraction de « frappées » et de « dingues » : j’ai bien cherché, c’est l’adjectif qui les qualifie le mieux.)
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Seul•e en scène au OFF d’Avignon 2015
Le OFF, c’est aussi l’occasion de découvrir les futur•e•s « one », ces artistes seul•es en scène, qui s’échauffent sur les planches avignonnaises avant de partir en tournée à travers la France ! Norman (celui qui fait des vidéos) y jouera notamment du 15 au 26 juillet.
Yacine Belhousse et Dédo
Yacine Belhousse et Dédo ont déjà formé un duo fantastique à plusieurs reprises. Ce n’est pas la première fois qu’ils croisent leurs plumes et leurs talents, puisqu’ils ont l’habitude de travailler ensemble pour faire rire les Internets, que ce soit à travers L’histoire racontée par des chaussettes ou d’autres réalisations humoristiques.
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Riche en humour noir et en sarcasme, le style de Dédo contraste fortement avec l’optimisme fifou et les échappées absurdes de Yacine Belhousse. Mais les deux humoristes ont un point commun déterminant : ils ont des messages à faire passer ! Ils ne se contenteront pas de nous faire rire — s’ils nous montrent la laideur du monde ou son absurdité, c’est aussi pour nous placer face à nos contradictions.
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J’ai eu la chance de pouvoir assister au nouveau spectacle de Yacine Belhousse à La Nouvelle Seine, celui dont il joue une grande partie au festival d’Avignon, et j’emprunte les mots de Mircéa Austen pour vous le recommander chaudement :
« C’est enfin un spectacle humoristique où, j’ai presque envie de dire « enfin », on prend ta matière grise et on lui fait de gros bisous. Il y a des « messages » […] sociétaux, politiques glissés avec une malice évidente. Je pense à ces cinq minutes de performance, où, entre « Mon pays » et « Mon pays », il parle de la France où il est né et de ses parents originaires d’Algérie… française. »
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Yacine et Dédo partagent une scène jusqu’au 26 juillet, et il me tarde d’aller y assister ! Rendez-vous ce week-end, les amis !
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Audrey Vernon, Chagrin d’amour
Vous ne connaissez peut-être pas Audrey Vernon, et c’est fort dommage. J’ai découvert cette jeune comédienne à la Nouvelle Scène, dans un spectacle en solo qui, a priori, ne me parlait pas du tout. Ça s’appelait Chagrin d’amour, et c’était Phèdre revisitée, ou plutôt interrompue constamment par les tribulations d’une comédienne qui traverse une rupture amoureuse. Quand je pense que j’aurais pu passer à côté de cette merveille à cause de mes préjugés sur les sujets d’amour et de couple… J’en ai encore des frissons.
Chagrin d’amour, c’était bien, vachement bien même, et j’emprunte ici les mots de Sophie Riche pour vous crier mon admiration pour cette femme :
« C’est un spectacle drôle et documenté et intimiste, et touchant et drôle et fin et profond, et introspectif et drôle. Je vous ai dit que c’était drôle ? Parce que c’est drôle, aussi. On ne pleure pas que de rire si on reconnaît ce qu’on vit, ce qu’on a vécu (ou ce qu’on craint de vivre parce que ça voudrait dire qu’on pourrait perdre un jour la personne qu’on aime) mais c’est drôle.
Ça fait du bien parce que ça prend les chagrins d’amour pour ce qu’ils sont : des drames. Des drames qui durent plus ou moins longtemps, dont on se remet plus ou moins rapidement, dont on peut (dont on DOIT, je dirai même) rire (mais pas que), mais des drames personnels.
Dans un monde où l’auto-apitoiement, même pour dix minutes, est souvent super mal vu, ça fait vachement de bien. Ça fait vachement de bien parce qu’on rit de ce qui nous brise ou nous a brisé le coeur, et parce que ça rappelle qu’après ces épreuves de la vie là, bah y a encore de la vie. »
En bref : courez-y ! (La mise en scène est signée Vincent Dedienne, que je ne vous présente plus tellement j’en parle toutes les semaines avec ses Bio Interdites…)
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Audrey Vernon, Marx et Jenny
Parce qu’Audrey Vernon est une wonderwoman de choc, elle ne joue pas un mais DEUX spectacles pendant le OFF ! Si vraiment le thème amoureux ne vous parle pas du tout du tout du tout (et bon, vous en faites ce que vous voulez, mais moi-même, j’étais de celles-là, et j’ai quand même adoré), vous préférez peut-être l’autre registre de la comédienne.
Marx et Jenny est un autre « seul en scène », ou plutôt « le premier one Marx show ». Oui messieurs-dames, si vous ne comprenez rien à l’économie, Audrey Vernon se fait l’honneur et le devoir de vous amener à réfléchir sans vous assommer, ainsi qu’on peut le lire dans le résumé de son spectacle :
« Vous vivrez au grand galop la vie de Karl Marx et de son ami Engels, de sa femme Jenny et de leur bonne Lenchen, des enfants qui naissent et qui meurent, de la pauvreté à Londres. C’est d’une instruction exemplaire et vous en emportez le savoir pour le restant de vos jours. Audrey Vernon croit à l’absolu qu’il est possible d’intéresser le public avec le récit de l’intelligence. »
Le rendez-vous est pris !
Baptiste Lecaplain, Origines
Baptiste Lecaplain est partout : dans les spots de la sécurité routière, dans Bref., sur scène, dans le LOL des Internets, au cinéma, et maintenant dans le OFF d’Avignon, avec son nouveau spectacle, Origines.
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Je crois que j’ai vraiment découvert Baptiste Lecaplain en allant voir le film Libre et Assoupi, sur la valeur du travail. J’ai rarement été aussi attachée à personnage qu’à celui de Sébastien, inventeur du « slipisme », que je pratique régulièrement le week-end et en période de télétravail.
J’ai hâte de découvrir Origines parce que Baptiste Lecaplain fait partie de ces humoristes qui savent être drôles et touchants, et dont je raffole ! Je reviendrai très certainement vous en parler après l’avoir vu.
OcéaneRoseMarie, Chatons violents
OcéaneRoseMarie, ce nom-là aussi vous dit peut-être quelque chose. C’est qu’elle l’a fait connaître par son premier spectacle, La Lesbienne Invisible. Je ne sais pas sur quelle planète j’étais, mais j’en suis passée à côté, à mon immense regret. Je vais éviter de renouveler cette erreur en fonçant voir son nouveau spectacle, qu’elle présente au OFF jusqu’au 26 juillet.
OcéaneRoseMarie est aussi la metteuse en scène de Sapin Le Jour, Ogre La Nuit, le spectacle de Sophie-Marie Larrouy, une personne fort douée pour le rire et la galéjade, et qui nous régale régulièrement au micro des brillantes Émifions.
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Je suis allée lire le résumé de Chatons Violents sur le programme du festival, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est plutôt énigmatique :
« Océanerosemarie est de retour avec un nouveau seul en scène, qui évoque tour à tour les problèmes de couple, l’adoption de chatons, les parisiens qui s’exilent à Marseille, le racisme de gauche et même le message de Jésus !
Océanerosemarie fait mouche et réussit le tour de force d’aborder des sujets hautement « sensibles » avec humour et bienveillance. »
Du côté de ceux qui l’ont déjà vue sur scène, je n’aurai pas davantage d’informations : « subtile et incorrecte », qui manie « le politiquement sensible » pour Paris Match, son spectacle est « aussi cinglant que juste, aussi malicieux que tendre » selon Libération… voilà des critiques qui attisent ma curiosité et nourrissent mon intérêt !
Alors écoutez, voilà ce que je vous propose : je vais aller voir ce spectacle, et je vous en parlerai à mon retour d’Avignon. Pour celles et ceux qui ont la chance d’y être, on se voit là-bas ? On me dit dans l’oreillette que Chatons Violents se joue à guichet fermé plusieurs soirs à l’avance, donc allez-y, hâtez-vous, férus de belles scènes, d’aller réserver le sésame !
Sur les planches du OFF d’Avignon 2015
Slimane-Baptiste Berhoun, dans Milarepa
Slimane-Baptiste Berhoun, c’est un peu « ma découverte » et mon coup de coeur de l’année. Il fait partie du collectif d’auteurs-réalisateurs Frenchnerd. Ami et collaborateur de longue date de François Descraques, il a joué dans la websérie Le Visiteur du Futur le rôle du Docteur Henry Castafolte, et il vient de signer le roman préquel, La Meute.
Il a mille cordes à son arc, ou plutôt, mille registres à son répertoire artistique. En 2010, il écrit et réalise J’ai Jamais Su Dire Non, que j’ai découvert par hasard un beau jour de gueule de bois en janvier 2015, à quelques semaines du lancement de sa nouvelle websérie, La Théorie des Balls, un spin-off inspiré de la première.
Slimane-Baptiste Berhoun, vous l’avez vu dans Les Pires de Marion et Sophie, et pendant toute la saison 2014-2015, dans les vidéos de FrenchBall. C’était l’agaçant détective Pinsard Pinsarre Pinsart, qui avait toujours la solution des énigmes de Speed Detective avant tout le monde. (Moi, à la place de Baudoin et Barnabé, je lui aurais fait bouffer son lait-fraise avec la paille dès le premier épisode) (je ne suis pas patiente, y a quoi ?)
Cet été, pendant tout le mois de juillet, Slimane-Baptiste est sur les planches dans une pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt, Milarepa, au programme du OFF d’Avignon.
Milarépa est un moine tibétain, et Milarepa d’Éric-Emmanuel Schmitt est l’histoire de Simon, un jeune homme qui fait toutes les nuits le même rêve, car il est la réincarnation de l’oncle de Milarépa, qui voue une haine farouche à son neveu. Pour en sortir, Simon va devoir raconter l’histoire de ces deux hommes… Et dérouler ces questionnements infinis dont Éric-Emmanuel Schmitt a le secret.
J’ai vu passer une interview de Stanislas Grassian, le metteur en scène, et de Slimane-Baptiste Berhoun à propos de la pièce, et à la question de savoir comment le jeune comédien est passé de YouTube à Avignon, il a répondu qu’on lui avait proposé ce rôle, et donc il l’a accepté, parce que c’était une occasion intéressante de faire quelque chose de nouveau, de différent.
« Au moment où on m’a proposé Milarépa, donc de jouer Bouddha en quelques sortes, c’était un moment où on ne me proposait que des rôles de présentateur télé. Je me suis dit, quelque part, ça ne se refuse pas, parce que ça ne se reproduira peut-être pas forcément demain !
Ok, soyons fous, allons-y pour Bouddha, et voyons comment ça va se passer ! »
Retenez bien cette raison, c’est une très bonne raison de faire quelque chose dans la vie : « soyons fous et voyons comment ça va se passer ».
Je l’ai ratée lorsqu’elle a été jouée à Paris , qu’à cela ne tienne, j’irai donc découvrir cette pièce au OFF d’Avignon. Et je le raconterai comme ça aussi à tou•tes mes ami•es : t’as fait quoi ce week-end ? Ah moi ? Oui, j’étais « au OFF d’Avignon ». Je n’ai pas beaucoup d’ami•es en vrai, ils me détestent… Mais on s’égare.
Bonus du OFF d’Avignon 2015 !
Elle est à Avignon sans y être, parce qu’elle joue à Rennes du mercredi au samedi, et à Paris tous les mardis de juillet, mais Marine Baousson a néanmoins un orteil à Avignon : elle est l’une des auteures de Mère Indigne, joué par Olivia Moore !
Si vous aimez la critique sociale et la catharsis par le rire, mon petit doigt me dit que Mère Indignée a été écrit pour vous…
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Et toi, es-tu allée au festival d’Avignon cette année ? Quels spectacles recommandes-tu ? Viens en parler dans les commentaires ! Personnellement, j’y serai du 17 au 20 juillet, et je n’ai pas encore bouclé mon programme, je suis toute ouïe.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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