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Culture

Quatre livres qui parlent de la vie des femmes noires

Ces quatre ouvrages se penchent sur la vie des femmes noires, et sur la difficulté de conjuguer leur physique avec les exigences de beauté occidentales.

Voici une sélection de quelques-unes des auteures afro-caribéennes les plus talentueuses de ces dernières années. Leurs livres traitent de la difficulté à conjuguer des origines étrangères avec une société occidentale qui n’accepte pas toujours la diversité. Sans jamais tomber dans la victimisation, ces ouvrages traitent d’une façon intelligente et lucide des questions liées à l’acceptation de soi et de la manière avec laquelle de nombreuses femmes noires tentent de briser les clichés et les stéréotypes.

Au-delà de l’aspect qui englobe les origines et la couleur de peau, ces livres restent de très bons ouvrages pour comprendre les questions liées à la recherche d’identité, qui concernent tout le monde !

Blues pour Élise, de Léonora Miano

blues pour elise

Blues pour Élise raconte l’histoire de quatre personnages aux parcours différents mais qui ont pour point commun d’être des femmes noires vivant en France. Akasha, Amaharo, Malaika et Shale sont Parisiennes, trentenaires, actives, aiment les sorties et les fringues. La particularité de ce roman est de traiter des problèmes de cœur de personnages qui se retrouvent dans la double particularité d’être femme et d’être noire. On découvre par exemple Malaika, qui s’interroge sur les réels sentiments de son fiancé immigré…

Blues pour Élise ne parle pas seulement des problèmes auxquels est confrontée une femme noire vivant en France, mais traite également des relations compliquées ente les Antillais•es et les Africain•e•s, notamment à travers le vécu de la mère d’Akasha, Martiniquaise considérée comme « trop noire » par les siens, qui ne s’est jamais sentie à sa place.

C’est avec humour que Léonora Miano parle des hommes, peu importe leur couleur de peau. Elle raconte le complexe de l’homme noir, de plus en plus fragile face aux relations amoureuses, et le sentiment de culpabilité de l’homme blanc, décrit en ces termes :

« Depuis un moment, [il] poussait, lui aussi, son sanglot. Il souffrait. Le capitalisme dérégulé l’oppressait, les traders le mettaient sur la paille […] il se demandait à quoi ça avait servi, tout ça : le code noir, le code de l’indigénat, ça lui faisait une belle jambe, il avait honte de ses aïeux, voulait tout effacer. »

Peau noire, cheveu crépu de Juliette Sméralda

juliette smeralda

Peau noire, cheveu crépu est un excellent recueil qui montre comment la culture occidentale a progressivement réussi à faire naître une relation de haine entre un•e Noir et ses cheveux. Juliette Sméralda commence par les prémices de cette aliénation, datant du temps où les esclaves voulaient imiter leurs maîtres blancs. Elle continue en parlant des canons de beauté en vigueur (peau pâle et cheveux lisses) qui ont poussés les Noir•e•s à associer la peau sombre et les cheveux crépus à la laideur.

Le livre se penche sur les questions des traitements liés à la modification de la nature du cheveu crépu (défrisage) et de la peau noire

(crèmes éclaircissantes), avant de se pencher sur les mouvements identitaires qui ont remis en question ces pratiques (comme, récemment, le nappy). Morceau choisi :

« Par la pratique du défrisage, il s’agit de soustraire les cheveux à la tyrannie du regard qui pénalise socialement. Crépu étant synonyme de disgrâce, d’imperfection, de ruralité, de manque de raffinement, etc., ce cheveu-là doit disparaître derrière un lissage qui, il y a peu, n’était pas encore infaillible comme il l’est aujourd’hui. La publicité, cela a été dit, axe désormais sa propagande sur le fait que la femme défrisée n’a plus à craindre l’humidité qui fait refriser ses cheveux. Elle peut désormais se baigner à loisir, et se dépenser physiquement comme elle l’entend, sans craindre pour sa façade sociale. Sans craindre que dame Nature ne lui joue un mauvais tour. L’invention du défrisage à froid a en effet révolutionné la pratique du lissage désormais irréversible. »

À lire aussi : 13 clichés insupportables sur les femmes noires — Naya te veut du bien

Tribulations d’une Négropolitaine, de Louise Adelson

tribulation d'une negropolitaine

Dans ce roman, Le personnage de Louise Adelson tente de lever le voile qui recouvrait son passé et l’empêchait d’en savoir plus sur ses origines. L’auteure emprunte le pseudonyme de Louise Adelson pour raconter les combats menés par son personnage fictif, une femme métisse, née d’un père antillais et d’une mère vendéenne, dans une société qui stigmatise les personnes non-blanches.

Sans langue de bois, l’auteure revient sur l’esclavage et les années de néo-colonialisme qui lui ont succédé. Le livre met en lumière le personnage de Louise, adolescente qui tente de renouer avec ses origines en rassemblant les morceaux du passé de ses parents récemment décédés. C’est en vidant la maison et le grenier familial qu’elle tombera sur des lettres et des vieux bibelots qui lui permettront de mieux connaître ses origines.

Même si aujourd’hui la colonisation est censée ne plus être d’actualité, Louise Adelson parle de « colonisation mentale » dont sont victimes de nombreux et nombreuses Noir•e•s en France. Elle se rattache aux figures emblématiques de la culture afropéenne, et à travers des témoignages d’aujourd’hui et d’après-guerre, elle parvient à traiter des questions de mixité et de racisme tout en collant à l’actualité.

Americanah, de Chimamanda Ngozie Adichie

americanah

La conférence TED de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, intitulée Le danger d’une histoire unique, avait recueilli des millions vues et avait marqué les esprits. Elle y racontait à quel point il était néfaste de cultiver des clichés et des idées reçues envers une personne ou un pays. Elle traitait aussi de la surreprésentation de protagonistes blancs dans la culture littéraire et de l’impossibilité pour un enfant noir de pouvoir s’identifier à des personnages qui lui ressemblent.

Americanah, à mi-chemin entre l’autobiographie et la fiction, raconte une histoire d’amour. Ifemelu quitte le Nigéria, son pays natal, pour poursuivre ses études aux États-Unis. Elle laisse derrière elle son partenaire, Obinze, qui cultive toujours l’espoir d’une future vie de couple au pays de l’Oncle Sam.

Si, au Nigéria, Ifemelu n’était jamais considérée à travers sa couleur de peau, elle se confronte au racisme une fois arrivée dans ce qu’elle pensait être un eldorado. La question de la race est prépondérante et extrêmement d’actualité dans un pays où on rappelle sans arrêt aux Noirs qu’ils sont Noirs…

Réjouissons-nous : une adaptation cinématographique d’Americanah, avec l’actrice Lupita Nyong’o, est en cours de production !

Et vous, quel•le•s auteur•es noir•es chérissez-vous ?

À lire aussi : Sélection de livres qui rendent heureux


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Les Commentaires

6
Avatar de lilimi
9 mai 2015 à 21h05
lilimi
Il faut que je lise chacun de ces livres ! owant:
Je suis inculte, je ne connaissais aucune des auteures
Merci pour la découverte !

Sinon, en parlant de la surreprésentation des personnages blancs, ma petite sœur (4ans) est allée voir "En Route", et la première chose qu'elle m'a dit dessus, c'est que l'héroïne était "marron et avait les cheveux crépus" comme elle ! uppyeyes:
5
Voir les 6 commentaires

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