Un article du Washington Post, reprenant une étude par Entertainment Software Association, nous apprend que la majorité des joueurs de jeux vidéo sont des femmes. Enfin, revenons quelque peu sur ces chiffres :
- 36% des joueurs de jeux vidéo sont des femmes de plus de 18 ans
- 17% des joueurs de jeux vidéo sont des hommes de 18 ans et moins.
Ça veut dire que la proportion de femmes de plus de 18 ans qui jouent à des jeux vidéo est plus importante (et de loin) que celle des hommes de 18 ans et moins qui jouent aux jeux vidéo. Tout simplement. Ajoutons également que la part de femmes chez les gamers était de 40% en 2010, et qu’elle est désormais de 48%. Une bien belle progression.
Et cette nouvelle (le fait que les femmes soient de plus en plus nombreuses à jouer, et pire : le fait que la plus grosse part de représentation de joueurs de jeux vidéo soient des femmes) énerve quelques personnes. Pourquoi ? Pour résumer (mais on revient dessus plus bas), parce qu’elles ne jouent pas (pas toutes), selon ces individus, aux « bons jeux ». Et que les gens qui ne jouent pas aux « bons jeux » n’ont pas le droit d’être considérés comme des gamers.
Les femmes seraient plutôt portées sur les jeux sur mobile, comme Candy Crush ou Angry Birds, comme l’expliquent des exécutifs du domaine des jeux vidéo au Wall Street Journal. « Des jeux », comme l’écrit Slate, « considérés comme mineurs par la communauté de ceux qui connaissent par coeur la généalogie des différentes consoles et maitrisent sur le bout des doigts les subtilités d’une manette Xbox ou PS3 ».
Oui, mais… Ce sont des jeux vidéo ou pas ? À quel moment un jeu vidéo devient-il un jeu vidéo ? Wikipedia, lui, n’a pas l’air de rejeter Candy Crush :
« Un jeu vidéo est un jeu électronique qui implique une interaction humaine avec une interface utilisateur dans le but de générer un retour visuel sur un dispositif vidéo. Le joueur de jeu vidéo dispose de périphériques pour agir sur le jeu et percevoir les conséquences de ses actes sur l’environnement virtuel. Le mot « vidéo » dans le jeu vidéo, fait traditionnellement référence à un dispositif d’affichage de trame, mais à la suite de la vulgarisation du terme il implique désormais tout type de dispositif d’affichage. »
Un sondage par Nielsen rapporté par le même article du Wall Street Journal
parle d’autres habitudes des femmes adeptes des jeux vidéo :
« Un sondage récent par Nielsen vient à la conclusion que les joueuses aux États-Unis ont plus tendance à jouer à des jeux sur ordinateurs personnels, mobiles et consoles Wii. En réalité, les femmes américaines ont plus tendance que les hommes américains à jouer à la Wii, alors qu’elles ont autant qu’eux l’habitude de jouer à des jeux sur Apple. »
Quel que soit le pourcentage d’hommes qui jouent à des jeux sur mobile, quel que soit le pourcentage de femmes qui font de même, qu’est-ce que ça change ? Il est vrai que les applications pour téléphone à but ludique ont explosé ces dernières années. C’est un nouveau secteur dans le jeu vidéo, un nouveau paramètre qui s’ajoute.
Est-ce vraiment un problème que de prendre cet essor en compte dans les statistiques ?
On assiste donc à un débat sur la définition du terme « gamer » (joueur de jeux vidéo), où les avis divergent, comme on peut le lire sur la compilation faite par OffColorCommentary de commentaires négatifs vis-à-vis de l’étude d’ESA qu’on peut lire sur Reddit :
- Il y a celle qui pense qu’il y a une grosse différence entre jouer sur son téléphone et dépenser beaucoup de temps et d’argent dans des consoles et des jeux pour PC
- Il y a celui qui pense que les joueurs occasionnels ne sont pas de vrais joueurs
- Il y a ceux qui pensent que les téléphones ne comptent pas
- Il y a ceux qui pensent que les Sims ne comptent pas
- Il y a celui qui pense qu’il y a une différence entre ceux qui jouent et les joueurs
- Et celui qui dit qu’il y a joueur et JOUEUR.
Plusieurs écoles, donc, auxquels se joignent d’autres internautes partageant diverses croyances.
Comme OffColorCommentary le souligne, ce qui est amusant dans cette compilation, c’est qu’il y a des joueurs qui, parfois, défendent leur définition de « gamer » MAIS rejettent le terme :
« Ce n’est pas un vrai « gamer », peu importe combien je déteste ce mot. »
Bah alors… pourquoi être à ce point attaché à la définition d’un terme qu’on ne cautionne pas ? Est-ce qu’on doit traduire ce raisonnement par : « je ne veux pas être mis dans une case, SAUF si la personne qu’on essaie de mettre dans cette case ne me semble pas mériter cette étiquette » ?
Doit-on voir dans ces réactions du sexisme (façon « les femmes elles jouent qu’à Candy Crush et aux jeux avec des animaux sur Facebook »), ou bien une défense méprisante du monde des jeux vidéo basée sur le rejet de ce qui n’est pas à la hauteur de l’élite selon certain-e-s joueu-r-se-s ? J’aurais tendance, à vue de nez, à préférer cette seconde solution.
Et l’univers du jeu vidéo est loin d’être le seul concerné par cette volonté d’utilisateurs à conserver un certain « standing ». Ceux et celles qui ont déjà eu une altercation verbale avec un ou des défenseu-r-se-s du « bon cinéma » (Lynch c’est mieux que Besson), de la « bonne littérature » (Lovecraft c’est mieux que Chattam) ou encore de la « bonne cuisine » voient certainement de quoi je parle !
À lire aussi : Un dessinateur de comics pris en flagrant délit de sexisme
Et vous, les madZ, quel est votre rapport aux jeux vidéo ? Vous êtes plutôt Candy Crush ou Mass Effect ? Ou… hypothèse de ouf… peut-être que vous jouez aux deux ?
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