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Sihem Belouahmia
Société

Féminicide de Sihem Belouahmia : pourquoi les mots sont importants

Portée disparue depuis une semaine, la lycéenne a été retrouvée dans une forêt près d’Alès. Son meurtre est le 9ème féminicide depuis le début de l’année.

Une semaine. C’est le temps qu’il aura fallu pour retrouver le corps de Sihem Belouahmia, lycéenne de 18 ans assassinée dans le Gard par l’ex-mari de sa cousine.

Une « grosse bêtise »

La jeune femme n’avait plus donné signe de vie depuis mercredi 25 janvier au soir, lorsqu’elle avait quitté le domicile de sa grand-mère vers 23h10. Depuis, les spéculations allaient bon train, notamment sur les réseaux sociaux, où certains lui reprochaient de s’être « amourachée » d’un « bad boy », l’accusant presque de l’avoir cherché et lui reprochant d’être la cause de beaucoup d’inquiétude pour ses parents. Un discours banalisant les faits et l’illustration même de la façon dont la société plaque encore des clichés sexistes sur les femmes. La piste d’un faux enlèvement lié à un trafic de drogue avait ensuite été évoquée, avant d’être rapidement abandonnée. Les yeux étaient depuis braqués sur Mahfoud H, placé en garde-à-vue.

Sept jours plus tard, dans la nuit de mercredi à jeudi, ce dernier avouait finalement sans sourciller avoir fait une « grosse bêtise » et tué la jeune femme.

Les mots ont leur importance 

L’homme a mis son geste sur le compte d’une « dispute amoureuse » qui aurait dégénéré, évoquant un « crime passionnel » et laissant son avocat se fendre d’un commentaire scandaleux : « J’ai assisté un homme qui a décidé d’affronter sa lourde responsabilité dans la disparition de Sihem et faire cesser un suspense insoutenable pour ses proches en guidant les enquêteurs (…) Il faut une forme de courage pour affronter ce type d’aveux, accepter de les faire. Ça ne se fait pas sans une forte intensité émotionnelle. » À quand la Légion d’honneur pour les auteurs de féminicides ?

Des mots évidemment condamnés par le collectif #NousToutes dans une série de tweets publiés le soir même, rappelant au passage qu’il s’agit d’un féminicide, terme jusque-là évité par l’ensemble des médias couvrant l’affaire, préférant la traiter comme un simple fait-divers.

Depuis, des débats non moins aberrants font rage pour déterminer si oui ou non, la victime et son meurtrier étaient dans une relation amoureuse. Oubliant au passage, comme l’a rappelé le journaliste Laurent Neumann, l’indécence d’une telle question : « Où est l’amour quand un homme tue une femme ? » s’est-il indigné sur BFMTV.

« On meurt tout le temps parce que nous protéger n’est pas une priorité. »

L’assassin de Sihem était bien connu des services de police : il avait été condamné à plus de 13 reprises, notamment pour vols et infractions routières. En 2012, il avait écopé de 12 ans de réclusion criminelle et était en semi-liberté depuis 2020. Il devait aussi comparaître pour braquage le 1er février, en rapport à des faits remontant à 2011. Pour la magistrate Béatrice Brugère, interrogée par nos confrères de France Info, cette affaire est révélatrice des manquements du système judiciaire : « Aujourd’hui, il y a des délais de 4 ans entre l’instruction et la possibilité d’être jugé ». Anna Toumazoff, militante féministe derrière le compte Instagram à succès @memespourcoolkidsfeminist, se veut, quant à elle, catégorique : “Les victimes de féminicides, c’est un Bataclan par an. » Et d’ajouter : « On meurt tout le temps parce que nous protéger n’est pas une priorité. »


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Les Commentaires

10
Avatar de MaiaLea
7 février 2023 à 10h02
MaiaLea
à première vue, ils sortaient ensemble. 18 ans. âge pour se marier.
Supputation ON
Peut-être qu'il voulait se marier avec en lui imposant le voile et qu'elle a refusé ?
Supputation OFF
on verra ce que dit l'enquête.
R.I.P.
Et peut-être qu'il faut arrêter de raconter n'importe quoi ?
1
Voir les 10 commentaires

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