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Culture

Les femmes et le jeu vidéo – Compte-rendu de la conférence

Les femmes et le jeu vidéo : ce sujet était au centre d’une conférence qui a eu lieu cette semaine pendant les Rencontres Vidéoludiques. LadyDandy vous résume tout ça !

Le jeudi 6 juin avait lieu une conférence alléchante autour du thème qui a disloqué les familles les plus unies et détruit les couples les plus amoureux : la place de la femme dans l’univers des jeux vidéo !

Forte de mes lectures de Mar_Lard, une des intervenantes avec laquelle je suis globalement d’accord, j’y allais plutôt convaincue, m’attendant à entrer dans ma zone de confort et… la conférence m’en a plutôt tirée et m’a amenée à me poser quelques questions.

Public diversifié et intervenantEs qualifiées

À l’arrivée : première surprise (plutôt heureuse je dois dire) : il y avait environ autant d’hommes que de femmes dans la salle ; peut-être est-ce la thématique du jeu vidéo qui fédère ? En tous cas, tous et toutes semblaient plutôt sérieu-x-ses et intéressé-e-s.

Comme beaucoup tweetaient ou prenaient des notes, je me suis donnée une contenance en sortant un carnet qui s’est avéré fort utile pour vous fournir le compte-rendu non exhaustif qui va suivre (et j’ai dessiné des licornes aussi… ils ont commencé avec un peu de retard).

Les cinq intervenants étaient des intervenantes ce qui n’était apparemment pas prévu au départ mais je me demande si ce n’est pas mieux ainsi. Je me demande si un homme pourrait témoigner sans partialité de la « réalité des choses ».

Elles étaient toutes issues du milieu du jeu vidéo au sens large : journalistes, gameuse, joueuse professionnelle… et ont commencé par raconter leurs différentes expériences et la manière dont elles avaient été confrontées au sexisme dans le cadre spécifique des jeux vidéos. Gemma Halsey, journaliste au CV long comme un bras de gorille, a regretté l’absence de femmes dans son milieu à l’exception des babes, Kayane, joueuse professionnelle, a évoqué la façon dont on l’avait utilisée pour humilier les gens qui « perdaient contre une fillette »… Les témoignages se sont enchaînés : variés mais toujours aigres malgré le second degré et le recul de celles qui les racontaient.

Complicité, marketing et adolescence

Globalement, les intervenantes ont reconnu s’être senties souvent « complices » d’un système, de par les compromis que leurs expériences respectives les avaient amenées à faire : rire aux blagues graveleuses, se complaire dans l’idée d’être un « vrai mec » dans un corps de femme, si différentes des autres greluches

Les voir faire un semblant de mea-culpa sonnait comme un bâton tendu pour se faire battre, mais il n’a été saisi par personne. Tant mieux. Même les féministes convaincues s’excusent, après tout.

Plusieurs thèmes ont ensuite été abordés : le marketing qui ignore délibérément une bonne partie de son public, la jeunesse de ce média « adolescent » dont les excès témoigneraient d’une certaine immaturité…

Un public respectueux qui interagit avec les intervenantes

Tout au long de ces échanges, l’ambiance m’a parue plutôt chaleureuse. Le public a ri a plusieurs reprises mais pas d’un rire moqueur ou d’un paternalisme bienveillant, non, d’un rire franc et fédérateur. Pia-Victoria Jacqmart a notamment osé quelques piques, notant que le jeux vidéo

Call of Duty comportait maintenant un chien mais toujours pas de femme, « mais après tout, c’est peut-être une chienne ».

Le public a ensuite pu interroger directement les intervenantes et certaines questions ont plus particulièrement attiré mon attention : y aurait-il plus de sexisme dans les jeux vidéos qu’ailleurs ? Pas vraiment, mais l’anonymat d’Internet le rend certainement plus visible. Quelle est l’utilité, alors, de se limiter dans la discussion à ce seul média ?

Pour ma part je me demande si le jeu vidéo si fédérateur ne serait pas un bon point de départ pour étendre le sujet à notre système tout entier, ce que les intervenantes ont d’ailleurs fait.

Le serpent qui se mord la queue

Enfin, la question qui divise a été évoquée : quelle attitude adopter en tant que femme dans un tel univers ? Se battre en permanence dans un milieu masculin en sachant qu’on sera considérée comme exceptionnelle et que notre identité sexuelle nous attirera des ennuis que nous réussissions ou non (comme l’a rappelé Mar_Lard : une femme est souvent sous-estimée car elle est une femme mais si elle réussit, on lui reprochera de ne devoir son succès qu’à son vagin) ? Ou bien refuser de se plier à ces injonctions, à cette « responsabilité féminine » de réussir pour contrebalancer les attaques spontanées et la dévalorisation constante ?

Peut-on accuser les communautés de gameuses de rester entre elles et de ne pas se rendre « visibles » alors qu’elles se sont certainement décidées à demeurer entre paires par lassitude ?

Mar_Lard l’a redit : « on n’est pas coupable du sexisme qu’on subit ». et il est vrai que les intervenantes donnaient parfois l’impression que c’était uniquement aux femmes de faire changer les choses alors qu’elles ne sont clairement pas responsables de la façon dont elles sont traitées.

Pia Victoria Jacqmart appelait, elle, au pragmatisme : non, on ne devrait pas avoir à justifier ses attaques (lors de la conférence, il a été précisé à plusieurs reprise que non, tous les gameurs n’étaient pas des troufions, ce qui n’a pas empêché certains de se justifier à la fin et ils ont d’ailleurs été écouté avec une patience dont j’aurais été incapable, coucou le mansplaining !) non, on ne devrait pas avoir à sans cesse caresser les hommes dans le sens du poil mais, hélas, les revendications féministes constantes peuvent causer du tort professionnellement.

Être féministe, c’est être optimiste

En dépit de ce constat amer, la conférence m’aura globalement mise de bonne humeur. Malgré certains désaccords, on pointait franchement le problème du doigt et même si l’animateur du débat arguait qu’il ne s’agissait pas de charger ou d’accuser le milieu, la critique était là et portait en elle les possibles racines d’une amélioration ; car être féministe, qu’on soit pragmatique ou intègre jusqu’au bout, c’est être optimiste. Pourquoi pointer le problème du doigt si ce n’est pas pour tenter de le résoudre ? Pourquoi regarder en face les tréfonds noirâtres de notre aliénation si ce n’est pas pour apercevoir cette lumière vacillante au bout du tunnel ?


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

6
Avatar de Gyapple
9 juin 2013 à 01h06
Gyapple
Haha, l'idée de créer un pseudo mec et de les poutrer est pas mal du tout en effet! Il faudrait que quelqu'un le fasse, ça pourrait faire drôlement marrer. (étant une daube à Call Of, je... M'abstiendrai disons. 8D)
C'est vrai qu'après l'intention de ce papa reste très louable, par contre je n'avais jamais entendu parler de ce gâteau et... Purée! J'en bave. Cette maman est absolument merveilleuse! Elle a exactement tout reproduit ne serait-ce que les infimes petits détails!! Chapeau bas!
Je te suis sur ton chemin de la wonder-maman, je veux moi aussi en être. (OK, je suis nulle en cuisine, mais je saurait faire autre chose! J'en suis sûre! isco
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