Le 23 mai 2019
Un mois et demi après que Julia, femme trans, a été agressée place de la République à Paris (lire ci-dessous), un homme a été condamné.
L’agresseur a prix 10 mois de prison dont 6 mois fermes. Et ce verdict est historique.
Comme l’explique France TV Info, « c’est une première en France car la circonstance aggravante en raison du genre de la personne n’avait jamais été retenue par un tribunal ».
L’homme a donc été condamné pour violences ET pour transphobie. Un symbole fort à l’heure où, toujours selon France TV Info qui cite la procureure : « 85% des personnes transgenres [sont] régulièrement agressées ou insultées ».
Le 3 avril 2019
Julia a 31 ans, et c’est une femme trans, c’est-à-dire qu’elle a été assignée au genre masculin à la naissance. Ça fait 5 mois qu’elle a commencé à prendre des hormones pour transitionner.
Ce dimanche 31 mars, Julia a été agressée place de la République, à Paris, parce qu’elle est transgenre.
L’agression transphobe de Julia à Paris
La scène a été filmée et largement diffusée sur les réseaux sociaux. On y voit Julia face à une foule hostile alors qu’elle se tient sur les escaliers du métro.
Des gens l’insultent, l’invectivent ; d’autres, comme une jeune femme enveloppée dans un drapeau algérien, semblent vouloir l’aider.
Puis c’est la violence physique. Julia est agrippée, frappée. Elle se défend, mais les agresseurs sont plusieurs.
Au final, des agents de la RATP viennent disperser la foule et aider Julia à se réfugier dans la station de métro.
Julia raconte son agression transphobe à Paris
Julia a d’abord témoigné pour le Huffington Post
. Elle raconte le contexte de l’agression, l’exhibitionnisme, les attouchements, l’attitude peu respectueuse des agents de la RATP qui l’ont aidée, la violence et ses conséquences.
« J’avais réussi à avoir confiance en moi et là ils ont tout détruit. […]
Le plus traumatisant ce n’est pas les coups ou la douleur, mais l’humiliation. C’est ça qui est le plus dur à gérer. C’est un choc psychologique, je me suis sentie salie. »
Julia a décidé de porter plainte. Je rappelle qu’en France, la transphobie est une discrimination inscrite dans la loi. Je cite le Ministère de l’Intérieur :
« L’identité de genre et l’orientation sexuelle font partie des 23 critères de discrimination, comme le sexe, l’âge, le handicap, l’apparence physique ou encore les opinions politiques et religieuses…
Les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre sont un délit passible de sanctions pénales :
- 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende
- 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € quand le refus discriminatoire est commis dans un lieu accueillant du public ou commis par une personne dépositaire de l’autorité publique. »
Julia refuse les amalgames racistes après son agression transphobe
Si Julia s’est retrouvée face à une véritable foule place de la République, au lieu des passants habituels, c’est parce qu’une manifestation y avait lieu.
Les manifestants et manifestantes protestaient contre Abdelaziz Bouteflika, le président algérien très controversé qui vient d’ailleurs de démissionner.
Les drapeaux algériens et l’origine maghrébine de certaines personnes agressant Julia n’ont pas échappé à celles et ceux qui aiment à penser qu’en France, ce sont « les autres » le problème…
J’ai pu lire, à de nombreuses reprises, que si Julia a été agressée, c’est parce qu’elle était au milieu d’arabes. Parce qu’elle était au milieu de musulmans.
La transphobie n’a pourtant ni origine, ni couleur de peau. Et Julia refuse de voir son histoire ajouter de l’eau au moulin de l’intolérance. Elle l’exprime très bien chez RMC :
La transphobie, tout comme le sexisme, l’homophobie, le harcèlement de rue, n’est pas l’apanage d’une culture ou d’un pays.
C’est par l’éducation à la différence et à la tolérance, par des mobilisations comme la Marche des Fiertés ou #NousToutes contre les violences sexuelles, que les choses changeront.
J’envoie en tout cas tout mon soutien à Julia, et je salue son courage : celui de prendre la parole en public, de raconter son histoire, de ne pas se laisser instrumentaliser.
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