Lorsque vous essayez de vous remémorer des évènements de votre enfance, vous souvenez-vous de tout ? Êtes-vous bien sûr·es que ces souvenirs sont réels ?
Accrochez-vous : des scientifiques nous soupçonnent de raconter quelques salades – sans même en savoir conscience.
Une enquête sur les souvenirs d’enfance
Sharia Akhtar, Martin Conway, Lucy V. Justice et Catriona M. Morrison ont enquêté sur nos souvenirs précoces.
Avant d’entamer leurs démarches, les chercheurs·ses font le point : selon les connaissances scientifiques actuelles, il semble que les souvenirs les plus anciens que l’on puisse avoir se situent entre 3 ans et 3 ans et demi. Avant cet âge, il semble très peu probable que nos cerveaux et mémoires aient pu emmagasiner de vrais souvenirs.
L’équipe de recherche a lancé une étude auprès de 6 641 participant·es âgé·es de 11 à 100 ans et proposé à tout ce petit monde de raconter son tout premier souvenir, en indiquant leur âge à l’époque du souvenir en question.
Les scientifiques demandent aux volontaires d’évoquer un souvenir dont ils sont vraiment certain·es, quelque chose dont ils ou elles se rappellent nettement, une expérience directe – et non une anecdote transmise par un·e proche.
C’est un peu la surprise : une bonne part des participant·es narre des souvenirs jusqu’à l’âge de deux ans (et 893 personnes évoquent même un souvenir dans lequel elles étaient âgées d’un an ou moins). Près de 4 personnes sur 10 pourraient bien raconter un souvenir fictionnel !
Sharia Akhtar et ses collègues ont examiné les contenus de chaque souvenir partagé, leur nature, les descriptions, le langage utilisé par les participant·es, puis ont réfléchi aux raisons éventuelles qui pourraient nous mener à être persuadé·es d’avoir des souvenirs (très) précoces…
Sommes nous tou·tes des menteurs et menteuses ?
Les chercheurs·ses font l’hypothèse que ces souvenirs fictionnels se basent en fait sur des « fragments d’expérience » : sur l’image d’un objet, sur un sentiment… Ensuite, nous brodons le reste de l’histoire, à partir de choses vues, entendues, sues !
Sharia Akhtar suggère que nos souvenirs précoces ne sont pas vraiment des souvenirs, des épisodes stockés quelque part dans nos mémoires, mais plutôt des représentations mentales de fragments, de choses que l’on a apprises à propos de notre enfance et de détails inconscients que nous ajoutons gaiment
: on mélange tout ça, et zou, ça pourrait créer un souvenir fictionnel.
Imaginons : dans le salon de vos parents, depuis la nuit des temps, une photo trône sur le buffet – une photo de votre mère, sur laquelle elle porte un legging bien bariolé (quoi ? Cet exemple vient tout droit dans années 90, c’est possible). Vous y conduisez fièrement une sorte de mini-tracteur (parce que pourquoi pas).
Peut-être qu’à force de voir cette photo, vous avez la sensation de vous souvenir de ce moment, et que vous y avez brodé une petite histoire ?
Plus les années passent, et plus cet évènement fictif serait rangé dans votre mémoire, comme s’il avait réellement existé.
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Des souvenirs si ancrés que nous avons l’impression qu’ils sont vrais
En tous cas, le phénomène est difficile à croire pour les participant·es: lorsqu’on leur signale que leur souvenir est probablement fictionnel, la plupart d’entre eux ne le croient pas – et pour cause, le souvenir est bien ancré !
Les chercheurs·es notent que ces souvenirs fictionnels ont bien une fonction : ils contribueraient à construire les histoires de nos existences – ouf.
Les réflexions des chercheurs·es rappellent à nouveau à quel point nos mémoires sont complexes et malléables.
Pour celles et ceux qui ça intéresse, je propose de se remémorer l’expérience des « faux souvenirs induits » (où des chercheurs et chercheuses parviennent à fabriquer des faux souvenirs – et même à persuader certain·es d’avoir commis des crimes)…
Et vous, avez-vous des souvenirs précoces ? Les pensez-vous fictionnels ?
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