— Article initialement publié le 28 décembre 2014
Même si on est presque en 2015, le cinéma et les séries télé ont toujours du mal à présenter des personnages féminins aussi badass que les plus grands héros d’action chargés en testostérone sans se péter quelque peu la margoulette en chemin.
Souvent, il s’agit de clichés ambulants, qui surjouent l’agressivité mais cachent au fond d’elles une blessure, une faille que seul l’Homme, le grand, avec un H majuscule saura découvrir et guérir.
Les femmes badass selon Hollywood sont peu bavardes, souvent bravaches, mais n’attendent que de se fouler la cheville pour être prises en charge par le torse musclé d’un mâle pourvu si possible d’une barbe de trois jours.
Cependant, puisque je veux être honnête avec vous, je dois avouer que l’un de ces clichés me fait perdre tout esprit critique, me fait déposer les armes et tomber en pâmoison, oscillant entre l’envie d’être un de ces personnages et le désir d’en épouser un.
Je veux parler bien sûr du cliché de la MBCCQCB, la Meuf Badass aux Cheveux Courts qui Casse des Bouches, le stéréotype number one dans mon cœur et dans mon slip.
Petit tour d’horizon de personnages qui me font chavirer.
Domino Harvey, celle par qui tout a commencé
Nous sommes en 2005. Au détour d’une affiche de cinéma, mon palpitant rate un battement. Deux heures dans une salle obscure plus tard, j’ai une nouvelle religion, et son prophète est Domino Harvey.
Après des années de négociation, Tony Scott a obtenu de Domino Harvey, fille anglaise d’un acteur devenue chasseuse de primes aux États-Unis, les droits d’adapter sa vie en film assez librement inspiré des évènements réels. Keira Knightley obtient le rôle-titre après que le réalisateur l’a repérée dans Pirates des Caraïbes.
Dans le film, Domino est une ex-mannequin déjà assez rebelle et violente qui trouve sa voie en suivant un séminaire dédié aux chasseurs de primes.
Elle intègre une petite bande de mecs armés jusqu’aux coucougnettes et toute cette joyeuse troupe se retrouve au cœur d’une arnaque consistant à voler un milliardaire, puis à lui ramener sa thune en disant avoir arrêté les coupables afin de toucher l’argent de la prime, lequel servira à payer l’opération de la petite-fille malade de leur boss, qu’il n’a pas les moyens de financer.
Domino, oscillant entre une féminité agressive à base de jeans très très taille basse et de mini-hauts et un côté androgyne apporté par ses cheveux courts et sa petite poitrine, a fait frétiller mon slip, mon cœur et mon cerveau, tout en même temps.
Du haut de mes 14 printemps, j’ai eu envie de me couper les tifs immédiatement, de perdre une bonne dizaine de kilos et de devenir un être fait de muscles, de clopes sans filtres, de cartouches encore brûlantes et de nunchakus.
Domino sort son équipe d’un mauvais pas en offrant une lap dance à un gangster, et mon hétérosexualité devient soudain un concept bien malléable.
Je savais soudain ce que je voulais faire dans la vie : non pas devenir chasseuse de primes, mais devenir Domino, la meuf qui pète le nez des grognasses qui se moquent de ses petits seins, qui ne prend pas le temps d’essuyer le sang de son visage avant de s’en griller une dans le désert et qui préfèrerait crever plutôt que de vivre une existence banale sans adrénaline.
Bon, là, j’écris cet article sous mon plaid, avec mon chat sur les genoux, vous comprendrez donc que je me suis perdue quelque part en route.
Gail (Sin City), prostituée féroce, sanguinaire et jouissive
On monte d’un cran dans la féminité agressive avec Gail, prostituée influente dans la vieille ville de Sin City, qui jouit d’une trêve avec la police permettant à ses habitant•e•s de régler leurs problèmes entre eux.
Cheveux courts à la coiffure exubérante, tenue mêlant résille, cuir et métal, armes à feu glissées dans son porte-jarretelle, Gail n’est pas de ces veuves noires qui attendent patiemment leur proie : c’est une guerrière, une walkyrie qui aime le sang, la poudre et Dwight (Clive Owen), son unique amour.
Gail n’a pas peur, ni honte, de louer ses charmes à des hommes assez attirés par elle pour lui permettre de gagner sa vie ; comme sa féminité, sa sexualité est omniprésente, fièrement brandie comme ses pistolets-mitrailleurs et ses bruyants éclats de rire. Tout dans sa tenue rappelle le sado-masochisme, mais il est facile de deviner de quel côté du fouet elle se tient…
[Boss Ass Bitch en fond sonore permanent]
Gail n’a peur ni des hommes, ni de sa sexualité, ni de la mort — celle des autres comme la sienne. Protégeant avec férocité les prostituées de Sin City, on ne l’imagine finir que dans un BANG tonitruant, sourire aux lèvres, sang sur le décolleté et probablement avec le goût de la langue de Dwight sur la sienne.
Ça change des damoiselles en détresse.
Kara « Starbuck » Thrace (Battlestar Galactica), soldate rebelle et fantastique
Cet été, accompagnée de ma bonne amie (ou mon amie bonne, ça marche aussi) Faye, je me suis lancée dans l’aventure Battlestar Galactica sur fond de canicule, sueur et bières glacées. Il m’a fallu environ trois secondes en tête-à-tête avec Kara Thrace, surnommée Starbuck, pour savoir que je l’aimerai à jamais.
Starbuck, soldate à bord du Galactica, un des vaisseaux transportant ce qui reste de l’humanité, pilote émérite et joueuse de cartes pas dénuée de talent, est assez badass pour être cool et assez humaine pour être touchante.
En rébellion perpétuelle contre l’autorité, elle apprend au fil des épisodes à tempérer son esprit de contradiction mais restera toujours un électron libre, prête à se sacrifier et à désobéir tant qu’elle est persuadée que ça sert le bien commun.
Elle est fière, mais pas au point d’en être excessivement vaniteuse ; assez « masculine » sans pour autant dénigrer les attributs féminins ; combative et solitaire, sans en devenir antipathique.
« Parfaite » ? Oui, « parfaite » c’est pas mal. En plus elle est en tenue de soldate les ¾ du temps et laissez-moi vous dire que le fantasme de l’uniforme, ça ne marche pas que pour les pompiers.
Le seul bémol ? Le personnage se laisse pousser les cheveux au fil des saisons. Pourquoi, Starbuck, pour-quouaaaa ? N’as-tu pas lu le best-seller Pourquoi avoir les cheveux courts fera de vous une meilleure personne publié par Mymy aux éditions Bullshit ?
Cameron Howe, punk magnifique, programmeuse, enfant des 80’s et future femme de moi-même
Cameron Howe est LA raison pour laquelle j’ai écrit cet article, le déclic qui m’a fait remarquer une certaine ressemblance entre 80% des personnages féminins qui m’ont fait frétiller de partout. Je l’aime d’un amour à la fois pur, lubrique et un peu jaloux.
C’est le personnage féminin principal de Halt and Catch Fire, une excellente série que vous devriez regarder (et dont on vous reparlera bientôt sur madmoiZelle).
Le show suit une firme tentant de s’imposer sur le marché des PC dans les années 1980 ; Cameron est une jeune programmeuse de génie, aux idées visionnaires et à l’attitude résolument punk. Elle a trouvé dans l’informatique le seul langage qu’elle comprend, et se bat pour faire évoluer des mentalités déjà bien figées.
Cameron vit dans trois fois rien, tape dans les murs, tague des trucs, balance ses boîtes de pizza vides par terre, couche avec son boss sans s’en vouloir le moins du monde, fout un gros coup de pied dans toutes les fourmilières qui passent et fait un gros bras d’honneur à ceux et celles qui voudraient la faire rentrer dans la norme.
Son comportement lui attire parfois des ennuis, mais fait sa valeur dans une entreprise « à la papa » qui tente de séduire un nouveau public : elle est le futur, et ça fait peur aux adultes.
Comment vous dire que moi aussi j’aurais fait fi des convenances si mon boss c’était Lee Pace ?
Cameron se trimballe en salopette et t-shirts à messages, passe ses nuits à coder ou à errer dans les premiers RPG numériques avec ses potes programmeurs, boit trop et crie trop fort, pleure comme on s’arrache une écharde et n’hésite pas à retourner des droites quand elle juge que c’est mérité, même si ça pourrait fort bien lui retomber dessus.
C’est un esprit sauvage, pétri de franchise et de méfiance ; elle dit ce qu’elle pense, sans mentir, mais fuit dès qu’elle se sent devenir vulnérable.
Elle représente en 1980 un avenir vibrant, qui parle un autre langage, qui colle son Walkman sur ses oreilles pour écouter du punk à fond, qui descend des litres de soda, ne porte pas de soutif et teint ses cheveux à l’arrache.
Cameron fait peur, mais elle les enterrera tou•te•s, tou•te•s ces nostalgiques des 60’s avec leurs codes rigides et leurs deux vols de retard sur le monde moderne.
Cameron, je l’aime. Et j’ai un peu envie d’être elle. Et de coucher avec elle. Et de coucher avec son boss. C’était un peu la confusion, niveau sentiments, Halt and Catch Fire.
À vous ! Les MBCCQCB vous plaisent-elles autant qu’à moi ? Quels clichés made in Hollywood vous rendent-ils jouasses même s’ils ne sont pas très originaux ?
À lire aussi : Les futures héroïnes badass de jeux vidéos
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Les Commentaires
D'ailleur c'est marrant parce que pour l'article "quel acteurs verriez-vous dans la série life is strange" j'avais proposé Chloé Price, elle aussi elle a des t-shirt Punk is not dead !