Publié le 11 juillet 2019
Il y a quelques jours, je me suis mise torse nu, dans une soirée avec des potes féminins et masculins.
Principalement parce que j’avais trop chaud… mais un peu par conviction politique aussi.
Être un homme, c’est mieux ?
J’ai longtemps voulu être un mec.
À l’époque, je n’avais pas conscience de l’existence des stéréotypes de genre, mais j’avais dans l’idée que le camp des hommes était bien plus agréable.
Ils pouvaient faire des blagues, être casse-cou, sortir seuls, aimer le sexe… Alors que les filles devaient être sages, pudiques, surveiller leur langage et se soucier de leur apparence.
D’un côté le devoir de se conformer à tout un tas de normes limitantes, de l’autre la possibilité de faire presque tout ce qui est légal : mon choix était vite fait.
J’avais d’ailleurs tendance à mépriser les femmes, à les considérer comme des êtres globalement ennuyeux, ce qui était sans doute un moyen facile de flatter mon ego.
Bien sûr, j’ai appris depuis que certaines femmes sont dignes de respect (je PLAI-SAN-TEUH) et que les stéréotypes de genre font du mal aux hommes aussi.
Mais à l’adolescence, il me paraissait évident qu’être un mec était bien plus cool qu’être une meuf, surtout parce qu’être un mec voulait dire être libre.
Ne pas être limitée par mon genre
Quand j’ai commencé à prendre conscience du sexisme, ma façon de me rebeller a été de tout faire comme si j’étais un homme, ou au moins de ne rien m’interdire au prétexte que je suis une femme.
J’étais révoltée de découvrir que j’étais traitée différemment à cause de mon genre, moi qui n’avait jamais accordé une grande valeur à ma féminité.
Cracher par terre, me battre, dire des gros mots, fumer, boire, ouvrir sa gueule, draguer, pécho… moi aussi je pouvais le faire si je voulais.
Ok, ce ne sont sans doute pas les trucs les plus vertueux ou utiles de la vie, mais je ne voulais en aucun cas que mon genre soit un frein à l’expression de qui j’étais vraiment.
Comme j’ai cultivé tôt cette personnalité aux traits considérés comme « masculins », et que mes seins n’ont jamais vraiment poussé, j’ai aujourd’hui encore la sensation d’être entre les deux.
Je sais que j’ai un corps de femme, et que le reste du monde m’identifie ainsi, mais dans ma tête, je suis une personne sans genre, et ça me permet de me sentir libre.
Cachez ses seins que je ne saurais avoir
Au collège, sur les conseils de mes parents, j’ai dû commencer à porter un haut de maillot de bain, sans que ma morphologie n’ait évolué à proprement parler.
C’était comme ça : j’étais en train de devenir un être sexuel, il me fallait maintenant cacher mes seins, comme toutes les femmes (d’Occident du moins).
Même si des seins, je n’en avais pas encore, et je n’en aurai jamais vraiment.
La sexualisation de la poitrine féminine m’a toujours passablement gavée, d’autant plus que je la vis comme une injustice, moi qui ne possède pas de poitrine véritable !
Je n’ai pas de nichons mais je dois les cacher quand même… J’aimerais avoir une dérogation.
Je suis très souvent seins nus à la plage, et je voudrais avoir le privilège d’être torse nu chaque fois que je le désire et que c’est possible, comme ce fut le cas en cette chaude soirée de juillet.
Pouvoir être torse nu, comme un homme
Nous sommes
Je bois des bières en terrasse avec un mec que je date depuis quelques semaines, ses deux meilleurs potes et une amie proche.
Le bar ferme, nous nous rabattons chez l’un des amis de mon nouvel amoureux qui vit juste à côté.
Dans l’appartement, c’est la fournaise, d’autant que les fenêtres doivent rester fermées le plus possible pour ne pas réveiller toute la cour avec la musique.
Notre petit groupe danse comme des fous et ma robe moulante m’étouffe. J’ai envie de l’enlever. J’ai envie d’être torse nu comme les mecs que je voyais passer dans la rue depuis la terrasse.
Si j’étais un homme, enlever mon t-shirt ne serait qu’une formalité…
Je m’entends très bien avoir les gens présents et mon expérience récente dans une boîte libertine à Berlin m’a donné le goût de la fête à poil.
C’est décidé, je poursuivrais la soirée sans le haut, mais avant…
Être torse nu quand on est une femme
Avant, je me sens obligée de prévenir celle et ceux qui m’entourent.
Parce que malgré mes convictions, je vis dans un monde où il n’est pas anodin d’être torse nu pour une femme (sinon, je n’aurais pas besoin d’avoir des convictions).
Je ne veux pas mettre mes amis et amies mal à l’aise, et encore moins mon amoureux tout neuf.
Résultat de mon sondage : tout le monde s’en carre la noix. Et ma robe de voler dans un coin de la pièce !
Comme je ne porte jamais de soutif, me voici dansant en slip/baskets, un brin rafraichie même si l’air ambiant demeure écrasant de chaleur.
Je demande bientôt un short à notre hôte, parce que je me sens trop à poil en culotte. Je ne peux pas m’empêcher non plus de re-vérifier auprès de l’assemblée que mon torse nu ne dérange personne.
« C’est comme si on était à la plage ! » est mon meilleur argument pour ne convaincre finalement que moi-même, car les autres ne sont guère perturbés par la situation.
Passer la soirée topless pour militer
Je danse, je bois, je discute dans un canapé, je fais des câlins à mes potes… topless.
Ça ne me gêne pas d’exposer mon corps, mais la situation reste déséquilibrée. Je me sens seule dans mon délire d’enfant sauvage.
J’essaie de convaincre mon amie de se mettre en soutif pour me soutenir, invitation qu’elle décline.
Je saoule aussi les mecs :
« Il fait tellement chaud, pourquoi tu n’enlèves pas ton t-shirt ? Tu es un mec, tu peux ! »
Sauf que les mecs aussi ont des complexes, et qu’aucun des trois garçons n’est assez à l’aise pour montrer son corps (ce qui est triste, mais c’est un autre sujet).
Au-delà de l’excuse de la chaleur, ma soirée topless a surtout été pour moi une manière d’affirmer mon besoin de justice, d’égalité.
Si j’étais un homme, je n’aurais pas à me poser la question du torse nu. Et comment renverser cette norme si ce n’est en normalisant les seins à l’air, ne serait-ce que dans un cadre privé ?
Fin de soirée pour mon torse nu
À la fin de la soirée, quand l’ambiance générale s’est calmée, je me suis sentie un peu nue.
J’ai demandé un t-shirt à mon hôte et mes potes m’ont taquiné :
« Alors, c’est fini le topless ? »
Et bien oui, c’est fini parce que je n’en ai plus envie ! Je veux pouvoir enlever mon t-shirt si ça me chante, comme je veux pouvoir le remettre quand j’en ressens le besoin, sans avoir à me justifier.
Je veux être libre, en fait, autant que les hommes peuvent l’être.
Cette soirée était formidable en elle-même, et le fait que j’ai pu la vivre torse nu l’a rendue plus merveilleuse encore.
Je ressens une immense gratitude d’avoir dans ma vie des amis et amies qui ont compris mon intention et ne m’ont pas jugée.
J’espère qu’on remet ça bientôt, et qu’il fera moins chaud…
Et toi, tu aimerais pouvoir être torse nu sans te préoccuper de tes seins ?
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Les Commentaires
Je serais plus à enlever mon soutif en soirée sous mon t-shirt par exemple ^^
Pour ce qui est des hommes torse nu, ça me dérange un peu parce que souvent mec torse nu = il fait chaud donc mec dégoulinant donc ça me dégoûte un peu
Après a la plage ou dans un parc ça va mais dans d'autres contextes je trouvais ça limite. Pourtant on peut-être dégoulinant alors qu'on porte des vêtements mais ça me dérange moins.
Globalement mon idéal d'habillement dans l'espace public c'est "couvre tes fesses, tes parties génitales et tes tétons", le reste, je m'en fiche.