Pendant que les journalistes américains s’écharpaient sur Twitter pour savoir si Jordan Peele a enterré les carrières de John Carpenter, Alfred Hitcock ou Steven Spielberg, nous autres pauvres mortels étions condamnés à patienter jusqu’au 10 août.
Le film est sorti en salles, et nous sommes désormais en mesure de le dire haut et fort : des films comme Nope, il n’y en a pas deux. Voici notre critique sans trop de spoils, pour finir de vous convaincre d’y aller.
NOPE, OVNI divertissant et impressionnant
Dans Nope, on suit un frère (Daniel Kaluuya) et sa sœur (Keke Palmer), propriétaires d’un ranch autour duquel vont se déployer des évènements surnaturels. Aussi chelou que cela puisse paraître, les personnages vont alors développer une obsession pour le fait de capturer en images des preuves que ces faits sont bien réels.
Ce que ce résumé ne dit pas, c’est que Nope est une expérience visuelle et sonore incomparable. Le son est si immersif que même une version exclusivement audio du film nous donnerait envie. Côté image, la caméra oscille entre l’immensité menaçante des nuages et celle de ces plaines arides, comme si le ciel et la terre s’affrontaient dans ce western où l’ennemi vient de là-haut. La plupart des plans sont extrêmement larges et le spectacle sur un écran de cinéma n’en est que plus époustouflant.
L’alliance entre le suspens de l’intrigue, le jeu exceptionnel des acteurs et la beauté de l’image fait de Nope un divertissement qui tient en haleine jusqu’à la dernière minute. Jordan Peele le dit lui-même dans les colonnes de Variety :
« On a essayé de faire un gros blockbuster d’été dont vous pouvez profiter quand vous voulez. Si vous voulez y aller et fumer un gros joint en parlant avec un ami de problèmes sociétaux, vous pouvez. Si vous voulez juste vous détendre, vous évader et voir Keke Palmer au milieu d’un OVNI, alors c’est ce que nous avons pour vous. »
Et toujours, de nombreux sens cachés
Comme Get Out et Us, Nope nous rappelle à quel point Jordan Peele est doté d’une capacité à surprendre et d’une force de proposition rare. Le réalisateur est fidèle à lui-même dans sa capacité à engager une réflexion à partir du divertissement.
Au cœur du film, il y a un paradoxe étrange : les personnages fuient la menace autant qu’ils la provoquent, et vont même jusqu’à la pourchasser. Désir de célébrité, de richesse ou envie de marquer l’Histoire, ils veulent s’approprier la créature en capturant son image au péril de leur vie. Il s’agit pour eux d’essayer d’apprivoiser et de tirer profit du monstrueux, au risque de déchaîner sa violence…
Or, ces éléments ne sont que des pistes d’interprétation dans une œuvre qui regorge de mystères et de détails ouvrant de nouvelles perspectives. On vous invite à être particulièrement attentifs à l’objet venu du ciel, ses formes, ses réactions… Est-ce que Nope est une fable écologique ? Une métaphore sur Hollywood ? Sur Internet, les interprétations fleurissent et continuent d’ouvrir notre regard sur le film même longtemps après l’avoir vu.
Jordan Peele n’en est qu’à son troisième long-métrage, ce qui ne l’a pas empêché de s’attaquer à un gros morceau. Nope est bel et bien une sorte de western moderne avec une soucoupe volante…et un film qui parle de cinéma. Rien que ça.
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Crédit de l’image à la Une : © Universal Studios
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