Live now
Live now
Masquer
Manifestation contre les violences faites aux femmes  // Source : Jeanne Menjoulet
Société

Féminicide de Chahinez Daoud : la famille de la victime attaque l’État pour faute lourde

Vendredi 10 mars, l’avocat des parents de Chahinez Daoud, assassinée par son conjoint en 2021 à Mérignac, a annoncé entamer une procédure pour faute lourde contre l’État.

L’affaire remonte à mai 2021. Chahinez Daoud, 31 ans, mère de trois enfants, est brûlée vive en pleine rue par son mari. Dix mois plus tôt, ce dernier avait été condamné pour violences conjugales et continuait de la harceler. Chahinez avait porté plainte à deux reprises, en vain.

Loin d’être un cas isolé, le féminicide de Chahinez Daoud révélait une fois de plus les défaillances d’un système de justice qui ne parvient pas à protéger les victimes de violence : en effet, on estime que pour 210.000 femmes victimes de violences conjugales, seul 33.000 auteurs font l’objet de poursuites judiciaires.

Vendredi 10 mars, l’avocat des parents de Chahinez Daoud, Me Julien Plouton, a donc annoncé à France Bleu Gironde qu’il allait lancer une procédure pour faute lourde contre l’État. En cause, une série de dysfonctionnements du service public de la justice qui ont joué un rôle déterminant dans le meurtre de Chahinez Daoud.

Un an « d’erreurs, de défaillances consternantes et de négligences cumulées »

Alors que son mari est incarcéré après des accusations de violences conjugales, il appelle à 36 reprises la jeune femme, affirmant qu’il reviendra au domicile du couple. Chahinez Daoud porte plainte une première fois, mais le juge d’application des peines n’en est pas avisé.

Peu de temps après, l’homme sort de prison, sans que Chahinez Daoud n’en soit informée. Il suffira de trois mois pour que le 15 mars 2021, la victime soit agressée par son ex-conjoint à la sortie d’un supermarché. Elle dépose une nouvelle plainte. Le lendemain, elle rappelle la police, qui émet une fiche de recherche. Rien à faire : l’homme n’est pas interpellé et continue de se promener librement dans la nature. Il confie même à son agent de probation avoir repris contact avec Chahinez.

Comment a-t-on pu en arriver là ? Chahinez Daoud serait-elle toujours en vie si la justice avait fait son travail ? L’avocat de la famille de la victime dénonce dix mois « d’erreurs, de défaillances consternantes et de négligences cumulées ».

À lire aussi : Le jour où mon ex a essayé de me tuer

Une démarche symbolique

Suite au féminicide de Chahinez Daoud, de nouvelles mesures contre les violences sexistes avaient été promises par le gouvernement. Deux ans plus tard, les chiffres restent pourtant inchangés, comme en témoignent (entre autres) le nombre de féminicides recensés par Nous Toutes depuis le début de l’année ou le dernier rapport du Haut Conseil à l’Égalité sur l’état du sexisme en France.

La semaine dernière encore, une femme girondine était tuée par son ex-conjoint, contre lequel elle avait déposé deux plaintes. L’homme n’était pas suivi depuis sa sortie de prison en 2017.

« On n’a pas encore réussi à endiguer ce phénomène », déplore Me Julien Plouton auprès de nos confrères de France Bleu. Pointant du doigt des défaillances consternantes au sein du système public de justice, il réclame à l’État un million d’euros de dédommagement pour les parents de Chahinez Daoud. Une démarche avant tout symbolique : « Malgré les efforts entrepris par le gouvernement, malgré des dotations en termes de matériel, il y a encore un travail important à faire, notamment au niveau de la sensibilisation des services d’enquête, sur la réactivité qu’il faut avoir dans ce genre de dossier ».

Quand l’État prendra-t-il ses responsabilités ? Si le gouvernement a réaffirmé mercredi 8 mars son intention d’ériger la lutte contre les violences faites aux femmes en priorité quinquennale, les mesures présentées par la Première ministre Élisabeth Borne dans le cadre du Plan 2027 pour l’égalité femmes-hommes sonnent encore (trop) creuses.


Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.

Les Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.

Réagir sur le forum

Plus de contenus Société

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-08-28T102135.129
Lifestyle

J’ai arrêté le véganisme à cause de la végéphobie

1
femme-no-vert
Amours

Les lassées de l’hétérosexualité témoignent : « Les relations avec les hommes se ressemblent toutes »

46
3
Culture

“Si mon histoire peut déculpabiliser ne serait-ce qu’une seule femme, j’aurai gagné” dans Archéologie de l’intime, le tabou de l’accouchement raconté en BD

Source : Pexels.com / Pixabay.com
Sport

Jeux paralympiques 2024 : ce tatouage anodin pourrait engendrer la disqualification immédiate des para-athlètes 

1
Jeudi 22 août 2024, le parquet de Paris a requis un procès pour "viols" et "agressions sexuelles" à l'encontre de Gérard Depardieu. Dans cette affaire, la victime présumée est la comédienne Charlotte Arnould, fille d'un ancien ami de l'acteur. Pour rappel, les événements auraient eu lieu six ans plus tôt.
Société

Affaire Gérard Depardieu – Charlotte Arnould : le parquet de Paris a requis un procès pour “viols” et “agressions sexuelles” à l’encontre du comédien

Source : Instagram @Emrata
Féminisme

Emily Ratajkowski victime de slut-shaming en pleine rue : un passant lui somme de “mettre une chemise”

[Site web] Visuel vertical Édito
Bien-être

Chaleur estivale et apéros : comment boire sans dépasser les limites grâce au ‘Half and Half’

3
Le film “Jamais plus”, très attendu par les fans du livre dont il est adapté, est sorti dans les salles mercredi 14 août dernier. Une polémique entache toutefois le succès du long-métrage. Outre le fait que l’auteure Colleen Hoover soit jugée problématique par nombre d’internautes, la réputation de Blake Lively ajoute une ombre au tableau. Décryptage.
Cinéma

“Jamais plus” : c’est quoi toute cette polémique autour de Blake Lively ?

3
Cela fait plusieurs heures que Brigitte Macron est en top tendance sur le réseau social X, anciennement Twitter. L’objet de la polémique ? Une photographie de vacances qui relance une vieille rumeur… Selon certains, la première dame ne serait pas une femme. Il n’en fallait pas moins pour que la toile s’enflamme et que les transphobes s’acharnent.
Actualités France

Brigitte Macron en vacances : accusée d’être un homme en raison d’une photo, elle est la cible de commentaires transphobes

1
Source : Instagram @taylorswift ; Truth Social @realDonaldTrump
Société

Présidentielle américaine : Donald Trump prétend que Taylor Swift et les Swifties le soutiennent

La société s'écrit au féminin