Le 24 novembre, la veille de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, aura lieu une marche féministe, initiée par Caroline de Haas (cofondatrice historique d’Osez le Féminisme), sous la bannière #NousToutes.
#NousToutes, c’est quoi ?
Esther t’en a déjà parlé sur madmoiZelle et a relayé la tribune de 600 femmes parue sur France Info :
« Nous marcherons le 24 novembre pour dire haut et fort que nous voulons en finir avec toutes les violences sexistes et sexuelles.
Nous marcherons le 24 novembre car nous sommes convaincues que si nous faisons reculer ces violences, nous ébranlerons ce système injuste que nous subissons toutes à des degrés divers.
Nous marcherons le 24 novembre pour exiger des mesures ambitieuses et des moyens.
Nous marcherons le 24 novembre pour que celles qui viendront après nous vivent dans un monde dans lequel être femme n’expose pas à plus de violences et ne donne pas moins de droits que d’être homme.
Nous marcherons le 24 novembre, rassemblées, pour montrer notre force. »
Une marche de féministes, donc, mais aussi et surtout une marche de femmes manifestant pour appeler à la fin des violences sexistes et sexuelles.
#NousToutes, victimes de sexisme
Une marche pour dire : #NousToutes, nous sommes victimes du patriarcat.
#NousToutes, nous avons été élevées dans la peur. #NousToutes, nous avons appris que dans l’espace public, nous ne sommes pas les bienvenues.
#NousToutes, nous adaptons la longueur de nos jupes ou la profondeur de nos décolletés aux rues que l’on doit traverser, à l’heure à laquelle nous comptons rentrer.
#NousToutes, nous avons été harcelées en ville, en campagne, dans les transports, en cours, au travail.
#NousToutes, nous avons été vulnérables face à la violence sexiste, face aux agressions sexuelles et aux viols dont les femmes forment l’immense majorité des victimes.
#NousToutes, nous marchons pour dire : nous en avons assez.
#NousToutes, une initiative spécifique
#NousToutes, dès le départ, est une initiative relativement isolée.
L’ambition n’a jamais été d’effacer les divergences entre les différents courants féministes ; simplement de les mettre entre parenthèses le temps d’une mobilisation, sous un mot d’ordre clair.
#NousToutes rassemble donc une population hétérogène. Diverses associations, groupuscules, et autres organes féministes y cohabitent…
Mais comme cet article de Slate signé Aude Lorriaux
l’explique très bien, la cohabitation est loin d’être simple.
Quand #NousToutes se divise
Des différences d’opinion, de valeurs, créent #NousAussi, un slogan séparé pour mettre en avant celles qui ne se sentent pas assez représentées dans le féminisme « mainstream ».
Ces mêmes différences accouchent de #PasToutes, le mot d’ordre de celles pour qui la prostitution est une inacceptable violence, et qui ne veulent pas marcher aux côtés du STRASS, le Syndicat du Travail Sexuel.
Bien des femmes, je l’espère, défileront le 24 novembre, mais pas forcément sous les mêmes panneaux, pas avec les mêmes chants ni les mêmes slogans.
Je ne peux m’empêcher de me dire que ça me désole…
Est-ce impossible de dire #NousToutes ?
Loin de moi l’idée d’ordonner à quiconque comment militer ; si unetelle veut se désolidariser de tel collectif, mais marcher malgré tout, eh bien c’est son choix, et son droit.
Mais le message me semblait, pour une fois, faire l’unanimité. Le slogan aussi. #NousToutes.
Car au-delà des problématiques internes à tout mouvement militant, eh bien oui, #NousToutes vivons le sexisme. #NousToutes en avons assez.
Même pour une évidence, l’union est compliquée
Je ne prétends pas juger celles et ceux pour qui il est important de marquer leur spécificité, leur place au sein du féminisme.
Car comme bien des courants visant à changer le monde, le féminisme est pluriel, composé de personnes et de groupes pas toujours d’accord à 100%.
Et il est essentiel que le féminisme reste pluriel ; il est essentiel que chacun et chacune puisse y trouver sa place, sa voix et sa voie.
Je ne veux pas d’un dogme rigide auquel il faudrait prêter allégeance et se taire.
Mais j’ai un pincement au cœur en constatant que même pour défendre une évidence, même pour souhaiter la fin des violences sexistes et sexuelles, nous, les féministes, ne parvenons pas à nous « mettre d’accord » le temps d’une marche.
Face à l’urgence, ne pourrions-nous pas nous unir ?
Dans mon cœur et mes tripes, je ressens l’urgence de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Je ressens, car je suis victime, comme #NousToutes, comme mes soeurs, mes amies, mes tantes, ma mère, toutes les inconnues avec lesquelles je partage cette conscience profonde d’être femme, ancrée dans la chair et dans l’esprit.
Je ne blâme pas celles et ceux qui ont voulu se « désolidariser » : encore une fois, tout le monde est libre de militer à sa façon.
Je me dis juste qu’en face, dans le camp des agresseurs et des violeurs, dans le camp des « c’est pas si grave » et des « t’as vu comment elle était habillée »…
Toutes ces histoires d’associations féministes plus ou moins d’accord doivent être bien rassurantes.
Tout ce temps, toute cette énergie passée à débattre de qui a ou non sa place dans cette marche, de comment signifier sa différence avec un autre hashtag…
C’est autant de temps et d’énergie qui n’est pas passée à changer la donne pour ces agresseurs jouissant trop souvent d’une tranquille impunité.
#NousToutes, nous sommes d’accord sur le fond
Je marcherai le 24 novembre, et je vous avoue que je me fous de savoir si je marcherai avec #NousToutes, #NousAussi ou #PasToutes, avec X ou Y.
Je sais que je marcherai avec des gens voulant la fin des violences sexistes et sexuelles.
Et j’ai tendance à dire que tant qu’on est d’accord là-dessus, c’est l’essentiel.
À lire aussi : Peut-on être féministe et populaire ? (Clémence Bodoc à l’université d’été du féminisme)
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Les Commentaires
Oh ! Je ne connaissais pas cet article. Merci de l'avoir mis ici. Je partage entièrement le point de vue de Mymy et je suis très contente de lire un article comme celui-ci.