C’est le 102e féminicide de l’année 2023 selon le décompte du Collectif féminicides par compagnons ou ex. Mais c’est également un quintuple homicide qui a eu lieu à Meaux. Ce lundi 25 décembre, une mère de famille de 35 ans et ses quatre enfants ‘deux filles de 10 et 7 ans, deux fils de 4 ans et de 9 mois), ont été retrouvés assassinés à leur domicile.
Le principal suspect de ce quintuple meurtre est le mari de la victime, père des enfants. Il a été interpellé à Sevran ce mardi 26 décembre 2023. Une information judiciaire va être ouverte pour « homicides volontaires sur mineurs de 15 ans » et « homicide volontaire par conjoint ».
La mère et ses deux filles ont été victimes d’un « très grand nombre de coups de couteau dont il est impossible de déterminer le nombre pour l’instant ». Les corps du petit garçon et du nourrisson, eux, ne présentaient pas de plaies apparentes. La piste de l’étouffement ou de la noyade sont pour le moment privilégiées.
Selon le procureur de la République, il avait déjà porté un coup de couteau à sa conjointe en 2019, a rapporté Le Monde. Ils étaient alors en couple depuis quatorze ans et se sont mariés en octobre 2023. D’après le média la 1ère, sa compagne n’avait pas porté plainte et il avait été déclaré irresponsable, du fait d’une déficience mentale. Depuis 2017, il est d’ailleurs suivi pour troubles dépressifs et psychotiques, et a été hospitalisé en psychiatrie jusqu’en janvier 2020, a indiqué le procureur.
Pour Osez le féminisme, « on ne va pas assez loin, pas assez vite »
Pour Violaine De Filippis-Abate, militante chez Osez le Féminisme, cette famille, tout comme d’autres femmes victimes de féminicides, auraient pu être sauvées, a-t-elle dit à franceinfo. « Ce qui est mis en place ne suffit pas. On ne va pas assez loin, pas assez vite. En attendant, des femmes et des enfants continuent de mourir. » Elle prend alors l’exemple de l’Espagne, qui a mis en place des « juridictions spécialisées pour les violences intrafamiliales ». Depuis, le nombre de féminicides a baissé de 24%. « C’est un quart de vies sauvées », assène la militante.
Elle appelle donc à « une vraie volonté politique et donc budgétaire ». Pour elle, il faut réformer tout le système de prise en charge de femmes victimes de violences conjugales : « Il en faut beaucoup plus. Il faut former nos forces de police beaucoup plus. Il faut des juridictions spécialisées pour les violences faites aux femmes. Je dirais même que pour les enquêtes, il faut obliger les parquets à ne pas classer les dossiers sans un minimum d’actes d’investigation. »
Car selon rapport officiel de l’Inspection générale de la justice de 2019 qu’elle cite durant l’entretien, cette année-là, de nombreuses victimes avaient signalé les violences à la police, mais leurs plaintes avaient été classées sans suite, « essentiellement pour manque d’investigations, rappelle-t-elle. C’est-à-dire qu’on aurait pu sauver ces femmes. »
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