Parmi les clichés sexistes qu’on entend au quotidien, il y a celui des femmes « hystériques », contrôlées par leurs hormones.
Vous savez, c’est la réaction (souvent masculine) classique face à une femme en colère, intransigeante ou mécontente :
« Eh bah, elle a ses règles ou quoi ? »
Un jour que la moutarde m’était sérieusement montée au nez, un pote a cru bon de m’envoyer cette réplique, un sourire narquois au visage. Je lui ai répondu :
« Si tu veux tout savoir, oui, d’ailleurs je vais changer de tampon. »
Cet incident m’a fait réfléchir (rassurez-vous, mon pote a compris le caractère agaçant de cette phrase et s’est excusé).
Oui, j’avais mes règles. Oui, c’est en partie pour ça que j’avais peu de patience et que j’étais agacée.
Et oui, c’est une raison légitime, en fait.
Pourquoi « t’as tes règles ou quoi ? » est une phrase relou
Commençons par la base : ce n’est pas super respectueux de demander à une femme mécontente si elle a ses règles.
Déjà parce que ça ne vous regarde pas. Est-ce que je vous demande, moi, comment se porte votre transit ?
Ensuite parce que ça nie la véracité de ses émotions, de ses opinions, en les attribuant à une source physiologique. Comme si elle ne pouvait pas être légitimement en colère.
Bien sûr, il est possible que la réaction d’une femme vous semble disproportionnée, mais ce n’est pas une raison pour lui demander ce qui se passe dans son utérus !
Vous pouvez lui demander pourquoi elle réagit si vivement, essayer de comprendre ce qui la touche tant, ou même quitter la discussion en disant que vous la reprendrez quand la tension sera retombée.
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Agissez comme vous le feriez face à un homme très en colère, en somme. Sans tout ramener aux fonctions reproductrices de votre interlocutrice.
Le monde merveilleux des règles
Cela dit, oui, parfois, c’est EN PARTIE parce que j’ai mes règles que je suis en colère, ou que je n’ai pas de patience.
Les règles, c’est (pour moi et pour PLEIN d’autres gens) inconfortable. Ça fait mal, souvent. C’est désagréable et ça draine mon énergie.
Les pires jours, je dédie la moitié de ma concentration à respirer posément pour ne pas laisser les crampes menstruelles me mettre à genoux.
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Si vous n’avez pas d’utérus, imaginez passer 5 jours par mois avec une bonne gastro. Le bide en vrac, le caca mou, la nausée, tout le tralala.
Est-ce que vous n’auriez pas tendance à manquer de patience, à être plus vite agacé•e ou en colère ?
Et est-ce que ça servirait à quoi que ce soit de vous dire :
« Eh bah, t’as la diarrhée ou quoi ? »
Je ne pense pas !
À mon inconfort physique s’ajoutent les hormones, qui viennent bouleverser mon état émotionnel.
En période de Syndrome Pré-Menstruel, mais aussi pendant mes règles, je suis plus sensible. Les choses me touchent plus fort. Mes émotions volent dans tous les sens.
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Ça ne veut pas dire que je suis faible, ça ne veut pas dire que je devrais à tout prix « me ressaisir ». C’est juste naturel.
Quand vous avez un rhume, je ne vous demande pas de « vous ressaisir » et d’arrêter d’avoir le nez qui coule. Bah c’est pareil !
Les règles, ce n’est pas une maladie, mais c’est physique, ça change des choses dans mon corps et dans ma tête.
Respectez ça, comme vous souhaitez je pense qu’on vous respecte lorsque vous n’êtes pas bien.
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Oui, j’ai mes règles, deal with it
Et puis, ne posez pas de questions dont vous ne voulez pas connaître la réponse.
Le nombre de personnes que je vois froncer le nez dès que quelqu’un évoque ses menstruations…
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Ok, les règles ce n’est pas spécialement glamour ni agréable, c’est du sang et des muqueuses qui s’écoulent. Mais c’est aussi un signe de bonne santé, et un élément banal de la vie pour la moitié de la population.
Ne parlez pas de règles pour diminuer les émotions d’une femme, a fortiori si vous n’êtes pas capables de ne pas être dégoûté•e lorsqu’elle évoque ses protections hygiéniques ou ses crampes menstruelles.
Vous pouvez ne pas être à l’aise avec le sujet, tout comme je n’aime pas particulièrement causer de vomi, mais je ne fous pas la honte aux gens qui ont facilement la nausée !
Avoir mes règles, ça ne m’enlève pas mon droit au respect. De mon corps, de mes émotions, et de l’impact que mes menstruations peuvent avoir.
Oh, et promis, cet article a été écrit sans sang dans ma culotte. On n’y trouve que quelques pertes blanches. Bisous !
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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