En partenariat avec Destiny Films (notre Manifeste)
Article mis à jour le 28 septembre 2020 —
En mars 2020 sortait au cinéma le puissant Femmes d’Argentine (Sue Sea Ley), un documentaire faisant la lumière sur les milliers de femmes argentines qui se sont battues pour que le projet de loi visant à légaliser l’interruption volontaire de grossesse soit enfin votée par le Sénat.
Aujourd’hui, et à l’occasion de la Journée mondiale du droit à l’avortement, ce documentaire de Juan Solanas réinvestit les salles, et de nombreuses soirées-débats seront organisées partout en France.
Voici les dates et les lieux où vous pourrez débattre !
Dates et lieux des débats autour de l’avortement
CRÉTEIL – CINÉMA DU PALAIS
Alors, participerez-vous au débat ?
Article initialement publié le 11 mars 2020 —
J’avais 14 ans la première fois que j’ai lu
1984, introduction cruelle au genre dystopique.
Très vite, j’ai voulu lire davantage de ces romans qui livrent une version pessimiste, voire carrément flippante, de nos sociétés futures.
Et puis j’ai voulu les voir à l’écran aussi, et c’est ainsi que j’ai découvert The Handmaid’s Tale — douloureux rappel, comme l’écrivait madmoiZelle il y a quelques années, que nos libertés demeurent fragiles.
C’est aussi le rappel cruel mais nécessaire que fait Femmes d’Argentine (Que Sea Ley), un documentaire édifiant qui lève le voile sur la réalité des Argentines, ressemblant justement à une dystopie…
Femmes d’Argentine (Que Sea Ley), de quoi ça parle ?
En 2018, à Buenos Aires, des femmes de tous âges se sont battues pour que le projet de loi visant à légaliser l’interruption volontaire de grossesse — rejeté plusieurs fois au cours des années — soit enfin voté par le Sénat.
Ces femmes argentines sont des milliers à avoir manifesté, chanté et hurlé des slogans dans les rues, pour rendre hommage à leurs sœurs mortes en ayant eu recours à des avortements clandestins, et pour exiger le droit à décider elles-mêmes de leur sort et de leur santé.
Pendant huit semaines, elles ont manifesté pour leur droit fondamental, un foulard vert (symbole du droit à l’IVG) au cou ou au poignet, pendant que le projet était discuté entre les murs du Sénat.
Sénat qui a finalement rejeté le projet de loi en août 2018…
Femmes d’Argentine (Que Sea Ley), un documentaire nécessaire
Il est facile d’oublier que notre accès légal à l’IVG n’est pas partagé par l’intégralité du monde.
Femmes d’Argentine (Que Sea Ley) joue un rôle informatif en s’insérant au Sénat pour enregistrer les avis des divers politiciens, mais aussi en partageant le récit de femmes qui ont eu recours (ou connaissent des femmes qui ont eu recours) à l’avortement clandestin.
Vous vous en rendrez compte, il est compliqué de rester stoïque devant Femmes d’Argentine (Que Sea Ley)…
Car le sort et la santé de celles qui manifestent dépendent en majorité d’hommes confortablement installés à l’intérieur du Sénat.
Ce sont EUX qui décident de ce que les femmes, à l’extérieur du bâtiment, auront le droit ou non de faire de leur corps.
Dans une ère post-#MeToo où les sociétés évoluent doucement vers un mieux, certaines réalités demeurent décidément effarantes.
Femmes d’Argentine (Que Sea Ley) se divise en plusieurs parties dont chacune se concentre sur une thématique particulière, ayant bien sûr un lien direct avec l’avortement.
Comme la religion par exemple, fer de lance des anti-IVG, qui s’en servent sans vergogne pour faire culpabiliser les femmes ayant avorté de manière clandestine, en scandant leur slogan :
« Sauvons les deux vies »
Parce que telle est la réalité des femmes qui ont procédé à cette méthode illégale : elles sont humiliées, harcelées, maltraitées, parfois même par le corps médical.
Il est donc très important de voir Femmes d’Argentine (Que Sea Ley) pour comprendre davantage l’enjeu que représentait pour les femmes le projet de loi visant à légaliser l’interruption volontaire de grossesse.
Femmes d’Argentine (Que Sea Ley) éveille les consciences
La puissance de Femmes d’Argentine (Que Sea Ley) se trouve définitivement dans la richesse et la pluralité de ses témoignages.
La parole est enfin donnée à ces femmes qui ont souffert, ont failli mourir ou vu d’autres femmes mourir, parfois sous leurs yeux, comme c’est le cas de l’une des médecins qui témoigne.
Tous ces récits forment une toile immense et bouleversante qui donne la rage au ventre mais fait, à d’autres moments, espérer un mieux.
Le réalisateur Juan Solanas, fils du sénateur Fernando Pino Solanas, a su capturer le moment historique lors duquel les femmes argentines se sont battues pour que leur pays deviennent le troisième d’Amérique latine, après Cuba et l’Uruguay, à offrir le choix aux femmes d’interrompre ou de poursuivre leur grossesse.
Ce cinéaste de 52 ans a voulu, par le biais de ce film, éveiller les consciences :
« J’aimerais que mon film serve à remettre l’avortement au cœur des débats, parce que tout le monde regarde ailleurs en ce moment, et pendant ce temps, des femmes continuent de mourir. »
En effet, depuis plus de 35 ans, quelques 3030 femmes ont perdu la vie suite à un avortement clandestin.
Un chiffre alarmant auquel contribue le corps médical argentin, dont une partie continue à laisser les femmes agoniser dans les hôpitaux pour les punir d’avoir interrompu leur grossesse.
Projeté hors compétition au Festival de Cannes en 2019, Femmes d’Argentine (Que Sea Ley) a bien démarré son éveil des consciences par-delà ses frontières, et j’espère qu’il continuera.
Je vous recommande donc mille fois de consacrer une heure et demi de votre temps pour aller vous aussi combattre les injustices le 11 mars au cinéma.
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Les Commentaires
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