Le sujet avait été soulevé en 2022 : le décompte des féminicides est-il réellement représentatif de ce fléau alors qu’il met perpétuellement l’emphase sur les meurtres de femmes dans des contextes de couple ou de séparation ?
Ce mardi 3 janvier, une nouvelle instance militante, l’Inter Orga Féminicides, a annoncé avoir engagé un travail de recensement des crimes de haine misogynes, qu’ils aient lieu dans le cadre conjugal, mais aussi dans d’autres contextes. Elle entend ne plus invisibiliser ces meurtres qui touchent d’autres groupes minorisés vulnérables et particulièrement touchés par les violences, notamment les femmes trans ou encore les travailleuses de sexe.
Elle regroupera plusieurs associations : Acceptess T, Les Dévalideuses, la Fédération Parapluie Rouge et Nous Toutes est ouverte à d’autres contributions d’associations ou de collectifs.
Pourquoi il est nécessaire de voir au-delà des féminicides par conjoint ou ex-conjoint
L’Inter Orga Féminicides pointe les conséquences qu’a une recension des féminicides qui ne se focaliserait que sur les uxoricides, soit les meurtres de femmes par leur conjoint : « 1 – c’est oublier les plus précarisé·e·s 2 – c’est établir une norme selon laquelle la violence est normale hors du couple : pour se protéger de la violence, il faut être dans le couple hétéro »
Depuis quelques années les médias délaissent de plus en plus l’expression « crime passionnel » —ce qui est un progrès indéniable —, et vont parfois jusqu’à s’interroger et enquêter sur les mécanismes des violences conjugales pour voir au-delà du simple fait divers et du cas isolé. Cette nouvelle méthodologie va donc être mise en place pour ne plus invisibiliser certaines violences systémiques et ne plus restreindre les féminicides au seul cadre du couple, et pourra donc, on l’espère, inciter à faire évoluer des réflexes journalistiques pour traiter ces affaires.
En janvier 2022, Nous Toutes avait annoncé son choix de ne plus relayer les chiffres recensés par le collectif Féminicides Par Compagnons ou Ex, après des propos transphobes tenus sur Twitter à l’égard d’une femme leur demandant si les femmes trans avaient été prises en compte parmi les femmes tuées par leur conjoint ou ex.
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Crédit photo : Jeanne Menjoulet via Flickr
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