L’appli StopCovid qui permet de mieux tracer les contacts des malades déclarés du COVID-19 vient de faire son arrivée dans les app stores. Développée, validée et débattue devant le Parlement en un temps record, l’application a soulevé de nombreuses questions ces dernières semaines.
À quoi sert-elle ? Comment fonctionne-t-elle ? Dans quelles conditions sera-t-elle efficace ? Comment collecte-t-elle tes données ? Voici les réponses aux principales questions que tu te poses peut-être.
Qu’est-ce que l’appli StopCovid ?
L’application StopCovid a été développée pour permettre le traçage et la notification des potentiels malades du COVID-19. Elle a été publiée ce mardi 2 juin sur l’App Store et le Play Store et est compatible avec la plupart des smartphones avec un Bluetooth opérationnel.
Pour être efficace et casser une chaîne de contamination, il faut plusieurs pré-requis. Imaginons que tu as picniqué avec une pote dimanche dernier. Si elle est testée positive après avoir développé des symptômes, StopCovid ne te préviendra que si vous aviez toutes les deux installé et activé l’application, mis en marche vos bluetooth (adieu la batterie) et si elle a pu récupérer et rentrer un QR code dans l’appli afin de prévenir les contacts récents.
L’installation de l’application StopCovid est volontaire, rien ne t’oblige à l’activer.
Pourquoi l’appli StopCovid fait-elle polémique ?
Le développement massif d’une telle application pose de nombreuses questions éthiques, politiques et techniques. Et les réponses sont loin d’être évidentes.
L’appli StopCovid est-elle vraiment efficace face à l’épidémie ?
Dans son avis publié fin avril, le Conseil scientifique recommandait que la sortie de confinement soit associée à une véritable stratégie pour remonter tous les nouveaux cas. Entre le moment où une personne est contaminée et développe les premiers symptômes, plusieurs jours peuvent s’écouler et les contacts sont fréquents : dans les transports, en faisant ses courses, en soirée en petit comité… Le COVID-19 est particulièrement contagieux et il est très difficile de se souvenir de toutes les personnes que nous avons croisé les jours précédents.
Si les médecins et l’Assurance maladie continuent à faire remonter les cas de contamination, un long laps de temps peut se passer entre un test positif et un coup de fil à une personne possiblement touchée. En envoyant une notification dès la déclaration du test positif, l’application peut casser une chaine de contamination en provoquant la mise en quarantaine d’un malade potentiel.
Si moins de 60% de la population ne télécharge pas l’appli StopCovid, est-elle vraiment utile ?
Tu as peut-être entendu dire que si une majorité de la population ne téléchargeait pas l’application, elle serait complètement inefficace. La position du gouvernement tend plutôt vers l’idée que chaque téléchargement et « chaque déclaration permettra peut-être de sauver une vie ». Martelée par les élus depuis le début des débats, cette communication (un poil culpabilisante) vise à démocratiser l’utilisation de StopCovid sans passer par la contrainte légale.
Cela étant dit, chaque cas contact remonté peut être plus efficacement pris en charge, notamment dans le contexte des grandes villes dans lesquelles les mesures de distanciation sociale sont moins évidentes à tenir.
Puis-je être sûre que mes données ne seront pas réutilisées par le gouvernement ?
Pendant les débats à l’Assemblée autour de l’appli
StopCovid, des parlementaires se sont inquiétés que le traçage des contacts pénètre directement dans l’intimité des Français. Et par intimité, on entend : « leur droit à voir des personnes en toute discrétion sans en informer leur entourage ». Oui, on parle d’infidélité, par exemple !
Mais les interrogations ont aussi tourné autour de questions bien plus politiques : les cas déclarés et leurs contacts risquent-ils d’être fichés et les mouvements des Français géolocalisés ? Le gouvernement pourrait-il avoir accès aux contacts de personnalités aux activités sensibles comme des journalistes et leurs sources ou savoir si tel citoyen était à tel endroit ?
Dans une discussion fictive autour de l’appli StopCovid sous la forme d’un échange de messages, des journalistes du Monde pointent les principaux risques de détournement… et ils sont effectivement nombreux.
Pour garantir la sécurité des données des utilisateurs de StopCovid, plusieurs institutions comme la CNIL, le Conseil Scientifique ou la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme ont émis des observations et des rapports consultables en ligne. C’est notamment grâce à ces « gardes-fous » que le gouvernement a opté pour un traçage Bluetooth plutôt que par géolocalisation et que la suppression des données toutes les 2 semaines a été statuée.
Mes informations risquent-elles d’être hackées ?
Alors que l’application StopCovid a été développée en un temps record, des internautes s’inquiètent que des failles de sécurité dévoilent les informations personnelles de millions de citoyens. Pour éviter ce scénario catastrophe, des hackers s’attaquent depuis plusieurs semaines aux failles de l’application en échange d’un peu de sous (on appelle cette démarche un bug bounty) et le code a été ouvert.
Grâce à un système de chiffrement élaboré, les informations collectées par l’application seront pseudonymisées : ton identité et celle de tes contacts ne seront donc jamais demandés. En matière de sécurité des données, le risque zéro n’existe malheureusement pas.
Devrais-je activer StopCovid sur mon smartphone ?
Comme tu le vois, il ne semble pas y avoir de réponse toute faite à cette question. C’est finalement à toi de faire ce choix en ton âme et conscience. Si des gardes-fous ont été mis en place par les institutions pour éviter le détournement des données collectées, aucun système n’est infaillible. Il est possible qu’elle distribue des faux-positifs et des faux-négatifs, ce qui rend les tests bactériologiques particulièrement nécessaires.
Les premiers tests de l’application sur Android démontrent que pour des raisons techniques, l’application demande l’accès à la géolocalisation de l’appareil, une mauvaise surprise qui te rebutera peut-être au vu des engagements qui avaient été pris par le gouvernement.
23% des Français en fracture numérique n’auront pas la possibilité d’utiliser cette application parce qu’ils ne possèdent pas de smartphone. Plus que jamais et alors que la vie reprend son cours, avec ou sans application, le meilleur conseil reste de maintenir de la prudence en appliquant autant que tu peux les gestes barrière et les mesures de distanciation sociale.
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