En partenariat avec Universal Pictures International France (notre Manifeste)
Éventrer des ados à coups de couteaux, c’est pas très sympa.
Pourtant, je consomme des cargos d’images où des hommes masqués s’acharnent à l’arme blanche sur des groupes de jeunes gens. Ces films composent ce que l’on appelle le slasher, un sous-genre du cinéma d’horreur.
Ma plaidoirie pour l’horreur
Est-ce qu’ingurgiter des slashers comme on avale un gaspacho Alvalle fait de moi quelqu’un de peu sympathique, voire d’un peu dérangé si je pousse le bouchon ? Bien sûr que non.
Car l’horreur est un genre passionnant, cathartique et libérateur, qu’il ne faudrait pas diaboliser.
J’entends régulièrement des gens théoriser, au détour d’une soirée arrosée ou d’un meet-up machine à café :
« Les films d’horreur, c’est comme les jeux-vidéo, ça rend les gens zinzins. »
On appelle alors à la barre de ce tribunal improvisé tous les films qui présentent des psychopathes, on condamne les images trop violentes, pas appropriées et « qui poussent les gens à commettre des infamies ».
D’après moi, l’horreur n’a pourtant rien de dangereux, et il faut le comprendre au-delà de son facteur « je fais peur ».
Car ce qui fait peur n’est pas forcément source de danger.
L’horreur fourmille de symboliques, de mythes, de métaphores sociétales. Elle porte l’héritage d’un patrimoine culturel monstre, puis elle les transforme, et crée avec cette matière de nouveaux objets culturels.
L’horreur dompte les légendes, les fait muter. Bref, c’est un genre passionnant, que je chéris chaque jour en ingurgitant des quantités astronomiques de films d’angoisse, dont les fameux slashers.
Tu sais pourquoi je les aime tant ? Parce que les slashers font des femmes les héroïnes du genre.
Attention, ce morceau de texte ne s’applique évidemment pas à tous les slashers. Pour appuyer mon propos, je dois t’aider à faire un petit saut dans le temps.
Les femmes dans l’horreur, de victimes à héroïnes
Des années 30 à 60, dans le cinéma d’horreur, les femmes sont victimes de leur destin.
Elles se transforment malgré elles en créatures malveillantes, comme dans The Wasp woman.
De victimes, elles passent ensuite à source du mal. C’est en tout cas comme cela que j’interprète les films d’exorcisme, dans lesquels les possédés sont souvent des femmes à peine sorties de l’enfance.
Encore une fois je répète : SOUVENT, pas dans TOUS LES CAS. Les démons les possèdent toutes entières, elles sont à leur merci. En cela, elles continuent à embrasser leur rôle de victime.
Mais comme le mal se traduit dans leurs gestes, leurs paroles, leurs corps dans leur ensemble, c’est par elles qu’il se propage. Elles deviennent l’image même du mal, l’instrument du Diable.
Mais de victimes, les femmes sont passées ensuite au statut d’héroïnes, comme c’est le cas pour un bon paquet de slashers.
Halloween, la Nuit des Masques lance la mode des slashers
Après Black Christmas de Bob Clark sorti en 1974, Halloween est LE film culte qui a lancé la mode des slashers.
Mais des deux, on retiendra surtout la fiction de John Carpenter, qui, décennie après décennie, a su conserver son statut d’œuvre charnière en terme de cinéma d’horreur.
Dedans, on découvre un psychopathe acharné, qui après avoir assassiné sa sœur, est interné en hôpital psychiatrique. Il s’en évade quinze ans plus tard avec un objectif clair et précis : retourner dans la ville de son enfance et zigouiller tout ce qui bouge.
Il s’en prend notamment à Laurie Strode, une jeune baby-sitter qui parvient à lui échapper. C’est elle, l’héroïne du film. Elle qui tient l’intrigue du bout de ses bras menus, elle qui décide de ne pas céder à l’agresseur.
C’est aussi elle, portée par la même actrice qu’il y a 40 berges, qui se retrouve au cœur de la suite d’Halloween, au cinéma le 24 octobre prochain.
Les slashers, un hommage aux femmes badass
Après Halloween, la Nuit des Masques, d’autres films du genre naissent. Une pelletée même.
En 1980, sort par exemple Vendredi 13, de Sean S. Cunningham, directement inspiré de l’œuvre de Carpenter et qui fleurira à tel point que la franchise compte à ce jour pas moins de onze films. Ce qui fait quand même un joli paquet !
Dans Vendredi 13, c’est encore une femme qui tient le rôle d’opposante au grand méchant. Alice vient à bout de ceux qui lui veulent du mal, et demeure la seule survivante du film.
Si tu aimes l’horreur, que tu la connaisses au point de te considérer pointue ou que tu aimes simplement jouer à te faire peur, tu n’as pas pu passer à côté de la saga MYTHIQUE Scream.
Ces films de Wes Craven, tu les as sûrement vus collé·e à ton ou ta partenaire de vie, ou alors tu leur as dédié un bout de tes soirées avec tes potes.
C’est une franchise culte, qui s’est infiltrée dans beaucoup de foyers, après avoir séduit les foules au cinéma.
Il présente une héroïne fière et quasi-invincible, bien qu’abimée par le deuil de sa mère.
Incarnée par Neve Campbell, elle est la force tranquille au quotidien, mais se révèle brutale dans le combat.
À quatre reprises, elle vient à bout des zinzinous qui ne veulent qu’une chose : lui pourrir l’existence à coups de couteaux bien aiguisés. Année après année, elle subit des trahisons, qui viennent de son propre camp, de ses propres amis.
Mais Sidney Prescott se relève toujours et avance, traverse le cauchemar avec dignité. Elle correspond parfaitement à la définition même de l’héroïne :
« Celle qui se distingue par ses exploits ou un courage extraordinaire (dans le domaine des armes). »
Notre Sidney n’est plus une simple étudiante amoureuse. Wes Craven en fait le visage du courage, montre comme ses prédécesseurs que la femme peut vaincre, qu’elle peut être célébrée pour ses qualités de battante.
Halloween, non plus 1 mais 3 héroïnes
Cette semaine, tu pourras découvrir en salles le tout nouvel opus de la saga Halloween.
Un film précieux en cela qu’il surpasserait presque l’œuvre originale, proposée il y a pile poil 40 ans. Audacieux, précis, intelligent, il rend un hommage lumineux à sa grande sœur, créée par le dieu Carpenter.
Cette fois-ci, c’est David Gordon Green qui s’attèle à la réalisation, et c’est une réussite. L’intrigue prend place 40 ans après le premier volet et remet sur le devant de la scène Laurie Strode, ancienne victime du maniaque toujours enfermé en HP.
Pendant toutes ces années, elle a pris grand soin de transformer sa demeure en forteresse qu’aucun psychopathe n’est censé pouvoir pénétrer. Laurie porte sur son visage les stigmates d’un passé lourd et d’une vie régie par l’inquiétude.
Elle n’est plus seule désormais. À ses côtés, il y a sa fille et sa petite fille. Seulement voilà, sa fille la rejette et lui en veut pour avoir fait de son enfance un enfer, à être toujours obligée de manier le flingue et à se préparer contre une éventuelle attaque de malfaiteur.
Car Laurie a toujours nourri la terrible inquiétude que Michael Myers s’échappe pour lui faire la peau. Bien entendu, elle avait raison. Michael, alors qu’il est en train d’être transféré d’institut, parvient à s’échapper.
Il sème alors l’horreur partout où il passe, jusqu’à retrouver le domicile de Laurie. Pour combattre le mal, les 3 femmes de la famille Strode vont devoir passer outre leurs différends et s’allier.
Le film ne présente aucun personnage d’homme intéressant à part celui du psychopathe. Dans la nuit noire d’Halloween, ils sont soit libidineux, soit infidèles, soit peureux. Aucun n’est à sauver.
Seules les femmes vont rendre honneur à la notion de courage, seules elles sont les héroïnes. Quelle modernité ! Tu l’auras compris, ma belle truite en sucre glace, je raffole des slashers.
Parce que j’aime l’horreur d’abord, parce que j’aime voir la peur défigurer les visages des humains, mais aussi et surtout parce qu’ils présentent des femmes fortes, qui n’ont pas peur d’aller au combat.
Dans ce sous-genre du cinéma d’angoisse, les femmes n’ont pas de super pouvoirs, pas de capes, pas de baguettes magiques. Elles n’ont pas besoin de tout ça pour être les héroïnes de leurs propres vies, et de nos écrans.
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