Faye Wilkins a une apparence tout à fait normale et deux enfants âgés de sept et deux ans. Une vie qui peut sembler ordinaire mais qui ne l’est pas tant que ça : cette femme est née avec deux cols de l’utérus… et deux vagins ! Une histoire rare relayée par le New York Post.
La découverte de l’anomalie
À lire aussi : Trigger Warnings, un outil pour mieux vivre ensemble sur Internet
Aussi fou que cela puisse paraître, la jeune femme et son entourage ne se sont pas immédiatement rendu compte de cette malformation. Et pour cause : la différence ne se sent qu’en interne.
À quatorze ans, Faye a de grosses douleurs pendant son cycle mais toujours pas de règles. Sa mère décide alors de l’envoyer consulter. Les médecins pensent à un kyste à l’ovaire parce qu’il y a une bosse. Aucun docteur ne lui fait passer d’échographie, les douleurs continuent.
À lire aussi : Douleurs insoutenables et sexualité limitée : l’endométriose, je vis avec depuis toujours
Huit mois plus tard, alors qu’elle va dans sa salle de bain, elle raconte l’horreur : son utérus se rompt.
« J’ai entendu un énorme « pop » et j’ai compris que quelque chose en moi avait explosé. J’agonisais, il y avait tant de sang et je me suis rendue en urgence à l’hôpital où des docteurs m’ont examinée et ont finalement diagnostiqué un utérus didelphe. »
L’anomalie avait causé un rempart ne laissant pas passer le sang menstruel… L’utérus avait alors grandi jusqu’à faire 12 cm.
Wilkins se fait opérer deux mois plus tard pour fusionner ses deux vagins ensemble afin de n’en former qu’un seul. Elle garde en revanche son utérus avec deux cavités. On lui annonce alors que ses chances de porter plus tard un bébé sont minimes.
Les grossesses : un parcours du combattant
Faye Wilkins enchaîne effectivement les fausses couches (six au total) jusqu’à tomber enceinte de Molly. La petite fille grandit dans la cavité de gauche et naît en bonne santé.
Cinq ans plus tard, elle retombe enceinte… Elle refuse alors de s’enthousiasmer, connaissant trop bien les risques encourus. Pourtant, le bébé s’accroche, cette fois dans la cavité droite.
Quelques mois plus tard, George naît.
« Contrairement à ce que vivent beaucoup de femmes, tomber enceinte a toujours été une période difficile pour moi. »
Accepter sa différence
Si elle témoigne aujourd’hui, c’est pour apporter du soutien aux gens qui ont le même type de malformation… Et faire connaître l’utérus didelphe.
« Avoir cette anomalie ne fait pas de vous une personne avec moins de valeur, vos organes internes se sont justes formés différemment. (…)
De nombreux professionnels médicaux ne connaissent pas cette anomalie et à chaque fois que je vais chez le gynécologue pour un frottis, ça m’étonne à quel point les gens n’y connaissent rien, et le nombre de questions bizarres que l’on me pose.
J’ai eu une vie relativement normale. Je n’ai qu’un seul rein, ce qui est lié à mon utérus didelphe, mais encore une fois, je n’ai pas laissé ça me retenir. »
Si l’utérus didelphe est extrêmement rare, entre 1 et 3,2% des gens dotés d’utérus auraient une malformation à ce niveau.
Si les chiffres sont aussi flous, c’est en fait pour une bonne raison : de nombreux•ses patient•es ne sauront jamais qu’ils/elles sont porteur•euses de cette anomalie puisque leur fertilité ou leur capacité à donner naissance ne seront pas affectées.
Une histoire qui amène à réfléchir et surtout à se renseigner sur ces malformations plus courantes que ce que l’on pourrait croire.
À lire aussi : Une femme née sans utérus a donné naissance à un bébé en Suède
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Personnellement, je suis née avec un seul rein (effectivement lié à la malformation utérine), deux hémi-utérus et deux cols d'utérus dont un fermé, provoquant une hémorragie interne.
Mon problème n'a pas été "détecté"/"reconnu" avant des années, j'ai subi deux opérations et j'en souffre encore.
Alors ce genre de témoignage rassure un peu, sur la confiance en soi et sur une possible (mais très difficile) maternité, même si cela semble toujours terrifiant.