Une histoire d’amour, mais aussi d’infidélité, et de reconstruction.
Après J’ai confronté « l’autre fille », avec qui mon ex m’a trompée, voici le cinquième épisode de cette série, à lire chaque mardi sur madmoiZelle.
Tu te souviens de ta première fois ?
La mienne était un peu nulle, très maladroite, un peu douloureuse. J’avais 15 ans, j’étais persuadée que ce mec était le bon et poussée par la curiosité, je me suis retrouvée dans son lit d’ado, sous le Velux.
Je ne m’étais jamais explorée, je ne connaissais pas mon corps, je crois que je savais à peine qu’une fille était dotée de 3 orifices distincts.
La sexualité, ce tabou de ma jeunesse
Dans la cour du collège, le cul était tabou.
De temps en temps, des histoires circulaient : on racontait que Mylène s’était foutu un déo dans la chatte, que Célia avait sucé Julien dans les toilettes et qu’Anthony avait eu sa première branlette espagnole au fond du bus.
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Je me sentais assez peu concernée par ces histoires parce que j’étais trop occupée à chercher le premier mec qui m’embrasserait avec la langue.
L’éducation sexuelle, grande absente à l’école
Le seul cours d’éducation sexuelle que j’ai eu n’a jamais abordé la question du plaisir et du désir.
Un jour, la prof de SVT avait sorti la télé, avait enfourné une VHS et diffusé un documentaire sur l’accouchement avec un gros plan sur une déchirure vaginale. Je crois que le taux de grossesse non désirée n’a jamais été aussi bas dans mon bahut.
Et puis l’infirmière était passée dans ma classe et sous les gloussements des mecs du dernier rang, elle avait enfilé une capote sur un pied de chaise : « voilà comment on se protège du SIDA ».
Le cul, on n’en parlait pas non plus à la maison. Je vivais seule avec ma mère et je pense qu’au fond, ça ne l’intéressait pas trop non plus.
Mes partenaires sexuels, mon corps et moi
C’est dans ce contexte que j’ai commencé ma vie sexuelle. Par tâtonnements, par curiosité, peut-être aussi par pression sociale.
Depuis, j’ai eu une dizaine de partenaires sexuels. J’ai appris que le cul pouvait être cool, que ce n’était pas normal si ça faisait mal, que si j’en avais pas envie, je pouvais le dire.
J’ai connu des mecs rapides, des mecs impuissants, des mecs « lapins », un mec tellement détente qu’il s’endormait pendant le coït, des mecs égoïstes et des mecs trop altruistes…
Au fil du temps, j’ai apprivoisé mon corps. J’ai commencé à me masturber il y a seulement quelques années, j’ai compris que par moments, je faisais du vaginisme, que la pilule influait sur mon désir.
Mais malgré une dizaine d’années d’expérience, j’ai réalisé il y a seulement quelques mois que je ne m’étais jamais demandé si j’étais un bon coup.
Toute ma vie, j’ai cru que si le mec jouissait, c’était gagné pour lui. Comme toi peut-être, je culpabilisais parfois de ne pas amener mes partenaires « au bout ».
Inconsciemment, je calquais mon propre ressenti sur leur besoin, sans jamais chercher plus loin.
Ma libido faible, mon couple sans sexualité
parce qu’il m’a trompée et menti pendant des mois. J’ai découvert tardivement qu’il ne faisait pas qu’inviter l’autre fille en soirée, il avait aussi couché avec elle.
Après le choc de cette découverte, j’ai commencé à repenser mon rapport à la sexualité.
J’ai assez peu de libido, je kiffe autant voir un bon spectacle que faire l’amour. Tu trouveras peut-être ça bizarre, mais je n’en ressens pas forcément le besoin parce que je me satisfais bien toute seule et les parties au lit ne m’éclatent pas.
Il y a des matins où la faim me donne plus envie de déjeuner que de chercher des caresses, des soirs où la fatigue est si grande que l’adrénaline d’une partie de cul ne me tient pas éveillée.
Voilà comment le quotidien a laissé cette relation sans sexe s’installer sans que ça ne me dérange. On n’en parlait pas et il ne m’avait jamais fait part d’un besoin physique grandiose. J’en avais donc déduit que ça nous convenait tous les deux.
« Qui ne dit mot consent. »
Quelle expression de merde.
On m’a appris à dire « non », mais on ne m’a pas appris à poser cette question basique : « ça va toi, ça te convient comme ça ? ».
Cette question, on a pris l’habitude de la poser quand on fait des choses… mais on ne m’a jamais appris à la poser quand on n’en fait pas.
Ce mec était aussi le premier avec lequel je ne me forçais pas. Avec mes autres partenaires, les soirs de flemme, je suivais en me disant que ça leur ferait plaisir.
Depuis, je suis devenue féministe et j’ai compris que le désir des hommes n’était ni primaire ni universel et que je pouvais m’écouter et faire entendre mes envies à moi aussi.
Suis-je asexuelle ? À quoi ressemble ma sexualité ?
À un moment, je me suis demandée si j’étais asexuelle, mais au fil des recherches et des témoignages, j’ai déduit que cette étiquette ne correspondait pas à ma sexualité.
Je ne suis pas asexuelle, je ne vois juste pas le cul comme un hobby passionnant ou épanouissant. J’ai une sexualité ennuyeuse et jusque là, ça ne me dérangeait !
Mais devenir la meuf trompée a changé mon rapport à mon corps et à ma sexualité.
J’ai réalisé que mon chemin vers l’acceptation de mes plaisirs et de mes désirs était vallonné d’obstacles et de barrières mentales que je pouvais lever si je le souhaitais.
Et je crois bien que j’en ai envie. Je suis même persuadée que cela ne peut m’apporter que plus de confiance et d’amour de moi.
J’ai envie d’une sexualité épanouie !
Tu l’as peut-être compris au fil de mon récit : quand j’ai un problème, je ne peux pas m’empêcher de chercher des solutions. Alors depuis quelques temps, j’encourage mon changement en faisant la liste des « je ne veux plus ».
Je ne veux plus être gênée par ma sexualité… alors je commence à en parler avec des amis proches et je me repasse des Émifion.
Je ne veux plus co-habiter avec mon corps… alors je cherche comment l’érotiser et si je me réengage dans une relation, j’écrirai un petit carnet d’appréciation du corps de l’autre.
Je ne veux plus laisser trainer une discussion gênante avec mon ou ma partenaire et je ne me cacherai plus derrière « ce n’est pas le bon moment ».
Je ne veux plus me satisfaire du minimum et je veux que ma sexualité soit un prétexte à l’amusement.
Et toi, tu t’es déjà demandée ce que tu voulais ? Peux-tu dire avec certitude que ton ou ta partenaire est satisfait·e ?
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