En partenariat avec Jour2Fête (notre Manifeste)
Papicha, de quoi ça parle ?
Nedjma a 18 ans, et la mode est son plus grand moyen d’expression.
Elle vit dans la cité universitaire de son école, avec ses copines. Parfois, elle rentre chez sa mère, une femme ouverte d’esprit qui l’encourage à s’instruire et s’exprimer en dépit de la politique du pays.
Le soir, elle s’échappe en boîte de nuit pour danser et vendre ses robes aux papichas, les « jolies jeunes femmes algériennes ».
Alors que le pays est en proie à la violence et qu’une menace insidieuse pèse sur les femmes qui sortent sans voile, Nedjma refuse de se couvrir et se bat pour conserver ses maigres libertés.
Pour aller au bout de ses idées, elle brave tous les interdits et organise même un défilé de mode, qui fait déjà grand bruit avant même d’avoir eu lieu…
Tu es férue de mode, d’histoire ou des deux, et en particulier des FEMMES qui ont marqué leur temps ? Tu as cliqué au bon endroit !
Laisse-moi te présenter plusieurs personnalités féminines qui ont impacté la société et façonné le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
Vivienne Westwood, pionnière de la mode éthique
Aujourd’hui, il n’est pas rare que des designers de mode se servent de leurs collections pour faire passer des messages, que ce soit sur l’environnement ou la société. La première à le faire, c’était Vivienne Westwood.
La mode est un moyen d’expression et comme toute autre forme d’art, elle peut servir à faire entendre sa voix.
La créatrice britannique fait ses débuts dans les années 1970, alors que le mouvement punk dont elle fait elle-même partie est en plein essor.
Elle se fait connaître en créant des tenues pour les Sex Pistols. Avec le manager du groupe, Malcolm McLaren, elle ouvre sa toute première boutique à Londres, SEX.
Vivienne Westwood est la pionnière de la mode éthique. Réduire, réutiliser, repenser, voilà ses mots d’ordre.
Les créations de Vivienne sont conçues à partir de chutes de tissus ou de stocks invendus. Elle est depuis toujours une humaniste et une militante, et cela transparaît dans ses créations.
Engagée pour l’environnement et les droits de l’homme, Westwood se définit comme « en croisade pour le végétarisme » en soutenant des organisations telles que PETA.
Aujourd’hui, c’est son mari Derek Westwood qui est le designer artistique de la marque, et il a gardé les mêmes valeurs !
Mary Quant rend aux femmes leur indépendance
Mary Quant est l’inventrice de la minijupe. (Non, ce n’est pas Courrèges, c’était bien une femme.)
En plein milieu des années 1960, ce tout nouvel accoutrement crée un choc des générations.
Les hommes mûrs crient au scandale, comme le raconte la créatrice britannique dans sa biographie :
Les messieurs en chapeau melon frappaient sur nos vitrines avec leurs parapluies en criant « Immoral et dégoûtant ! » à la vue de nos minijupes sur les collants, mais les clientes affluaient pour acheter.
À l’inverse de ces messieurs réactionnaires, les jeunes femmes voient en la minijupe un moyen de s’émanciper et d’afficher leur indépendance.
Adieu la longue jupe qui enserre les jambes, Mary Quant dit souhaiter que les femmes puissent courir pour attraper leur bus !
Aujourd’hui, tu trouves peut-être que la minijupe moulante n’est pas ce qu’il y a de plus pratique… Ce qui en dit long sur l’inconfort des femmes avant l’existence de celle-ci.
Comme cette jupe est non seulement très courte mais aussi moulante, ça ne plaît guère aux parents desdites jeunes femmes, qui rechignent à les laisser sortir les jambes nues.
Ces dernières vont donc ruser et porter en-dessous des collants opaques.
La minijupe se popularise tant qu’elle se retrouve sur des actrices françaises telles que Brigitte Bardot, et le reste de l’Hexagone l’adopte rapidement.
Si Mary Quant se désintéressera plus tard de la mode pour se reconvertir dans les cosmétiques et la décoration, elle l’aura marquée à jamais et aura aidé les femmes à exprimer leur indépendance à travers leurs vêtements !
Comment Elsa Schiaparelli a façonné la mode d’aujourd’hui
Elsa Schiaparelli est une créatrice de mode phare des années 1930.
Elle naît au palais Corsini à Rome. Elle est donc issue d’une famille aristocratique… qui l’envoie dans un couvent après avoir découvert qu’Elsa écrit des poèmes osés à ses heures perdues.
Sa mère ne cesse de lui répéter qu’elle est laide (sympathique n’est-ce pas ?), et c’est sûrement pourquoi Schiaparelli a toujours trouvé d’autres moyens que la beauté pour rendre ses créations intéressantes.
Ce qui lui importe, c’est le chic !
Elsa quitte l’Italie très tôt pour venir s’installer à Paris afin de se lancer dans la mode, où elle vient concurrencer Coco Chanel du fait de ses créations beaucoup plus amusantes et du renouveau qu’elle apporte.
Elle est la première créatrice à avoir donné des thèmes à ses défilés. Aujourd’hui, c’est le point de départ du processus créatif de toute designer qui prépare une collection !
Elle est aussi la première à avoir fait se rencontrer la mode et l’art. Elle fréquentait beaucoup d’artistes surréalistes et a notamment collaboré avec Picasso et Dalì, pour ne citer qu’eux.
Sa collaboration avec Dalì est peut-être la plus célèbre, puisqu’elle a donné naissance à la fameuse robe homard.
Cette création est inspirée du Téléphone Homard que le peintre italien crée en 1936, et la robe imaginée par Schiaparelli est peinte par Dalì lui-même.
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Elsa invente aussi le rose shocking, une nuance de rose très vif, bien loin du noir de Coco Chanel. C’est à partir de là que le fuchsia s’immisce petit à petit dans la mode.
Schiaparelli a apporté un côté plus amusant à la mode, moins technique et plus artistique !
Avant elle, la mode et l’art étaient deux domaines distincts. Depuis, ils sont étroitement liés.
Surtout, la mode a commencé à s’imposer comme un moyen d’expression eat plus seulement comme une simple recherche de beauté ou d’élégance !
Coco Chanel, la créatrice qui a libéré les femmes
Impossible de faire un tel article sans mentionner Coco Chanel.
C’est sûrement la plus connue de cette liste, mais je vais quand même te rappeler en quoi cette personne a eu un impact sur la société en même temps que sur la mode.
Emblème de son époque, le style Coco Chanel peut être défini par : simplicité, confort et élégance.
Les années 1920, juste après la Première Guerre Mondiale, constituent une période de renouveau. Les femmes se sont montrées aptes à être indépendantes, elles ont travaillé pendant la guerre et ont acquis une certaine crédibilité.
C’est ainsi qu’elles se mettent à conduire, à sortir seules… Chanel leur propose des vêtements qui vont avec leur nouveau mode de vie, plus libéré !
La mode de Coco Chanel fait disparaître le cintrage, les formes s’effacent, les jupes se raccourcissent… La silhouette devient androgyne. Coco Chanel est l’une des premières à se couper les cheveux courts, et tout le monde l’imite.
Imagine-toi que quelques années auparavant, nous étions en plein dans la Belle Époque. Les femmes portaient encore des jupons et des corsets !
La mode a connu un changement drastique et Coco Chanel fait partie de ses plus grandes instigatrices.
Elle popularise le pantalon féminin, bien qu’à l’époque il soit encore mal vu de le porter en public : les femmes se l’autorisent seulement en week-end à la campagne ou pour rester chez elles.
Et bien sûr, Coco est également l’inventrice de la fameuse petite robe noire, qui est aujourd’hui encore un basique. Sous Chanel, le noir n’est plus la couleur du deuil, elle est celle de l’élégance !
Elle est aussi la première à utiliser le tweed pour ses tailleurs, qui deviennent rapidement un grand classique de la marque.
La simplicité des créations de Chanel laisse la place aux bijoux et accessoires qui viennent pimper ses tenues. Elle-même propose sa propre collection de joaillerie.
Il est difficile aujourd’hui d’imaginer un tailleur Chanel sans son sautoir de perles et les boucles d’oreilles qui vont avec !
Même avec le recul que l’on a aujourd’hui, le style des années 1920 est étonnament moderne. Imagine si on avait continué d’évoluer à partir de là, et non régressé quelques décennies plus tard…
Notre société serait complètement différente, j’en suis sûre.
Malheureusement, le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale en a décidé autrement.
Caresse Crosby libère les femmes du corset
Caresse Crosby, de son nom d’origine Mary Phelps Jacob, grandit dans une puissante famille d’Angleterre.
La jeune femme ne supporte pas les conventions sociales et a tendance à faire ce qui lui plaît. Cette envie de non-conformisme sera exaucée puisqu’elle vivra une vie rythmée par de nombreuses aventures !
Mais c’est d’un moment précis de son existence que je veux te parler ici, puisqu’il a marqué l’Histoire.
Lors de son bal des débutantes en 1910, la jeune femme n’est pas conquise par la robe qu’elle porte.
Elle trouve qu’il lui manque quelque chose, que le corset se voit, bref elle ne se sent pas assez élégante. Elle demande alors à ses femmes de chambre de lui apporter des mouchoirs, un cordon, du ruban rose, une aiguille et un fil.
Et comme ça, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Caresse crée le premier soutien-gorge.
Léger et mille fois plus confortable que le corset, ce sous-vêtement flatte la poitrine autant qu’il la maintient. Mary fait fureur auprès de ses amies, qui lui en demandent toutes un exemplaire.
En 1914, elle brevette cette création en présentant ce vêtement de manière très convaincante :
Capable de s’adapter à toutes les morphologies en s’étirant de telle façon que la taille et la forme d’un seul modèle puisse convenir à une variété considérable de clientes, tellement efficace qu’il est portable même par des personnes pratiquant des jeux violents comme le tennis.
Caresse s’implante ensuite à Boston et ouvre la Fashion Form Brassiere Company, dans laquelle elle fait fabriquer en série des soutiens-gorge sans armatures.
Toutes ses ouvrières sont des femmes. Ainsi, elle leur donne l’opportunité d’avoir un travail, ce qui n’était pas chose facile à cette époque.
Elle vendra plus tard son brevet à la Warner Brother’s Corset Company… qui va amasser des millions de dollars pendant les décennies suivantes !
Grâce à Caresse Crosby, une alternative au corset a vu le jour et s’est démocratisée !
Rose Bertin, la première créatrice de mode de l’Histoire
Marie-Antoinette est réputée pour avoir été la première it-girl, fashion addict, influenceuse mode… ou peu importe le nom que tu donnes aux personnes férues de mode qui dictent les tendances.
Mais derrière son sens inégalable du style, il y avait en fait sa styliste, Rose Bertin, officieusement la première créatrice de mode de l’histoire.
À l’époque, il n’y avait pas de designer de mode. Les aristocrates faisaient leurs demandes à leurs couturiers qui exécutaient pour eux leur vision mais n’en retiraient aucun crédit.
Les tendances ne venaient pas d’instigateurs, elles se transmettaient d’une reine à sa cour et d’une cour à une autre.
Rose Bertin était la styliste personnelle de Marie-Antoinette au 18ème siècle. À la base, elle n’était pas née de bonne famille, mais elle a réussi à faire son chemin jusqu’à la cour.
Elle a grandi à Abbeville, région spécialisée en draperie et textile, alors elle a très tôt mis le pied dans ce milieu. Elle fait ses débuts dans la couture au sein de sa ville natale et devient si douée qu’elle se forge rapidement une réputation.
Rose décide alors de s’exporter à Paris, où elle est employée comme modiste (confectionneuse de chapeau) dans une maison de couture qui sert la royauté.
Elle est créative, prend des initiatives voire des risques et n’est plus seulement exécutante. Grâce à cela, elle connaît un franc succès qui lui permet d’ouvrir son propre magasin, rue Saint-Honoré : Au Grand Mogol.
Rose Bertin imagine ses propres créations qu’elle fait réaliser par ses couturières. De nos jours, c’est ce qu’on appelle une créatrice de mode !
Non seulement le tout-Paris vient lui passer commande, mais elle attire même des clientes aristocrates venues d’Angleterre, d’Espagne, de Suède, du Portugal…
Rose Bertin est présentée à Marie-Antoinette par la Duchesse de Chartres. La noble femme est automatiquement séduite par les créations de Rose, qui devient rapidement Ministre des modes à la cour !
Marie-Antoinette est réputée pour être une icône de mode. Mais avant sa rencontre avec Rose, celle-ci n’était guère bien asticotée…
La période qui marque la mode sous Marie-Antoinette est celle de l’exubérance. Tout est complètement fou, excentrique, plus que jamais chargé, volumineux et chatoyant.
Avec Léonard, coiffeur de la reine, Rose Bertin participe notamment à la confection des perruques folles qui marquent le règne de Marie-Antoinette, telle que la coiffure « à la mongolfier » « ou belle poule ».
Lorsque Marie-Antoinette se lasse de cette exubérance, Rose confectionne des robes simples, légères, pareilles à des chemises, qui font d’abord scandale avant d’être adoptées par toutes.
Si Charles Frederic Worth est officiellement le premier designer de mode, tu sais maintenant qu’à l’origine, c’est une femme qui s’est imposée comme créatrice à une époque où les vêtements n’étaient conçus que par des exécutants.
Rose Bertin n’est pas née noble, alors ce n’est pas ça qui l’a propulsée à la cour… Elle était déterminée, indéniablement douée et avait beaucoup d’ambition !
Voilà, tu sais tout sur ces 6 femmes et l’impact qu’elles ont eu sur le monde dans lequel on vit aujourd’hui ! Quelles sont selon toi les autres femmes inspirantes qui auraient pu figurer dans ce top ?
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Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Justement dans l'article, la personne qui l'a écrit est restée neutre et a présenté Chanel comme une personne qui a bouleversé la mode par ses créations, l'article n'est pas écrit pour présenter la vie de Chanel donc s'en tenir à son impact sur la mode française est "normal". Dans ce cas, il aurait fallu faire un article sur chaque femme présentée dans l'article.