En partenariat avec la Fondation L’Oréal (notre Manifeste).
Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à dédier sa vie à la découverte et à la science ? La curiosité ? La passion ? L’envie de comprendre ?
Les raisons sont nombreuses. Mais il arrive qu’une sale petite voix intérieure résonne pour donner 1000 autres raisons de ne PAS se lancer dans la science.
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Le syndrome de l’imposteur des femmes en science
Cette voix, comme l’explique si bien Mymy, c’est celle du syndrome de l’imposteur.
Chez Nina, 21 ans, il aurait pu changer le cours de son orientation scolaire.
L’étudiante en master en microbiologie environnementale au Musée National d’Histoire Naturelle de Paris a hésité à suivre sa vocation à la sortie du lycée.
Elle raconte :
« J’ai failli aller faire une licence classique car je ne me pensais pas capable d’aller dans une formation spéciale.
Ma mère m’a poussée à passer l’entretien et je crois que c’est l’une des meilleures décisions de ma vie. »
À 23 ans, Oriane aussi a dû affronter ce satané syndrome de l’imposteur au moment du choix de sa formation en études supérieures. Étudiante en biologie génétique, elle explique :
« L’obstacle que j’ai eu à dépasser, c’est surtout la barrière mentale que je me suis imposée.
Je me suis souvent dit que je ne serai jamais à la hauteur, jamais assez douée, ni assez intelligente. Je me comparais souvent à des garçons que je trouvais plus doués que moi. »
Aujourd’hui, grâce à des amitiés bienveillantes et une famille présente, Oriane a vaincu ces pensées parasites.
« Pour moi la plus grosse difficulté pour les femmes dans les sciences, c’est de se sentir légitime en tant que scientifique. »
Selon Charlotte, doctorante en science du sol du haut de ses 27 ans, le syndrome de l’imposteur aurait un lien avec la plus faible présence des femmes dans la science :
« Je me demande s’il y a plus d’hommes que de femmes parce que les filles se dévalorisent beaucoup plus facilement ?
Je suis probablement moi-même atteinte de ce syndrome de l’imposteur.
C’est sûrement lié à la façon dont on élève les petites filles ou les petits garçons et cela fait écho à des clichés auxquels tout le monde finit par se conformer…
Il faut évidemment questionner tout ça. »
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Les discriminations du quotidien qui touchent les femmes scientifiques
Avec ce foutu adversaire qu’est le syndrome de l’imposteur, pas facile d’évoluer dans un milieu très masculin.
Selon les chiffres, très certainement !
D’après l’UNESCO en 2015, les femmes représentaient 28% des scientifiques en 2015 et occupaient seulement 11% des postes à responsabilités.
Il est bon de rappeler que seulement 3% des Prix Nobel Scientifiques ont été remis à des femmes depuis que cette distinction a été créée en 1901.
Dans ce contexte, certaines scientifiques ont dû faire face à des remarques ou des comportements sexistes qui polluent le quotidien.
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Galatée, qui rédige sa thèse en physique et ingénierie électronique, rapporte :
« J’ai eu un prof de prépa particulièrement nauséabond, qui disait à ma voisine de paillasse qu’elle était : trop belle pour s’enfermer dans un labo. »
Dans les études, des futures scientifiques ont affaire à des professeurs qui commentent leur couleur de cheveux en plein cours, des collègues plus âgés qui les infantilisent…
Caroline, qui travaille sur l’activité sismique en Vendée littorale, confie cette anecdote :
« Un directeur de thèse voulait savoir si j’étais couple. Comme c’était le cas, il m’a demandé si je survivrais à une rupture pendant ma thèse, et également si j’avais prévu de faire un enfant pendant ma thèse… »
Le plafond de verre qui limite les femmes scientifiques
Au-delà de ces discriminations, remarques et autres comportements sexistes et/ou inappropriés, les scientifiques femmes se heurtent au plafond de verre qui demeure une triste réalité dans le domaine de la recherche.
Leur carrière est très souvent limitée à certains postes et il leur est compliqué d’avoir accès à certaines responsabilités.
Élise, étudiante en écologie marine, l’a constaté dans le corps enseignant des universités où elle a étudié.
« J’ai remarqué, qu’il y avait tout de même une minorité de femmes parmi mes enseignants et les chercheurs, mais celles que j’ai rencontré durant mon parcours, je les admire. »
Alors qu’elle n’a que 21 ans, Nina se pose des questions sur la construction de son avenir.
Selon elle, le plafond de verre pourrait bien avoir un impact sur ses choix de vie. Elle explique :
« Si je choisis de fonder une famille, j’ai peur que cela se fasse aux dépends de ma carrière. Le cycle classique de carrière de chercheurs est peu adapté à la vie des femmes.
Généralement, l’étape critique de la carrière arrive à 30 ou 35 ans, là où les femmes sont souvent occupées par leurs enfants…
C’est en partie pour cela que les postes à responsabilité sont peu féminisés. »
Elle rapporte aussi son ressenti sur la façon dont les travaux sont encadrés :
« Tant qu’on n’atteint pas un certain niveau, il faut constamment être encadrée par un autre chercheur, et j’ai l’impression qu’il s’agit souvent d’un homme. »
Tous ces obstacles ne les ont pas découragées à poursuivre dans le monde la science.
Élise confie même qu’elle voit les mentalités changer et s’améliorer au fil du temps !
Sophie, une des trente jeunes scientifiques récompensées par une bourse de recherches L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science 2018, explique que sa carrière professionnelle dans les sciences est indissociable de sa condition de femme.
Des prix pour mettre avant les femmes dans la science
Afin de briser ce plafond de verre et d’inspirer toutes les filles et jeunes femmes qui aimeraient devenir scientifique, des prix existent pour mettre en lumière des femmes.
Une de ces récompenses est le prix de la Fondation L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science lancé en 1998.
La Fondation L’Oréal et l’UNESCO mettent ainsi en lumière chaque année 5 lauréates internationales, chacune représentant une grande région du monde.
En 20 ans, plus d’une centaine de femmes de sciences ont ainsi été primées, dont trois ont eu un prix Nobel.
Ce programme soutient aussi les jeunes chercheuses en donnant des bourses de recherche à des doctorantes ou post-doctorantes, en France mais aussi à l’international.
Il est primordial de mettre en avant des exemples de femmes scientifiques qui réussissent afin de susciter des vocations.
Par exemple, Nina admire beaucoup ses professeures dans le milieu de la biologie.
« En master, je pense que la moitié de mes enseignants sont des femmes brillantes, ce qui me permet de me créer des modèles et des inspirations. »
Alexandra Palt, directrice de la Fondation L’Oréal depuis 2017, confirme que les lauréates et candidates aux Prix l’Oréal-UNESCO sont toutes des « femmes exceptionnelles ».
Elle ajoute :
« Les lauréates sont récompensées pour leur parcours d’excellence scientifique avant toute chose et la contribution scientifique qu’elles apportent à la société.
Elles sont actrices de la société et de son évolution.
Les mettre en lumière contribue à inspirer les jeunes générations et à faire bouger les lignes. »
De plus, des programmes sont organisés dans le but de proposer aux jeunes boursières des formations qui complètent leur expertise scientifique : management, prise de parole en public, etc.
Le but est de leur donner les moyens de poursuivre leurs travaux et de briser plus facilement le plafond de verre.
Plus de 280 jeunes scientifiques sont ainsi accompagnées chaque année partout dans le monde.
Autant d’initiatives qui encouragent les jeunes femmes à s’intéresser et à se lancer dans un secteur où personne ne les attend.
Johanna, chercheuse en physique dans le domaine des nanomateriaux, y croit et conclut avec ces mots :
« Rien n’est interdit parce que nous sommes des femmes, et la société l’apprend un peu plus tous les jours. »
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