Ho, ho, ho ! Noël arrive à grands pas ! L’odeur des marrons chauds, la douceur de la neige qui tombe dehors, le discret crépitement du feu dans la cheminée, le sapin odorant au pied couvert de cadeaux…
Et les repas de famille avec tes proches pas forcément super éclairé•es sur le féminisme, qui font peut-être exploser ta consommation de vin blanc à chaque remarque déplacée.
Ce Noël promet d’être riche en actualités, entre les présidentielles de ce printemps et surtout l’affaire Weinstein qui a mis les violences sexuelles au centre du débat public.
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Comment répondre à Tonton-relou, à Cousine-fermée d’esprit et à Beauf-blague sexiste pendant ces fêtes de fin d’année ? Voici quelques répliques que tu risques d’entendre… et des idées de répartie !
« Bientôt on pourra plus parler à une femme sans être accusé de harcèlement »
Probable qu’aucune personne ayant prononcé ces mots n’a arrêté de communiquer avec des femmes, mais faisons mine de prendre cette inquiétude au pied de la lettre.
Comment échanger avec une femme sans qu’elle ne roule sa culotte en boule et décide de crier au harcèlement alors que vous vouliez juste avoir l’heure ? Éviter ce risque est assez simple, promis.
- Comment répondre ?
Vous pouvez déjà mettre en avant le fait qu’a priori, aucun des hommes présents au repas n’a été accusé de harcèlement sexuel — la preuve que ce n’est pas en demandant une tradition-pas-trop-cuite à la boulangère qu’on finit au poste de police.
Et puis vous pouvez rappeler que parler, ce n’est pas harceler, et qu’aucune femme ne se lève le matin en se disant « Hmm, j’avais un déjeuner et mon cours de yoga, mais je vais plutôt accuser un mec de harcèlement sans raison ».
Échanger avec des femmes de façon polie et respectueuse, faire attention à leurs réactions (comme, oh je sais pas, un « Non » par exemple, ou un « Je ne suis pas intéressée »), ça reste le meilleur moyen de se mettre à l’abri.
Et pour plus de sûreté, n’hésitez pas à rappeler la règle d’or : parlez aux femmes comme à des personnes, et non comme à des femmes.
Un « Bonjour », ce n’est pas relou. Un « Bonjour beauté » à votre stagiaire, ça a déjà vachement plus de chances de l’être.
« Vous traitez tous les hommes d’agresseurs, bonjour l’égalité ! »
Ah, on touche ici à la différence entre un groupe social et un groupe tout court.
Non, ce ne sont pas tous les hommes qui agressent des femmes — encore heureux. Sinon l’esprit de Noël serait un peu GÊNANT.
D’ailleurs, ce ne sont pas non plus toutes les femmes qui sont agressées. Certaines n’ont jamais été harcelées, insultées, frappées, violées. Et heureusement.
Mais ce que l’actualité a montré, c’est que les violences sexistes ne sont pas des « cas isolés ». Ce qui est, eh oui, un pas important vers l’égalité.
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- Comment répondre ?
Les hashtags qui ont circulé ne disaient pas #TousDesPorcs, #ÀBasLesMecs ou #CouponsDesCouilles. Les hashtags, en fait, ne parlaient pas vraiment des hommes.
Ils disaient #MyHarveyWeinstein, #BalanceTonPorc (en français), mais surtout #MeToo et #MoiAussi.
Ce qui se passe actuellement n’est pas une cabale visant à éradiquer le genre masculin, c’est un raz-de-marée de femmes se sentant enfin libres de parler de ce qui leur est arrivé.
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#NotAllMen, on sait, #PasTousLesHommes, mais… #BeaucoupDeFemmes ont été victimes de violences sexistes. Et c’est de ça qu’on parle ENFIN à échelle nationale, voire mondiale !
« On pourra plus draguer, c’est la fin de la séduction »
Une idée reçue assez répandue chez les personnes anti-féministes est de dire qu’en gros « Si le mec est séduisant c’est de la drague, sinon la femme crie au harcèlement ».
Comme si le harcèlement était une donnée floue, un genre de violence de Schrödinger qui ne devient une réalité qu’une fois nommée. Mais non, le harcèlement, c’est un vrai truc !
Voici quelques pistes pour rassurer ton cousin qui a peur de ne plus jamais pouvoir draguer sans se retrouver sur le banc des accusés.
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- Comment répondre ?
La différence entre drague et harcèlement tient en quelques mots : le contexte, et le consentement.
Draguer une personne sur laquelle on a du pouvoir hiérarchique (subordonnée, élève…), dans un cadre professionnel ou scolaire, c’est la mettre dans une situation délicate.
Le refus risque-t-il de la mettre sur la sellette ? Non ? Comment peut-elle en être sûre ?
Si refus il y a eu, est-il écouté, respecté ? Ou moqué, remis en question, tourné en dérision, voire purement et simplement ignoré ?
Ce n’est pas un crime, ni même un délit, de ressentir de l’attirance pour une femme, ni de le lui faire savoir avec politesse et respect. Ce qui l’est, c’est de lui faire payer cette attirance, alors qu’elle n’a rien demandé, rien fait pour la provoquer.
D’ailleurs, en parlant de ça…
« Les femmes, en même temps, elles cherchent et après elles se plaignent »
AH MAIS OUI SUIS-JE BÊTE !
Mais oui, Bruno, cher beau-frère qui avale son Bordeaux comme si c’était du Coca Zéro, c’est vrai que les femmes, ces mantes religieuses, prennent plaisir à susciter du désir pour ensuite refuser les avances des hommes et crier au harcèlement.
Pardon, j’ai renversé la salière, je reprends.
Une idée reçue salement tenace veut qu’une femme qui colle aux canons de la féminité « cherche ». Cherche quoi ? Eh bien l’attention des hommes, pardi. Alors mettre une jupe et ensuite se plaindre, c’est le pompon !
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- Comment répondre ?
Tu peux par exemple demander à Bruno qui tu essaies de séduire, d’après lui, en ayant mis du mascara au repas de Noël, EN FAMILLE donc. J’aimerais bien voir sa réponse.
Tu peux rappeler que plein de femmes se maquillent ou s’habillent pour elles, pas pour séduire des hommes, surtout quand c’est pour aller au boulot. Qu’elles se sentent bien ainsi, et/ou que « ça fait plus pro ».
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Que beaucoup des femmes célèbres ayant témoigné en utilisant #MeToo étaient en couple au moment des faits, et ne cherchaient pas a priori à s’encanailler avec leur supérieur hiérarchique.
Si ça mord, tu peux aller plus loin et tenter d’expliquer que même si une femme séduit un homme, eh bien elle a toujours le droit de changer d’avis, de se rétracter et de dire « non » à tout moment… En espérant que Bruno pige ça !
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Camarades féministes, courage !
J’espère que ces conseils de répartie te seront utiles, et que tes réponses ne seront pas accueillies avec mauvaise foi ou condescendance. (Bah ouais, les miracles de Noël, ça arrive non ?)
Quoi qu’il arrive, je veux surtout te souhaiter bon courage !
Je me doute que tu as parfois, comme moi, l’impression de vider l’océan à la petite cuillère, et qu’il reste beaucoup trop de travail à accomplir pour faire changer les mentalités et avancer vers l’égalité.
Mais crois-moi, on va dans le bon sens, et à l’échelle de l’Histoire, on accomplit des pas de géantes.
Ça ne fait même pas un siècle que les femmes ont le droit de vote en France, rends-toi compte ! Même pas cent ans que nous sommes, à part entière, des citoyennes !
Les prises de conscience sur le sexisme ordinaire, la violence sexuelle ou l’absence des femmes dans de nombreux domaines peuvent te sembler interminables, mais au moins, le féminisme et ses combats sont un sujet de conversation.
On n’en parle pas forcément en bien, pas forcément sans clichés ou raccourcis, certes, mais on en parle. Rien n’avancera sans ces dialogues.
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Et puis souviens-toi que tu n’es pas la porte-parole du féminisme, que tu peux tout à fait dire « je n’ai pas envie de parler de ça » ou « bon, on change de sujet ? », personne ne t’en voudra, tu ne trahiras pas tes valeurs en étant lassée du débat !
Joyeuses fêtes, malgré tout, et rendez-vous à Noël prochain, puis celui d’après, puis encore après… et ainsi de suite jusqu’à ce que cet article te paraisse tout à fait obsolète. Ça finira par arriver !
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Le bingo des réflexions sur le féminisme à Noël
Si rien ne va, si noir c’est noir, s’il n’y a plus d’espoir, je t’ai concocté avec l’aide de la rédac un petit bingo. Garde la pêche !
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