Trop de femmes ont encore à lutter pour réussir à équilibrer leur vie professionnelle et leur vie familiale. Trop souvent ces difficultés sont imputables aux stéréotypes sexistes et aux discriminations subies en raison de leur genre.
La situation tend néanmoins à s’améliorer : il n’est plus forcément nécessaire de choisir l’un ou l’autre, et une lectrice nous confiait récemment un témoignage à ce sujet (à lire ci-dessous).
Le point sur l’équilibre travail/famille en Australie
Une étude publiée en janvier 2017 et menée sur une partie de la population australienne, que Broadly a relayée, rappelle que les femmes ne sont pas encore sorties de ce dilemme.
Certes, de plus en plus de femmes peuvent jongler entre leur carrière et leur famille, mais pas sans y risquer leur santé, selon cette étude.
C’est plus précisément leur bien-être mental qui est susceptible d’être affecté (anxiété et dépression notamment).
Carrière et famille, un combat de longue haleine pour les femmes
Afin de montrer qu’elles n’avaient pas à choisir et pouvaient effectivement tout faire, les femmes — y compris celles ayant des enfants — ont cherché à ne pas démériter, créant un peu une image de superwoman qui peut tout gérer en même temps : travail et famille.
Ce n’est pas que les hommes ne participent pas, c’est qu’ils ne participent pas assez.
Pour ma part, j’ai eu une maman comme ça, irréprochable sur tous les fronts. Mais le hic, c’est que ce genre de maman a une journée plus longue que celle des hommes et des autres femmes.
Attention, je ne dis pas que ces messieurs ne participent pas aux tâches familiales (qui incluent à la fois les corvées domestiques de type ménagères et culinaires, mais aussi le soin et l’éducation des enfants)… simplement que, statistiquement, ils ne participent pas assez.
En Australie, sur les dernières données disponibles (2006), il apparaît que les femmes effectuent 1h15 de plus que les hommes pour les tâches domestiques, là encore quotidiennement (2h52 pour les femmes contre 1h37 pour les hommes).
Les femmes passent aussi 37 minutes de plus à s’occuper des enfants (59 minutes pour elles, contre 22 minutes pour eux chaque jour). Ce qui en tout équivaut à 1h52 supplémentaire pour les femmes.
Ce temps supplémentaire est assez proche de celui des femmes françaises, qui s’élève à 1h26 (sur les dernières données disponibles de l’INSEE, soit 2009-2010, évoquées ici).
Mais ces 1h52 ne disparaissent pas dans la stratosphère comme tu t’en doutes. Comme les hommes, les femmes ont 24h dans une journée et elles doivent donc trouver ce temps quelque part. Tu veux essayer de deviner dans quel domaine elles récupèrent ces presque deux heures ?
Bingo, dans le boulot ! Ce qui explique, comme le mentionne l’article de Broadly, que les Australiennes n’effectuent en moyenne que 36h de travail par semaine contre 41h pour les hommes.
À lire aussi : Les femmes disent moins « non » au travail… et si on s’y mettait ?
Sachant que le temps de travail légal en Australie est fixé à 38h par semaine. Sauf que, là encore, ce constat peut poser problème, en particulier si les femmes cherchent à travailler plus.
La santé mentale des femmes ET des hommes en jeu
Il est tout simplement dangereux d’encourager les femmes à travailler davantage pour rattraper leur retard. C’est la découverte majeure de l’étude citée par Broadly.
Ça peut effectivement paraître évident que faire trimer les femmes davantage pour qu’elles puissent compenser « leur retard » et avoir les mêmes chances professionnelles que leurs homologues masculins, c’est difficilement tenable.
C’est surtout que tenter de « rattraper » les hommes à cette course pourrait engendrer des problèmes de santé. L’étude en question, menée par les docteures et professeures Dinh, Strazdins et Welsh à partir d’un échantillon représentatif de la population australienne, a révélé qu’il y avait une sorte de seuil à ne pas dépasser.
Il correspond à 39h de travail hebdomadaire. En comparant leurs données, les chercheuses se sont aperçues qu’au-delà de ce seuil, les femmes comme les hommes avaient de plus grands risques de développer des problèmes de santé mentale comme la dépression ou l’anxiété.
Encourager les femmes à travailler plus pourrait donc tout simplement nuire à leur santé.
Je te vois venir : et les hommes ? Eh bien, oui, cette situation présente également un risque pour les hommes puisque ceux-ci travaillent déjà parfois au-delà de ce seuil. Ce à quoi la professeure Strazdins répond (toujours dans l’article de Broadly), le plus simplement du monde :
« Tant que nous n’arriverons pas à faire baisser le temps de travail des hommes, les femmes seront exclues des effectifs de travail.
Nous devons récompenser celles et ceux qui sont au plus près du temps de travail officiel de 38h par semaine… Ce sera un processus difficile et lent car il s’agit d’un changement social majeur. »
Et si faire travailler moins les hommes était la solution ?
Un raisonnement plutôt sensé, si on y réfléchit un peu. En plus du bénéfice de santé qui serait profitable à toutes et à tous, faire moins travailler les hommes laisserait à ceux-ci plus de temps…
Et donc l’opportunité de s’impliquer davantage dans les tâches familiales du foyer, par exemple en s’occupant davantage des enfants, ou en participant plus souvent aux corvées ménagères.
Difficile d’attendre des hommes qu’ils en fassent plus au sein du foyer, si les horaires de travail ne le leur permettent pas.
Car il est finalement plutôt paradoxal de demander aux hommes d’en faire plus, sans pour autant leur octroyer du temps dédié à ces tâches domestiques.
C’est d’ailleurs tout l’intérêt que présentait le congé parental pour les hommes (mis en place avec la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, en 2014) : offrir du temps aux pères pour qu’ils prennent le relai, en l’occurrence sur une période réduite et bien définie, celle qui suit la naissance d’un enfant.
Et s’il ne s’agissait que d’un premier pas afin que les femmes puissent enfin lâcher du lest ?
À lire aussi : Les droits des femmes avancent, et la société aussi
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Les Commentaires
Je pense que c'est le genre de discussions et d'ajustements à avoir le plus tôt possible dans la relation, justement pour éviter d'arriver à une situation intenable lorsque des enfants entrent dans l'équation.
Je rejoins aussi le discours sur "la charge mentale". J'ai un pote comme ça, il faisait les trucs si on lui demandait, mais zéro initiative. Sa nana a fini par partir, et je la comprends... (il y avait d'autres raisons en plus, mais franchement, t'es pas le parent de l'autre, t'es son partenaire!)