En 2016, il est encore étrange pour beaucoup qu’une femme en apparence « normalement » constituée s’intéresse à un engin de quatre roues autrement qu’en tant que simple machine à se déplacer.
Si les garçons sont encouragés à aimer les voitures depuis tout petits, notamment à travers des rayons jouets remplis de miniatures et autres bolides télécommandés, les filles sont quant à elle considérées ne prendre le volant que par nécessité mais jamais par plaisir. Et quand c’est le cas, c’est encore souvent assez mal vu, ou tout du moins, considéré comme bizarre.
Voici donc un florilège de réflexions auxquelles j’ai été confrontée, remises dans leur contexte bien sûr.
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La fragilité des femmes VS la puissance des bolides
Ce qui est drôle, c’est que chaque nouvelle conversation qui part sur les voitures avec un individu de type masculin est plutôt prévisible, puisqu’elle commence comme ceci — en tout cas pour moi :
« Ah bon, tu aimes bien les voitures ? C’est marrant comme passion pour une fille… Mais bon, il en faut hein ! »
C’est vrai, dans le monde, il faut toujours quelques gens « étranges » pour que tout fonctionne correctement. Mais il vaut mieux se dire que c’est sans doute la surprise qui terrasse ces hommes au point de ne plus savoir quoi dire, même si l’on y croit moyen.
L’autre jour, celui avec qui je discutais a décidé d’aller plus loin et de me demander si j’avais déjà essayé le pilotage. Visiblement surpris par ma réponse positive, il ne trouva alors rien de mieux à ajouter qu’un petit « C’est marrant, on dirait pas comme ça, tu as l’air toute fragile » dont je me serais bien passée. C’est drôle, je viens d’apprendre qu’il fallait être taillée comme The Rock pour rouler sur un circuit.
Visiblement, une femme qui prend le volant d’une voiture de sport, c’est un concept que certains ont encore bien du mal à intégrer. J’ai également pu en faire l’expérience à la station-service, puisqu’alors que je descendais de la Clio RS que je conduisais à ce moment-là, un spécimen adossé à sa rutilante BMW m’a lancé un séduisant : « Hé, j’pensais pas c’était une meuf comme toi qui conduisait ça !
».
Traduire : « Dites, donc, j’ignorais qu’une femme comme cela pouvait prendre les commandes d’une telle voiture ! ».
Allez, mettons ça sur le compte de la surprise, encore une fois.
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La voiture, l’apanage des hommes ?
Toujours au volant de cette même petite Renault Sport, voilà qu’un autre individu, visiblement conquis par ses lignes harmonieuses, s’est empressé de me féliciter pour mon choix :
« Sympa ta voiture, tu l’as piquée à ton mec ? Il le sait au moins ? Fais attention de pas l’abîmer, hein ! »
No comment.
Pour finir, terminons sur l’apothéose de la réflexion du macho qui ne se cache pas… mais avant ça, laissez-moi vous expliquer le contexte.
Il y a deux ans, j’ai eu l’occasion de travailler en tant qu’hôtesse au Mondial de Paris, lâchée au milieu d’une horde d’individus venus pour admirer les voitures… et surtout les jeunes femmes à leurs côtés. Si j’ai effectivement pu rencontrer pas mal de filles faisant ce métier sans rien connaître à ces engins à moteur, d’autres en revanche s’y intéressent et ça, ce n’est pas marqué sur notre front.
Partant du principe que, par défaut, une fille (et qui plus est une hôtesse) n’est qu’une plante verte bonne à sourire, un homme d’une soixantaine d’années est venu se poster près de la voiture qui m’était attitrée.
Alors qu’il réfléchissait tout haut, hésitant entre un trois ou un quatre cylindres, je m’empressai de lui demander s’il avait besoin d’un quelconque renseignement, ce a quoi il répliqua tout naturellement et presque amicalement, comme si je lui inspirais la plus grande des pitié :
« Je vous parle de moteurs, mais ça ne doit pas vous évoquer grand-chose de toutes façons… »
Désolée de vous dire ça monsieur, mais vous êtes tombé sur la mauvaise personne… Et oui, vous êtes malheureusement tombé sur une journaliste automobile, pas de chance ! Car comme dans les tous les milieux, il y a des femmes dans le domaine des bagnoles.
Il faudrait commencer à s’y faire…
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Les Commentaires
Je me reconnais bien dans les témoignages... Quand je faisais de la moto, un voisin m'avait demandé à combien je pouvais aller au maximum. À ma réponse (une vitesse interdite que je ne reproduirai plus, n'est-ce pas) il a fait : "ah oui c'est beaucoup... Pour une fille"......
Plus récemment, j'ai acheté dans une brocante des livres qui retracent l'histoire de voitures de légende. J'étais accompagnée de mon copain, mais c'est bien moi qui ai mené la vente, négocié, tout ça. Eh bien figurez vous qu'au moment de faire un peu la causette au sujet des voitures, le vendeur s'est adressé directement... À mon copain, et pas du tout à moi ! Certains clichés ont la peau dure...
Du coup, Candide L'Ingénue, je suis aussi curieuse de savoir quel genre de Youngtimer tu recherchais ? Tu as peut-être trouvé depuis ?