— Article publié initialement le 5 novembre 2020
Pendant la grossesse, l’utilisation de médicaments, y compris ceux vendus sans ordonnance, doit être évitée au maximum. Comme le rappelle le site de l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) , « si un traitement s’avère nécessaire, il revient au prescripteur d’en évaluer le bénéfice risque pour la patiente et son enfant à naître ». Les compléments alimentaires, dont les huiles essentielles font partie, sont aussi déconseillés en l’absence de besoins établis par un ou une professionnelle de santé.
Pourtant, dans le cas des huiles essentielles, leur utilisation éclairée peut permettre aux femmes enceintes d’apaiser de nombreux petits maux du quotidien dont elles se passeraient bien comme les nausées, les jambes lourdes ou encore les douleurs articulaires. Anne Dufour, maître praticien en aromathérapie et co-autrice d’une centaine de livres avec l’ex-pharmacien et spécialiste des plantes Danièle Festy, revient sur les bonnes pratiques d’utilisation des huiles essentielles pendant la grossesse.
Qu’est-ce qu’une huile essentielle ?
Les huiles essentielles sont des extraits végétaux issus des plantes dites aromatiques, qui sont plébiscitées dans de nombreux domaines (dont la cuisine et les médecines alternatives) pour leurs arômes et leurs essences. « Sur les centaines de milliers de plantes qui existent, relativement peu sont aromatiques, ce qui fait que par rapport au nombre de végétaux identifiés sur la planète, il n’y a qu’un très petit nombre d’huiles essentielles », explique Anne Dufour.
Dans la majorité des cas, les huiles essentielles sont obtenues par distillation à la vapeur d’eau, exceptées les essences d’agrumes, qui sont recueillies par simple expression à froid de l’écorce du fruit. « Plus la distillation est longue, plus l’huile essentielle est de qualité car ce temps supplémentaire en cuve permet de recueillir l’ensemble des molécules aromatiques de la plante », précise l’experte. Un choix de production qui a une répercussion directe sur le prix du flacon : « une huile essentielle qui ne coûte presque rien ne vaut presque rien sur un plan thérapeutique. Elle pourra sentir bon mais elle n’aura aucun effet bien-être ou santé ».
Pourquoi les huiles essentielles sont-elles déconseillées pendant la grossesse ?
Que ce soit par méconnaissance du sujet ou par principe de précaution poussé un peu loin, un grand nombre d’idées reçues circulent sur les huiles essentielles et sur leur utilisation pendant la grossesse. Pourtant, comme l’expliquent Danièle Festy et Anne Dufour dans le livre Quelles huiles essentielles pendant la grossesse ?, aux éditions Leduc.s., « les huiles essentielles ne sont pas dangereuses, elles sont puissantes. [Et] comme elles sont puissantes, elles peuvent effectivement devenir dangereuses si elles sont mal utilisées. Exactement comme le Doliprane, une voiture, le soleil, l’électricité ou l’eau ».
Si Anne Duffour préconise de se « détendre un peu », il existe quand même de vraies précautions à prendre pendant la grossesse : certaines huiles essentielles, comme la menthe poivrée, le romarin verbénone ou le fenouil doux, sont interdites car elles sont abortives, utérotoniques ou peuvent provoquer des problèmes nerveux chez la maman et le bébé.
- Pour aller plus loin : la liste des huiles essentielles interdites pendant la grossesse sur le site de Danièle Festy.
« Il faut voir les huiles essentielles comme le moyen de remédier à un problème ponctuel qui gêne comme des jambes lourdes ou un aphte. Ce sont des produits à utiliser avec parcimonie et de façon ciblée », ajoute l’experte. Et sur les centaines de références disponibles, une trentaine permettent de traiter la plupart des troubles susceptibles de survenir au cours de la grossesse tout en étant totalement inoffensives pour la mère et son enfant. Alors pourquoi prendre son mal en patience quand Mère Nature peut filer un petit coup de main ?
Quelles sont les recommandations pour les femmes enceintes ?
S’il ne faut pas s’interdire d’utiliser des huiles essentielles pendant la grossesse, la vigilance reste de mise. Pour Anne Dufour, « dans un monde idéal, toutes les femmes enceintes seraient suivies par un médecin spécialisé en aromathérapie pendant leur grossesse. Mais comme ce n’est pas prêt d’arriver, il vaut mieux jouer la prudence, surtout si on n’a aucune connaissance des plantes ».
D’une manière générale, il est plus sage de ne pas utiliser d’huile essentielle en auto-médication, ni par voie orale, pendant les trois premiers mois de la grossesse, sauf sur prescription médicale. « Si on souffre de nausées, on peut quand même prendre de l’huile essentielle de citron, à raison d’une goutte sous la langue une à deux fois par jour. Totalement inoffensive pour la maman et le bébé, elle va soulager le foie, qui est très sollicité pendant la grossesse » ajoute la praticienne.
À partir du 2e trimestre, en plus du citron (Citrus limonum), on peut utiliser trois huiles essentielles qui à elles seules couvrent 80% des petits maux de la grossesse : la lavande vraie (Lavandula angustifolia), la camomille noble (Chamaemelum nobile) et le ravintsara (Cinnamomum camphora cineoliferum). Au niveau de leurs propriétés, la première serait relaxante et anti-inflammatoire, la seconde aiderait à gérer le stress et les angoisses, et la dernière stimulerait l’immunité.
Evidemment, si on se sent à l’aise avec les plantes, on peut tester d’autres huiles essentielles en s’aidant d’un livre ou en demandant conseil à son médecin ou à son pharmacien spécialisé. Pour la professionnelle, « si la femme enceinte présente plusieurs troubles sans rapport les uns avec les autres, par exemple un rhume et des jambes lourdes, elle peut diffuser une huile essentielle de ravintsara tout en massant ses jambes avec une huile essentielle de lentisque pistachier. Mais d’une manière générale, il vaut mieux éviter de cumuler trop d’utilisations d’huiles essentielles dans une même journée ».
Comment bien utiliser les huiles essentielles ?
« D’une manière générale, enceinte ou non, il faut toujours diluer les huiles essentielles dans de l’huile végétale, du Labrafil, du miel ou une base pour le bain en fonction de l’utilisation qu’on veut en faire », rappelle Anne Dufour.
Pour une application sur la peau, on peut choisir une huile végétale sèche, comme celle de noisette ou de macadamia, qui va aider l’huile essentielle à pénétrer rapidement, ou une huile au toucher plus gras, comme l’huile d’amande douce ou de noyau d’abricot, qui va permettre de masser le corps plus longuement.
« Par précaution extrême, on évite quand même d’en appliquer au niveau du ventre et de la poitrine pendant les neuf mois de grossesse. Et concernant la voie vaginale, elle n’est à emprunter que sur conseil médical », ajoute l’experte en aromathérapie.
Et si on choisit de diffuser ses huiles essentielles, on ne diffuse jamais en continu mais par différentes périodes d’une vingtaine de minutes, deux à trois fois par jour.
Et après la grossesse ?
Une fois le bébé né, si l’enfant est nourri au lait artificiel, on peut à nouveau utiliser toutes les huiles essentielles disponibles (sauf contre-indications individuelles). « En revanche, si on allaite, il vaut mieux continuer à se considérer comme une femme enceinte, c’est-à-dire à n’utiliser en automédication que les huiles essentielles de citron, de lavande vraie, de camomille noble et de ravintsara. On peut ajouter l’huile essentielle de fenouil doux, qui aide à booster la production du lait maternel, mais c’est tout », recommande Anne Dufour.
Enfin, si on a l’habitude de diffuser des huiles essentielles dans son intérieur, il vaut mieux le faire lorsque le bébé n’est pas présent dans la pièce. « La diffusion est une approche facile et intéressante lorsqu’on n’est pas encore très à l’aise avec l’utilisation des huiles essentielles mais il vaut mieux le faire loin du bébé, et encore moins dans sa chambre », précise l’experte.
À lire aussi : Les meilleures huiles essentielles pour rester détendue même confinée
Crédit photo image de Une : Daria Shevtsova sur Pixels
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Je vis au Canada et ici, la camomille c'est non (ici). Donc soit en tisane ou huile essentielles (ca a foncièrement le même effet au niveau des propriétés des plantes). Ce qui est différent de l'aromathérapeute citée dans l'article. Du coup on croit qui?
A cause du manque de recherche sur le sujet, on a quasi pas d'information sur les dosages et toutes les sources ne sont pas d'accord. C'est génial.