Ah, le chat. Cette vedette. Aucun animal n’a jamais réussi à égaler son succès sur les Internets – ni les loutres, ni les pandas, ni même les bébés hérissons ! Ce n’est pourtant pas faute d’essayer, parfois, de donner plus d’importance au chien pour détrôner le vil félin, mais il n’y a rien à faire : plus le chat nous méprise, plus nous, pauvres mortels, le vénérons. Mais ce n’est pas notre faute. Il est bien trop mignon. Et les jours passent au rythme d’une même prière :
Gloire à toi, ô dieu vivant des lolcats ! Puisses-tu patouner longtemps sur la couverture en ronronnant d’un air mignon, en oubliant pour toujours de mettre par terre tous les objets fragiles du foyer ! Nous t’offrons cette humble gamelle de sashimis en offrande, dans l’espoir de te faire reconsidérer l’idée d’aller déchiqueter le rouleau de papier toilette dans toute la maison.
« Vénère-moi, bipède. »
Bref. Mes très chères soeurs, mes très chers frères, cette situation a assez duré. Nous ne pouvons pas décemment continuer à nous asseoir par terre parce que le chat s’est endormi sur le fauteuil ! Non, il est temps pour nous d’ouvrir les yeux. Le chat n’est pas unique. Il n’est pas le seul félin mignon sur cette planète. Il y en a d’autres, et qui ne bouffent pas le papier toilette.
Le caracal, gros chat aux oreilles touffues
Par exemple, à l’occasion d’un article sur les animaux méconnus ayant une bonne tête, je vous avais parlé du chat de Pallas – un chat, certes, mais un chat sauvage et qui tire la gueule comme personne. Or cette fois, je vise plus gros. Plus imposant. Je veux vous parler du caracal.
Notez que s’il n’a pas la e-reputation du chat, le caracal est néanmoins beaucoup trop répandu pour rentrer dans la catégorie des animaux méconnus. Non seulement on le retrouve dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie, et même au Moyen-Orient, mais en prime, il survit à l’Homme depuis l’Antiquité, période pendant laquelle les Égyptiens aimaient pourtant mettre quelques spécimens embaumés dans les tombes des plus riches. (Ça lui apprendra à ressembler à la déesse Bastet, aussi.)
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Pour autant, le caracal n’a que l’allure nonchalante du chat domestique. Assez trapu, campé sur des pattes musclées qui lui permettent de faire des bonds de deux à trois mètres ou d’attaquer des animaux trois fois plus gros que lui… et surtout doté de jolies oreilles noires touffues, le gros chat de 60 à 90 cm de long est plus proche du lynx. (L’air perpétuellement blasé avec une pointe de mépris est cependant attribué à l’ensemble des félins.)
On le surnomme donc souvent « lynx du désert »… Mais le nom « caracal » provient de son appellation en langue turque, « karakulak », et qui signifierait « oreilles noires ». J’en suis encore à me demander ce que ça aurait donné si les Turcs avaient décidé de l’appeler « gros chat roux qui peut me bouffer le mollet ».
Comment on dit « gouzi-gouzi » en turc ? (© Zoo-Berlin)
J’imagine que les bébés caracals étaient beaucoup trop mignons avec leurs petites oreilles touffues pour ça.
Place à l’once, le majestueux fantôme des montagnes
Non, ça ne va pas du tout. On ne s’éloigne pas encore assez de l’ombre menaçante du Chat. Un bébé caracal à la maison, et tout le monde gazouille devant comme avec un chaton. À la différence que ce n’est pas le PQ qu’il va déchiqueter, mais votre bras. (« Il veut juste jouer, le pauvre bébé… ») Visons encore plus gros, et surtout plus inaccessible. Visons les montagnes ! Les neiges éternelles ! Et voici l’once.
J’avoue, « once », c’est pas terrible comme nom. Surtout quand on sait qu’on l’appelle aussi « la panthère des neiges », ce qui est tout de même cent fois plus classe. Mais bon, voyez-vous, si son nom latin c’est « panthera uncia », les scientifiques vont préférer franciser « uncia ». Que voulez-vous que je vous dise.
Bref, je disais, « inaccessible » : l’once, que nous appellerons « la panthère des neiges » parce que je n’y arrive décidément pas avec ce nom nul… La panthère des neiges, donc, vit en très haute altitude dans les vallées isolées de Sibérie, de l’Altaï ou encore de l’Himalaya. En hiver, on peut espérer l’apercevoir en-dessous de 1000 mètres d’altitude. Mais en été, on pourrait facilement grimper jusqu’à 6000 mètres dans l’espoir de tomber sur une de ses petites crottes. Ce n’est pas pour rien si on la surnomme aussi « le fantôme des montagnes ».
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C’est que la panthère des neiges aime avoir la paix. Animal très solitaire, un seul couple peut occuper à lui tout seul un très vaste territoire, et il maîtrise l’art de la dissimulation à la perfection – notamment grâce à son épaisse fourrure tachetée, dont la couleur peut aller du gris pâle au crème léger, et qui lui permet de se fondre dans le décor déjà peu accessible de son habitat. Et pourtant, la bête peut atteindre les 1,30 mètres de long ! Mais quand un chat ne veut pas qu’on le retrouve…
De fait, son attitude discrète fait que l’on en sait encore bien peu sur son espèce. Comment le blâmer ? Depuis les années 1990, on le chasse intensivement pour sa fourrure et ses os, et l’espèce, dont on estime qu’il reste entre 4000 et 6 500 spécimens dans le monde, a été classée dans les espèces en danger.
Alors qu’il reste caché, le gros chat. Il est très bien là où il est.
Rechute douloureuse avec le chat(on) à pieds noirs
Je. J’avoue tout. J’ai regardé les chatons de la panthère des neiges, et tout s’est effondré autour de moi. Je… J’ai replongé. Et de fil en aiguille, de lolcats en images de chatons, je suis tombée sur une autre espèce de chat : le chat à pieds noirs. Et il ne vient pas d’Algérie (badumtss).
Pour ma défense, il s’agit d’un chat sauvage, et même doté d’un très mauvais caractère, qui le rend impossible à apprivoiser. Je suis à peu près certaine que haut de ses 30 à 50 centimètres et ses 1,8 kg tout mouillé, le chat à pieds noirs met la misère au ratel (NDFab : mais non, voyons, n’importe quoi). Il faut dire qu’il fait partie des plus petits félins au monde, et qu’en Afrique du Sud, son habitat naturel, les prédateurs sont nombreux.
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Mais il s’en fout. Le chat à pieds noirs est un petit dur à cuire. D’ailleurs, il vit dans les déserts, et doit son nom (peu inspiré) à ses soles plantaires recouvertes de poils noirs supposés protéger du sol brûlant les petits trèfles délicats qui lui tiennent lieu de pattes.
Et pourtant… Pourtant ! Ce prédateur féroce et insatiable, cette véritable terreur des souris et des petits oiseaux, cette bête assoiffée de sang et de liberté… Fait des chatons susceptibles de casser l’Internet.
Non, sérieusement.
Voilà, vous avez décédé.
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