Depuis que de très nombreuses femmes ont scandé #MeToo (#MoiAussi) dans le sillage de l’affaire Weinstein, les débats autour de la culture du viol vont bon train.
En soi, je trouve qu’on avance : il y a quelques années, c’était déjà compliqué de parler d’agressions sexuelles. Beaucoup de gens étaient incrédules, ne voulaient pas croire qu’elles sont si courantes, sont généralement commises par des proches…
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La société avance, donc, la parole est enfin écoutée, et de nombreuses opinions circulent pour répondre à LA question : comment faire baisser le nombre d’agressions sexuelles ?
Aujourd’hui, ce sont deux approches qui s’opposent, et que je voudrais réconcilier.
Contre les violences sexuelles, faut-il prioriser l’autodéfense ou l’éducation ?
Invitée chez Clique, Josiane Balasko s’exprime au sujet des agressions sexuelles, en prenant l’exemple d’une main aux fesses dans les transports.
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Elle explique que beaucoup de femmes entrent, quand elles en sont victimes, dans un état de sidération et se retrouvent incapables de réagir.
Pour l’actrice, il est donc essentiel d’apprendre aux filles à se battre, afin qu’elles aient moins peur et puissent se défendre. Également sur le plateau, Carole Bouquet et Muriel Robin acquiescent.
Le lendemain, dans la matinale d’Europe 1, Raphaël Enthoven expliquait deux points de vue : celui des gens estimant que la priorité est d’apprendre l’autodéfense aux femmes, et celui de ceux pour qui l’éducation au consentement est une urgence.
Les deux hypothèses se tiennent. Apprendre aux femmes à mettre des coups de genoux dans les couilles, ça ne règle pas le souci à sa source, mais c’est une solution à court terme efficace.
Apprendre aux hommes, et à tout le monde, que le consentement est important et qu’il faut respecter le corps des autres, ça prendra plus de temps. Mais ça semble être la seule solution à long terme.
Face à ces deux interventions dans les médias, j’ai réfléchi et sollicité la rédac pour débattre avec moi.
Faut-il, en priorité, apprendre aux femmes à se défendre ? Ou apprendre aux hommes à ne pas agresser ? Et d’ailleurs… faut-il estimer que ces deux priorités sont incompatibles ?
L’éducation au consentement est essentielle pour lutter contre les violences sexuelles
Le souci a largement été évoqué sur madmoiZelle : l’éducation au consentement, en France, laisse grandement à désirer.
Les sujets des agressions sexuelles entre enfants, du traitement par la police (puis la justice) des victimes, de l’absence d’éducation sexuelle digne de ce nom… Autant de briques dans l’édifice nauséabond de la culture du viol.
Avec ou sans coups de genoux dans les couilles, il est essentiel d’éduquer au consentement, notamment les jeunes générations. Elles sont notre futur, un futur que j’espère libéré de tout sexisme !
L’autodéfense, une aide à court terme
En débattant du sujet, Lucie m’a rappelé l’excellente vidéo de Sophie Riche qui prend un cours d’auto-défense avec le célèbre prof Frank Ropers.
Ce genre d’exercice apprend des réflexes essentiels : analyser la situation, reconnaître le danger, répondre de façon assurée et ferme, fuir si on le peut, et SEULEMENT si on n’a pas le choix, se défendre pour rendre l’agresseur impuissant le plus vite possible afin de lui échapper.
De plus, apprendre à se battre via un sport de combat ou des cours d’autodéfense, c’est bon pour la confiance en soi !
Juliette, qui vient d’arriver chez madmoiZelle, insiste sur le fait que les femmes sont moins faibles qu’elles ne le croient. Elles sont tout à fait en capacité de gagner du muscle, des techniques de combat et de la puissance.
Face à un agresseur non-entraîné, ça peut carrément faire la différence !
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Savoir qu’en cas de problème, on a en tête des techniques pour se défendre, aider quelqu’un ou s’enfuir, ça peut permettre d’avoir moins peur au quotidien.
Mais l’autodéfense est une réaction, pas une solution. À moins que…
Et si l’autodéfense des femmes faisait changer les mentalités ?
La première réaction de l’équipe à ce débat « autodéfense ou éducation ? » a été :
— Et pourquoi pas les deux ?
Amen ! Je ne vois pas en quoi une aide à court terme serait incompatible avec une solution à long terme !
Et même, si ça se trouve, plus il y aura de femmes capables de se défendre en cas d’agression sexuelle, plus les gens prendront conscience de l’importance de respecter le corps des autres.
Si on peut prendre une baffe pour une main aux fesses, alors c’est qu’une main aux fesses, c’est grave. C’est mal. C’est violent. Et la réaction, en face, l’est aussi.
Mais ne laissons pas les solutions immédiates masquer l’urgence : l’éducation. Oui, il peut être surprenant de voir qu’une entreprise de longue haleine, qui prendra des années, est une « urgence ». Mais c’est le cas.
L’échéance ne fera que reculer tant que l’éducation au consentement n’est pas lancée. Et pour arriver à un futur plus sain, le temps presse !
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