Hello, c’est moi, Clémence Bodoc, qui ouvre cet article en deux parties, composé en réaction à la lecture de ceci : Qu’est-ce qu’une femme « parfaite » selon les hommes ?.
La réponse est une compilation de témoignages de quelques hommes, parue en 2009 dans Marie-Claire et récemment republiée sur le site Internet du magazine, ce qui a suscité quelques réactions de colère, d’indignation, de lassitude aussi… BuzzFeed résume la micro-polémique dans cet article.
Réflexions autour de « la perfection »
Olivier, 43 ans, Bertrand, 50 ans, Benjamin, 48 ans et d’autres décrivent en quelques lignes leur femme « idéale ». Pour ma part, c’est moins le contenu de l’article qui m’interpelle, que mon propre rapport à ce qu’il raconte.
Sans surprise, la perfection est étroitement associée au physique, à l’apparence, et ce constat nous a inspiré deux réflexions. Une à destination des femmes qui se sentiront complexées ou insultées par ces définitions réductrices… Et une à destination des hommes, qui liront ces lignes : vous méritez mieux qu’une « belle plante », vous savez.
Hé les femmes, c’est quoi notre propre version « parfaite » ?
Je suis trop habituée à ce genre de sujets. Cette quête de la perfection est à mes yeux une véritable obsession dans la presse féminine en général. Ce n’est pas tant la question qui me dérange que la cruelle banalité des réponses.
Je ne suis ni surprise ni choquée d’une telle publication, comme si je m’étais habituée aux stéréotypes et clichés de « la femme parfaite » au point de ne même plus tiquer quand un titre pareil s’immisce dans mes notifications.
Mais c’est surtout que j’ai arrêté de laisser ma colère gonfler et m’étouffer à chaque agression, de percevoir tous les rappels du fait que j’évolue dans un monde sexiste comme une perpétuelle provocation.
Au fond, ça me rassure de constater qu’un article qui n’a probablement pas fait une vague au moment de sa publication en 2009 suscite autant de réactions critiques aujourd’hui. C’est au moins un signe que la société évolue dans le bon sens : vers un avenir où lier de la sorte l’idée de perfection et d’idéal à l’apparence fasse au moins réagir quelques personnes !
Pourtant, la question posée est loin d’être dénuée d’intérêt. Qu’est-ce qu’une femme « parfaite » ?
Apprends-moi, Pink
L’avis « des hommes » m’intéresse assez peu sur la question, étant donné que « les hommes » ne sont pas davantage un groupe homogène et uniforme que « les femmes », hein.
« NOULÉFILLES, VOULÉMECS », ça n’a pas de sens. Benjamin, Olivier et Bernard ne sont pas les porte-parole « des hommes ». Je ne suis clairement pas leur type, et c’est réciproque, aucun souci, chacun ses préférences !
« LA fâme parfaite » n’est pas non plus une idée qui me parle ; mais si je me pose la question à moi-même, pour moi-même, ça devient intéressant.
Quelle est ma version de moi « parfaite » ?
C’est quoi, ma version de moi « parfaite » ? Spontanément, je répondrais :
« C’est moi avec 10cm de plus et 8 kilos de moins ».
Pourquoi ? Bah parce que ma vie serait bien plus simple si je correspondais davantage à un idéal de beauté, tels que ceux décrits par les hommes qui témoignent d’ailleurs.
…Vraiment ?
Non, en y réfléchissant un peu, ma vie ne serait pas plus simple si j’étais plus belle. Les problèmes que je rencontre dans ma vie sont dus à une multitude de facteurs, et fort peu d’entre eux sont liés à mon apparence.
Ce n’est pas parce que je suis particulièrement attirante, mais plutôt parce que MA version « parfaite » ou idéale de moi-même n’a juste rien à voir avec l’apparence.
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Ma version parfaite de moi correspond à mes rêves, mes ambitions
Ma vie serait plus simple s’il suffisait que je perde 8 kilos et que je prenne 10cm (en talons, je pourrais faire illusion) pour devenir « parfaite » ! Mais ce ne serait pas ma version de moi-même idéale.
Je serais écrivaine, j’aurais un petit pied-à-terre quelque part au nord de Glasgow, je publierais plusieurs romans par an, et je voyagerais de ci-de là.
Soit environ : zéro rapport avec ma taille et mon poids. Tu m’étonnes que faire un régime n’ait jamais eu aucune influence positive sur mon moral, ma motivation, mon estime de moi-même ! J’ai jamais conditionné ça à mon apparence.
Bien sûr, c’est en grande partie la pression sociale qui me pousse à faire cette première réponse complètement à côté de la plaque en ce qui concerne ma propre définition de la perfection.
Mais avoir conscience de cette influence, c’est la première clé pour pouvoir s’en défaire ! Désormais, je ne lis plus une telle succession de descriptions complexantes en me disant « oups je suis vraiment loin d’être parfaite ».
Se débarrasser des complexes, pour se concentrer sur l’essentiel
Je les lis en me disant deux choses.
La première, c’est que ma propre définition de la perfection n’est pas liée à mon apparence physique. C’est donc qu’elle n’est pas un obstacle dans ma vie, ce ne sont pas mes centimètres qui manquent ou mes kilos en trop qui m’empêchent d’accomplir quoi que ce soit : c’est l’image que je m’en fais et l’importance que je leur donne.
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Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais quand j’ai compris ça, j’ai gagné beaucoup de temps et d’énergie à essayer de régler des problèmes que je m’étais montés de toute pièce !
C’est tout l’objet de notre rubrique Nique les complexes, le meilleur endroit pour trouver des témoignages de celles qui ont réussi (ou qui continuent d’essayer) à se défaire de ces pressions aussi nocives qu’inutiles.
La deuxième réflexion que je me fais en lisant cet article de Marie-Claire, c’est décidément que ces descriptions de la femme « parfaite » manquent cruellement d’ambition…
Dites, messieurs, merci d’être un peu plus difficiles
…et maintenant, c’est moi, Mymy, qui prend la parole.
Messieurs, vous me décevez. Respectez-vous. Sérieusement, c’est ça vos critères ? C’est ça qui est PARFAIT pour vous ? Un petit cul moulé dans un jean bien tight ?
Et si ton mix entre Sharon Stone et Monica Bellucci mâche la bouche ouverte ? Et si ta belle plante de 33 ans a autant de conversation que le géranium à laquelle tu la compares sans complexes ?
Et si ta bonne vivante pète au lit ? Et si ta trentenaire au cul rebondi insulte la serveuse quand elle se plante dans sa commande ? Et si ton « Orientale » (mdrrrr ce terme) couverte de bijoux pense que le meilleur Harry Potter c’est le 5 alors que tout le monde sait que c’est le 3 ?
J’AI DIT AÏCHA VA À AZKABAAAAN OH WOH
Y a pas que le physique dans la vie (ET HEUREUSEMENT)
Merci d’être exigeants quand il s’agit de femme idéale, Messieurs. Sérieusement, on vous demande d’inventer ce que vous voulez, et vous insistez sur la couleur de soutif et la taille du jean ?
Y a que ça dans la vie ?
Exigez une partenaire bourrée d’humour, exigez une conversation vivifiante, une humanité chaleureuse, une curiosité à toute épreuve ! Rêvez d’une femme qui vous accompagnera pendant votre jogging du matin ou lira votre thèse passionnément.
Mon mec idéal, il a des fossettes et des veines saillantes sur ses avant-bras, mais il est aussi marrant à s’en étouffer (dans mon couscous car moi aussi je suis une Orientââââle), cultivé, respectueux, dynamique, fier, stable.
Même Diam’s avait compris qu’y a pas que le physique dans la vie, wesh.
« Dans mes rêves mon mec me fait rire comme Jamel et me fait la cour sur du Cabrel » MAIS VOILÀ C’EST ÇA QU’ON VEUT
L’idéal est complexe, savourons-le
Alors exigeons le meilleur de nous-mêmes, et des autres.
Ne voyons pas l’idéal comme une liste de cases à cocher avant d’accepter l’autre dans notre vie. Ne sacrifions pas non plus toutes nos envie au nom du « je ne veux pas être seul•e » (je vous ressors pas le proverbe, vous le connaissez).
N’oublions pas que dans une société qui voudrait faire des critères physiques la valeur d’une personne, il ne tient qu’à nous de remettre les choses en perspective.
Un mec avec des pecs, ouais, mais aussi qui aime bouquiner. Une meuf avec un cul rebondi, ouais, mais qui se passionne pour l’art contemporain.
Sinon, autant attendre les robots sexuels. Ça arrive bientôt !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Sinon, @Clemence Bodoc j'aime beaucoup cette manière de renverser la question en passant de "comment je pourrais être parfaite ?" à "comment ma vie pourrait-elle être parfaite ?". C'est riche d'enseignements, et teeeeellement plus positif... Surtout je trouve que ça amène beaucoup plus facilement à des données sur lesquelles on a une certaine prise (je ne peux pas "devenir écrivain", mais au moins je peux écrire).