Le 13 mars 2020
En partenariat avec Dorcel (notre Manifeste)
Je suis moi-même surprise de ne jamais avoir abordé, en plus de 7 ans sur madmoiZelle, le sujet croisé « féminisme et sexualité ».
Pourtant, c’est bien en faisant mon éducation pro-égalité, en apprenant à déconstruire les stéréotypes et à me débarrasser des idées reçus, que j’ai compris comment mieux jouir !
Laisse-moi te raconter comment mon féminisme a amélioré ma vie sexuelle… qu’elle soit en solo, ou à deux.
Le féminisme sex-positive m’a décomplexée sur ma sexualité
Le féminisme sex-positive, ou pro-sexe, est défini ainsi par Wikipédia :
« Le féminisme pro-sexe est un courant du féminisme, issu du milieu queer, qui apparaît dans les années 1980 aux États-Unis et qui voit en la sexualité un domaine qui doit être investi par les femmes et les minorités sexuelles. »
N’étant pas très concernée par la question du travail du sexe (je ne consomme pas de pornographie), qui est un des angles du féminisme sex-positive, je vais plutôt parler ici de ma sexualité personnelle.
Car c’est en partie par des essais et lectures liées à cette branche du féminisme que j’ai appris à me libérer au niveau du cul.
Grâce au féminisme, je n’ai plus honte de me masturber
Je me souviens d’un échange qui m’a marquée. Je te peins la scène : je suis au lycée, encore timide et peu assurée.
J’ai l’impression que je me masturbe depuis toujours. Aussi loin que remontent mes souvenirs, ça m’a toujours « fait du bien » de me toucher entre les cuisses, même si je n’avais pas de mot à mettre dessus.
Pourtant, autour de moi je n’entends jamais de femmes parler de masturbation — alors que la branlette masculine, ça, c’est un sujet, on la mime, on fait des vannes dessus, on en rit ou on s’en méfie.
Je suis avec des copines, et l’une d’entre elles aborde la masturbation. Pour s’exclamer avec un air dégoûté :
— Ah non mais ça, c’est un truc de filles sales. Je ne fais pas ça moi, je ne me cale pas des doigts, berk !
Et tout le groupe d’opiner du chef. Ce jour-là, j’ai suivi le mouvement. J’ai menti et acquiescé, emplie de honte. Honte de mes fantasmes, honte de cette pratique que j’ai juré de taire à jamais.
Je n’ai pas imaginé que je n’étais pas la seule à cacher la vérité. Je me croyais anormale. J’ai compris bien plus tard qu’une bonne partie des filles présentes ont probablement menti aussi…
Et puis j’ai fait mon éducation féministe. J’ai découvert des articles et sites entiers dédiés au plaisir féminin. J’ai appris l’anatomie de ma vulve, de mon vagin, de mon clitoris, j’ai exploré mes mille zones érogènes.
J’ai appris que la masturbation n’avait rien de honteux, que c’était même plutôt sain de pouvoir se donner du plaisir à soi-même, qu’il n’y avait pas à le cacher ni à se sentir sale.
J’ai appris que tout le monde (ou presque) se fait jouir de temps à autres, et j’ai même appris à aimer et à savourer le fait de pouvoir me faire kiffer sans avoir besoin de personne !
Grâce au féminisme, je me masturbe mieux
Pour continuer sur le sujet de la masturbation, c’est aussi par mon éducation féministe que j’ai découvert différentes façons de me toucher.
Pendant longtemps, j’ai cru que j’étais « anormale » parce que dès qu’on parlait ou représentait la masturbation féminine, on se basait sur le fait de se « doigter ». Ce que je ne fais jamais.
Comme beaucoup de femmes, je suis adepte du « humping », le fait de se donner du plaisir en se frottant (à la main, contre un oreiller, un objet, etc.), ce qui stimule la partie externe du clitoris.
Eh bien déjà, grâce au féminisme, j’ai appris que oui, oui, c’est bien de la masturbation ! Première nouvelle !
Mais ce n’est pas la seule façon dont je peux me donner du plaisir…
Je suis trop jeune pour avoir connu la révolution du rabbit dans Sex and the City, mais j’en ai savouré les fruits. Me libérer au niveau de la sexualité m’a aussi menée au monde merveilleux des sextoys.
Car c’est bien le mouvement de libération sexuelle, intimement liée au féminisme sex-positive, qui a démocratisé les Wand, vibros et autres aspirateurs à clitos !
Des sextoys pour découvrir de nouveaux plaisirs
J’ai été piocher chez Dorcel, le partenaire de cet article, quelques sextoys qui vont peut-être révolutionner ta vie sexuelle (seule ou à plusieurs)…
Comme ça tu pourras dire « grâce à madmoiZelle, je me branle mieux qu’avant » ! Et c’est pour ça que je me lève le matin, tu sais.
Grâce au féminisme, j’ai libéré ma sexualité
S’il y a bien une chose que le féminisme m’a appris, c’est qu’en matière de sexualité, il y a certes des tendances, mais il n’y a pas de règle rigide. (En-dehors du consentement et de la protection contres les MST, IST et grossesses non-désirées !)
Certaines femmes adorent la pénétration, d’autres non. Certaines peuvent jouir par les tétons, ne jurent que par la sodomie, ou ont besoin d’une stimulation externe pour atteindre l’orgasme.
Certaines jouissent très vite, d’autres ne jouissent jamais. Certaines aiment multiplier les partenaires, d’autres lient intimement amour et sexualité.
Certains hommes ont des orgasmes (avec ou sans éjaculation), d’autres n’en ont pas. Certains hommes n’aiment pas le porno. Certains hommes aiment qu’on titille leur prostate.
Bref, dans le cul comme dans le reste, « il faut de tout pour faire un monde » et c’est en apprenant ceci que j’ai pu explorer ma propre sexualité au lieu d’essayer de la calquer sur une « normalité » tout à fait inexistante.
J’ai accepté mon goût pour le BDSM et compris qu’être soumise au lit ne trahit pas mes valeurs politiques.
J’ai accepté qu’être en relation libre est pour moi la panacée.
J’ai accepté que certaines pratiques, comme le plan à trois, ne me tentent pas et ne me tenteront peut-être jamais, que ça ne fait pas de moi une fille coincée.
J’ai accepté qu’à l’inverse, mon rapport décomplexé à ma sexualité, et ma façon d’en parler sans tabou, ne fait de moi une salope que dans les yeux des gens que je n’ai pas envie de fréquenter.
J’ai accepté qu’être une salope, c’est pas si grave, tiens. Je le vis plutôt bien !
Grâce au féminisme, je suis devenue un bon coup
Ce titre est un peu piquant, je le sais bien : la notion même de « bon coup » est sacrément floue.
À mes yeux, être un « bon coup » à savoir une partenaire sexuelle de qualité, c’est d’abord et surtout savoir communiquer.
Savoir indiquer à l’autre ce qu’on aime ou non, savoir accepter ce qu’il aime ou non, et concilier les deux sexualités pour en construire une encore meilleure, comme claquer un combo dans un jeu de baston.
Avant, je n’étais pas un « bon coup » parce que j’ignorais ce qui me plaisait, ou alors j’en avais honte. Soit je simulais, soit je prenais un plaisir tiédasse, sans oser guider le mec vers ce qui allait me faire décoller.
Me débarrasser de mes complexes, à la fois liés à ma sexualité mais aussi tout simplement à mon corps, ça m’a permis d’être épanouie au lit, et ce avec plusieurs partenaires.
Car oui, je n’en ai pas encore parlé, mais apprendre grâce au mouvement body-positive que je peux être belle, sexy et désirable avec mon gros cul, ma cellulite, mes seins en poire et mes poils, ça a révolutionné ma vie !
À présent, je vois la sexualité comme je le désire : c’est un terrain de jeu, une façon de connecter avec des garçons que j’aime ou que j’affectionne, de donner et de prendre du plaisir.
C’est un lieu de lâcher-prise total pendant lequel je ne ressens rien que de l’envie et du kif, au lieu de la honte, les mille questionnements et la peur d’être anormale qui me taraudaient.
Alors mon clitoris et moi, on dit MERCI au féminisme pour tout ça !
À lire aussi : Comment choisir ton premier sextoy
Les Commentaires
On a toustes le droit au plaisir. En plus, c'est un excellent shoot d'hormones naturelles.
De part mon expérience personnelle je peux dire que : c'est bon pour le moral, pour la santé, ça aide à gérer son stress, le soir ça favorise l'endormissement (occuper une insomnie par une petite auto-gâterie, ça aide agréablement à faire passer le temps), ça stimule mon imagination...
Je ne sais pas si ma pratique est liée à mon féminisme. J'y ai goûté assez tard. Et la culpabilité que je ressentais à l'époque pimentait mon plaisir (vi, je suis tordue)
Aujourd'hui, je ne me pose plus de question. Je fais ce que je veux.