C’était il y a moins de dix ans. J’étais ado, le lycée c’était de la merde et je me disputais tout le temps avec mes darons.
En plus, j’avais pas d’autre choix que de me fringuer chez Kiabi et la Halle aux Vêtements, et mon pull le plus chaud avait un gros nounours en guise de motif.
Et puis des potes un peu plus stylés que moi, qui savaient jouer Wonderwall à la guitare et fumer sans crapoter, m’ont donné leur secret : Goéland, l’e-shop pour punks en puissance.
J’ai passé commande et ma vie a changé. Eh bien aujourd’hui, il va être temps d’enterrer un ami. Goéland a mis la clé sous la porte après 27 ans de bons et loyaux services.
Parce que cette marque a joué un vrai rôle dans ma vie, je vous propose une rétrospective de mon adolescence en trois produits phares.
Dans l’optique de retrouver ce moi de quinze ans extrêmement cynique et grinçant, je tiens à préciser que je serai terriblement salée dans cet article. Vous voilà prévenu•e.
Les indétrônables tee-shirts à messages de Goéland
Ado, j’avais besoin de montrer que j’étais quelqu’un de cool, mais plutôt cynique.
Je pouvais pas me contenter d’être sympa et optimiste, parce que tout le monde m’aurait traitée de gamine. Je me devais de faire preuve de second degré à l’égard de la vie.
Quand j’ai découvert Goéland, j’ai défailli face au nombre incalculable de tee-shirts à messages proposés par la marque. J’ai bien sûr louché sur le merchandising Babylon Circus, Les Têtes Raides ou encore Linkin Park.
Mais comme à l’époque j’étais déjà accro aux jeux vidéo, j’ai opté pour un motif qui clamait ma passion au reste du monde tout en montrant mon cynisme décapant.
Hé, on rigole bien non ?
Bon, j’en n’ai pas commandé 6 000 non plus. Parce qu’il fallait régler en carte et que ma mère était ultra prudente quand elle utilisait ce moyen de paiement sur Internet. Elle mettait bien trois minutes à cliquer sur chaque bouton histoire de vérifier que tout était réglo.
Je limitais donc le nombre de commandes et comme j’avais peu de tunes, je n’achetais que quelques trucs. Mais ce tee-shirt, j’ai pas hésité une seule seconde avant de me l’offrir.
Les sarouels de toutes les couleurs de Goéland
Ah, les sarouels… Ces vêtements représentent pour moi toute une époque.
On va pas se mentir, quand on est tout le temps en jean, passer à un pantalon plus léger, ça fait du bien. Ça donne presque l’impression de se balader cul nu au lycée et, à titre personnel, c’était un énorme kif.
J’entends encore mon père : « halala mais on dirait que tu t’es fait caca dessus ! »
Et puis les sarouels, c’était pratique pour rouler les clopes. Avec mes potes, on s’asseyait devant le bahut et on posait notre tabac et nos filtres entre nos jambes, comme ça rien ne s’envolait à cause du vent.
Pour beaucoup de monde, c’était aussi l’occasion de dire fuck aux parents, qui les traitaient de débraillés.
Moi j’avais deux sarouels légers que je portais l’été, mais plusieurs de mes amies en avaient des plus épais, à porter l’hiver. Ils s’accompagnaient souvent d’un motif jaune fluo et d’une colonie d’atébas dans les cheveux.
Et d’un écarteur à l’oreille.
Et de bracelets avec des grosses perles en bois rondes.
Les hoodies à oreilles d’animaux de Goéland
J’ai toujours rêvé des hoodies à oreilles d’animaux mais j’ai jamais sauté le pas parce que j’avais peur qu’on se moque de moi.
Parmi les client•es de Goéland, il y avait différents types de personnes (que j’ai incarnés tour à tour) : les hippies, les geeks, les punks… et les otakus !
Ces derniers, dans mon lycée, ne s’intégraient pas très bien avec le reste du bahut. Leurs vrai•es ami•es étaient sur Internet et leurs camarades de classe n’étaient que des formes de vie sans intérêt.
À lire aussi : Anatomie d’un Skyblog : dissection et nostalgie
Ces gens-là trouvaient leur bonheur chez Goéland, au travers de fringues toutes mignonnes dotées d’oreilles de chats ou d’ours.
Ils avaient aussi une fâcheuse tendance à s’exprimer en miaulant et à proposer des free hugs à chaque occasion (convention geek, 14 juillet, enterrement…).
Pour beaucoup de personnes de mon âge, Goéland n’était pas qu’une boutique : c’était un moyen d’affirmer son appartenance à un groupe.
C’était les patchs pour sac à dos qu’on achetait pendant les concerts et les fringues décalées qu’on commandait sur Internet.
Pour tout ça, merci et salut à toi, Goéland !
À lire aussi : Ces modes du collège un peu WTF sur les bords
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires