Ce dimanche, les deux meilleures équipes de football américain des États-Unis se rencontrent pour remporter le titre de World Champion : c’est le Super Bowl !
World Champion, oui, car même s’il s’agit d’un championnat national où ne jouent que des ricains, nous sommes aux States donc ceux qui gagnent deviennent champions du monde… Logique !
Je viens vous raconter comment est-ce que ce sport de brutes est devenu ma passion.
Le football américain, ma passion
Ce qui m’a menée à jouer au football américain ? Le hasard ! Car à la base, je n’avais une idée très vague de l’existence de ce sport.
J’ai eu la chance de faire une année d’études en Angleterre et l’université qui m’accueillait avait une équipe de mecs dans laquelle jouait un de mes potes.
Amie dévouée, je suis allée l’encourager un dimanche. Amie moins dévouée, j’ai passé le match à jouer à « renvoie-moi la balle » avec une fille sur le côté du terrain.
Et tout est parti de là : l’étudiante avec laquelle j’avais échangé le ballon voulait monter une équipe de filles…
Voilà comment nous nous sommes retrouvées, 10 pelées sous la pluie anglaise, à s’entraîner comme on le pouvait au flag, la version non-équipée du football américain (comme le touch au rugby).
Nos efforts ont payé, on est arrivées 2ème dans un tournoi.
À partir de là, le coach des garçons a accepté que l’on squatte leur entraînement et rapidement, on a voulu nous aussi mettre des équipements et jouer au « vrai » foot. On voulait du contact !
Ainsi, la team était lancée et ma vie bouleversée. Depuis, je suis revenue en France, mais je n’ai jamais arrêté de jouer.
Le foot américain m’a fait aimer mon corps
Même si j’ai toujours aimé les sports collectifs au collège, à 23 ans je n’avais pas fait d’activité physique depuis les cours d’EPS.
Autant dire que les premiers entraînements de foot ont piqué… J’avais ZÉRO condition physique. Mais le fun l’a emporté, j’ai trouvé une super bande de copines et donc j’ai persévéré.
Au début, je ne comprenais rien au foot. Il y a plein de règles compliquées.
Mais ça non plus, ça ne m’a pas arrêtée.
Parce que la première fois que j’ai enfilé une épaulière, je me suis sentie invincible.
J’ai eu l’impression de devenir Xéna la guerrière, mon héroïne de jeunesse (chacune ses réfs). Étant grande et plutôt bien bâtie, j’avais toujours été complexée par mon poids et ma taille
, deux éléments qui, au foot, sont d’immenses atouts.
Au départ, j’aimais bien aussi le fait de « disparaître » sous les épaulières. Fini la peur d’avoir les seins qui se balancent, personne ne pouvait les voir !
Puis au fur et à mesure des entrainements, j’ai commencé à être reconnaissante envers ce corps.
Envers mes grosses cuisses qui me permettent de courir vite, mes gros bras avec lesquels je fais de gros plaquages, ma taille qui en impose quand j’arrive en face de mon adversaire.
Je suis devenue fière de mon corps, ça m’a poussé à m’en occuper : trouver la motivation d’aller à la salle de sport, de bien manger…
Aujourd’hui, je ne corresponds toujours pas aux canons de beauté mais je me sens forte dans mon corps et je l’aime comme ça.
Le football américain, une vraie famille
Comme je l’ai dit, je n’ai jamais été une grande sportive.
L’idée de courir en rond, très peu pour moi. Alors pourquoi courir derrière un ballon ? Pourquoi braver la météo pour s’entrainer ?
Facile : pour sa team ! J’ai la chance depuis trois ans de faire partie d’une équipe incroyable. On se voit deux fois par semaine à l’entrainement mais on se voit aussi en dehors !
Pour les cinés, les verres, les déj, mais aussi quand il faut filer un coup de main pour déménager (pratique à ce moment là d’avoir toute une équipe de foot sous la main !), et pour surmonter les coups durs.
Bref, c’est une famille.
À l’âge adulte, il est souvent difficile de se faire des amis, et moi, j’ai trouvé directement 30 sœurs.
En match, c’est comme si on partait à la guerre ensemble. On met nos armures et on y va. Peu importe les bobos, le souffle court ou la fatigue.
Tant qu’on est sur le terrain, on se dépasse pour ses coéquipières. Le rush d’adrénaline est grisant. À ce moment, on vit les unes pour les autres dans l’instant présent et rien d’autre ne compte.
Le slogan de notre équipe est « We are one ». On le crie à chaque fin d’entraînement et c’est comme une promesse que l’on se fait à toutes.
Le foot américain, éloge de la diversité
J’ai aussi découvert le seul sport qui, à ma connaissance, accepte tous les gabarits.
Chaque membre de l’équipe a un rôle bien spécifique : certaines ne courent presque pas, d’autres cavalent tout le temps. Donc il faut des grandes, des petites, des fines, des rondes…
Bref, tout le monde peut jouer, et tout le monde a la même valeur.
Notre équipe est composée de filles âgées de 16 à 45 ans, étudiantes, militaires, mécaniciennes, photographes ou médecin, de toutes origines, couleurs ou orientations sexuelles. Une vraie pub Benetton.
C’est aussi vrai dans d’autres équipes où j’ai pu jouer, en France ou à l’étranger, toujours la même diversité et des amitiés qu’on n’aurait jamais pu lier dans la « vie normale ».
On repousse les stéréotypes, et surtout, on montre que nous aussi, les femmes, on peut le faire. Notre coach dit toujours :
« Mesdames, sur ce terrain vous êtes des joueurs de foot. »
Et il nous traite de la sorte, sans aucune pitié mais toujours avec passion.
Le foot américain a changé ma vie
Honnêtement, le foot a changé ma vie et m’a fait prendre confiance en moi.
Il a transformé mon rapport au corps et mon rapport aux autres en découvrant de nouveaux horizons et de nouvelles idées via la diversité de mes coéquipières.
Cela a aussi changé mon rapport au féminisme, quand j’ai pris conscience de la place ridicule donnée aux femmes dans le sport…
Enfin, le football américain m’a fait comprendre que je peux changer les choses, parce qu’en réalité… Je peux faire ce que je veux !
Viens essayer le football américain ! C’est possible toute l’année à Paris. Envoie un mail à [email protected] ou sur Facebook.
Quant au Super Bowl, il sera diffusé pour la première fois sur TF1 ce dimanche 3 février 2019 à minuit.
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